Précarité et pauvreté : Les maux qui gagnent la France

 Précarité et pauvreté : Les maux qui gagnent la France

 

Rien ne sera possible sans un profond changement de méthode qui mette la participation démocratique au cœur des politiques de solidarité, explique, dans une tribune au « Monde », Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).

 

Notre fédération d’associations engagées contre la pauvreté – la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) – a été conduite, de manière inhabituelle, à prendre position à la veille du deuxième tour de l’élection présidentielle pour contribuer à empêcher l’extrême droite d’exercer le pouvoir dans notre pays, car elle est la négation même de la solidarité.

Nous nous autorisons dès lors, au lendemain de votre réélection, Monsieur le président de la République, à dire que les choses doivent changer. Face à tant de blocages, il est indispensable de construire la confiance sociale, condition d’une solidarité réinventée. Nous y sommes prêts.

Nous ne sous-estimons pas la difficulté de la tâche du président réélu dans un pays blessé par de longues décennies de chômage de masse, dans un temps de fragilisation sociale et culturelle. Sans compter désormais une guerre ouverte en Europe.

Mais les leçons doivent enfin être tirées de ce que nous venons – de nouveau – de vivre.

Nous sommes prêts à nous engager dans la perspective du plein-emploi que le chef de l’Etat a ouverte. Mais elle est indissociable d’un recul massif, tangible, de la pauvreté, de la précarité ; des inégalités sociales et territoriales.

La pauvreté s’enracine chez les jeunes, chez les femmes seules avec enfants, chez les chômeurs en fin de droits, chez les retraités, dans certains quartiers et territoires ruraux. Conjuguée à la précarisation de nombre de salariés et d’indépendants, elle accentue le vertige de tant de Français saisis par la peur de basculer. Il en découle la tentation de dénoncer les « assistés », et les étrangers.

De notre mobilisation collective contre la précarité et la pauvreté dépend bien la santé démocratique du pays.

Mais rien ne sera possible sans un profond changement de méthode qui mette la participation démocratique au cœur des politiques de solidarité.

Les approches centralisées, bureaucratiques, formatées, n’ont que l’apparence de l’efficacité. Elles passent trop souvent à côté des réalités de la vie. Se contenter de les remettre aux mains des préfets ne changerait rien.

Les politiques de solidarité doivent, sur la base d’un socle national renforcé de droits et de moyens, partir des personnes concernées, dans leur diversité, de leurs besoins, de leurs aspirations. Il convient de déployer les dispositifs sanitaires et sociaux autour d’une exigence de continuité suivant les parcours des personnes, de partir des territoires sur lesquels elles vivent avec les acteurs qui les y accompagnent (Etat, collectivités, associations, bailleurs).

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