« Les Républicains » : mettre fin à la dérive identitaire entamée par Nicolas Sarkozy ?
En acceptant de faire sien le terreau idéologique de l’extrême droite, comme en atteste le discours prononcé par Valérie Pécresse en février au Zénith de Paris, la droite de Jacques Chirac a moralement sombré, estime, dans une tribune au « Monde », Gaël Perdriau, maire (Les Républicains) de Saint-Etienne.
Tribune
. Le 11 mars 2007, au moment où il s’apprête à quitter l’Elysée, Jacques Chirac s’adresse une dernière fois à la nation. Ses mots résonnent, aujourd’hui, tel un avertissement : « Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme, ou le rejet de l’autre. » « Composer » reviendrait à accepter ce poison pervers qui conduit à la fois à la division de la France, donc des Français, et au reniement de l’héritage républicain que tant d’hommes et de femmes, au travers des siècles, ont défendu au prix de leur vie.
Au cours de cette campagne présidentielle, il y a eu un avant et un après 13 février 2022. Ce jour-là, au cours de son premier grand meeting, au Zénith de Paris, Valérie Pécresse a parlé des « Français de papier », expression née dans les colonnes du quotidien antisémite d’Edouard Drumont (1844-1917), La Libre Parole. En affirmant dans le même discours qu’il n’y a de « fatalité ni au grand déclassement ni au grand remplacement », elle s’est également référée à la fumeuse théorie du « grand remplacement » de l’écrivain Renaud Camus, figure de l’extrême droite identitaire.
La candidate à l’élection présidentielle cautionnait ainsi, explicitement, cette théorie absurde dont le racisme est le seul fondement. Tout l’héritage, transmis par Jacques Chirac en 2007, s’effondrait sur un simple effet de communication. La course à l’Elysée valait-elle de brader toutes les valeurs républicaines ? Ce 13 février, la droite républicaine, alliée aux centristes, a sombré moralement en acceptant de faire sien le terreau idéologique de l’extrême droite.
Hypnotisés par un discours identitaire qui hante, depuis 2007, une frange de la droite, tombée sous la coupe de Patrick Buisson [ancien conseiller de Nicolas Sarkozy], les responsables de la campagne de Valérie Pécresse se sont montrés incapables de répondre aux attentes authentiques de Français sur le pouvoir d’achat, le développement durable, la sécurité, la sauvegarde de notre modèle social ou le rétablissement des valeurs de la République. Ils ont préféré courir derrière les délires d’un ancien polémiste issu des plateaux de télévision.
Le naufrage du premier tour n’a donc rien d’étonnant, puisque la candidate, d’une part, a tourné le dos à notre culture politique et, d’autre part, s’est montrée incapable de porter un programme cohérent pour la France. Désormais, il ne restait plus qu’à parachever ce « triomphe » en refusant d’appeler à voter clairement pour Emmanuel Macron afin de faire barrage à Marine Le Pen [Valérie Pécresse, au soir du 10 avril, a déclaré qu’elle « voterait en conscience Emmanuel Macron » tout en précisant qu’elle n’était pas « propriétaire » de ses voix].
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