Ukraine : les contradictions Etats africains
Daouda Thiam , lecteur du « Monde » regrette dans une tribune qu’alors que « les pays africains sans exception n’hésitent pas à clamer devant la face du monde et de manière bruyante leur souveraineté », un grand nombre d’entre eux aient refusé de condamner le non-respect de ce même principe par la Russie dans le cadre du conflit ukrainien.
Lors de la dernière session des Nations Unies sur la guerre menée par la Russie en Ukraine à laquelle les pays africains étaient appelés à voter, j’ai été – en tant qu’Africain – choqué de voir que nos Etats ont adopté des positions différentes les unes des autres, notamment ceux qui ont soutenu la Russie et ceux qui n’ont pas voulu s’exprimer.
Aussi un constat est à faire : tous les pays africains sans exception n’hésitent pas à clamer devant la face du monde et de manière bruyante leur souveraineté chaque fois qu’ils ont des divergences d’opinions portant sur leurs intérêts soit avec l’ancienne puissance coloniale soit avec un tout autre pays, alors que le conflit en Ukraine met en exergue le principe de souveraineté qui, là, n’a pas été respecté par la Russie.
De cette attitude controversée des Africains, devrait-on comprendre que nous avons oublié notre histoire alors que nous pourfendons chaque fois que l’occasion nous est donnée les affres de l’esclavage et de la colonisation ? L’occasion a été donnée aux Africains en tant qu’entités souveraines de rentrer dans l’histoire en étant attachés à des valeurs humaines, à savoir le respect de la dignité humaine, le droit inaliénable de disposer de soi-même et le respect de l’intégrité territoriale.
Les Africains se sont piètrement illustrés devant une situation en Ukraine qui a l’allure d’une troisième guerre mondiale, sur laquelle les Africains ont un avis cette fois à donner ! Honte à nous ! Lors de la deuxième guerre mondiale, notre avis n’était pas demandé, nous étions de simples sujets qu’on a pris et jetés dans les combats pour servir de chair à canon. Aujourd’hui nous avons à donner notre opinion, mais – hélas – les Africains, une fois de plus, ne sont pas entrés dans l’histoire. Bien au contraire : nous allons à reculons, car nous ne pouvons pas distinguer le bien du mal, la guerre.
Le président en exercice de l’Union africaine, dont le pays n’a pas souhaité donner une position sur l’invasion russe en Ukraine, s’insurge actuellement contre la flambée des prix de certaines matières sur le marché international, qui a naturellement une incidence sur les économies des pays africains qui importent notamment des denrées céréalières et des produits manufacturés des pays développés… Cette guerre pourrait être arrêtée si tous les pays faisaient bloc contre M. Poutine.
Daouda Thiam, Abidjan (Côte-d’Ivoire)
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