Vers la mort des partis ?

Vers la mort des partis ?

Dans un entretien au « Monde », le professeur italien de sciences politiques explique la crise traversée par les partis traditionnels français, qui ne peuvent plus compter que sur leur forte implantation locale et sur l’aide de l’Etat.

 

Professeur de sciences politiques à l’université de Bologne (Italie), Piero Ignazi est l’un des plus grands spécialistes européens des formations politiques. Au lendemain d’une déroute sans précédent en France pour les partis traditionnels comme le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR), et d’un grand succès pour les deux nouveaux partis que sont La République en marche (LRM) et La France insoumise (LFI), le politiste italien, auteur de Parti et démocratie, Histoire d’une légitimité fragile (Calmann-Lévy, 2021), analyse les mutations de la vie politique française.

Deux des trois partis qui sont arrivés en tête lors de l’élection présidentielle, LRM et LFI, ont été créés autour d’une figure importante de la vie politique – Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Relèvent-ils pour autant du même modèle partisan ?

Ces deux partis ont des points communs. Le premier, c’est effectivement qu’ils ont été construits autour d’une personnalité politique de premier plan : les formations de ce type se sont multipliées, ces dernières décennies, en raison du rôle croissant, dans la vie politique, des ressources en communication. Le deuxième, c’est qu’ils accordent une grande importance aux réseaux sociaux et à la société numérique, même si ce trait est plus accusé à LRM qu’à LFI : il n’y a quasiment pas, dans les groupes locaux du parti présidentiel, d’activités militantes au sens classique du terme. Le troisième, c’est qu’ils sont faiblement structurés : bien que LRM soit dirigé par le haut, les deux partis laissent beaucoup de liberté aux instances locales.

Malgré ces points communs, LRM et LFI ne relèvent pas tout à fait du même modèle. Emmanuel Macron a créé son parti de toutes pièces alors qu’il n’avait aucune autre expérience politique que celle de ministre : le mouvement s’est entièrement construit autour lui. Jean-Luc Mélenchon a en revanche derrière lui un long parcours d’élu : il a été conseiller municipal, sénateur, ministre, député européen et, quand il a quitté le PS, il a créé le Parti de gauche, puis LFI. Ce dernier aura sans doute beaucoup moins de mal à survivre au départ de Jean-Luc Mélenchon que LRM au départ d’Emmanuel Macron.

Comment définiriez-vous, en tant que politiste, le parti de Marine Le Pen, le Rassemblement national (RN) ?

Fondé en 1972, le Front national, devenu RN, est un parti beaucoup plus traditionnel que LRM ou LFI. D’abord parce que sur le plan idéologique, il puise l’essentiel de ses références dans une histoire et une tradition anciennes – celle de l’extrême droite française. Ensuite parce qu’il est aussi fortement structuré que les anciens partis dits « de masse » : le bureau politique national exerce un contrôle très fort sur l’ensemble de l’organisation, les échelons locaux, départementaux et régionaux sont nombreux et il y a des organisations de jeunesse.

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