Plaidoyer intox pour les éoliennes

Plaidoyer intox pour les éoliennes

L’exemple même du travail d’intoxication des lobbys des éoliennes qui se gavent des subventions publiques et qui réussissent même à persuader certains Journalistes approximatifs de la  Tribune.

Alors que la flambée des prix spot de l’énergie, et notamment des hydrocarbures, a permis aux opérateurs de parcs éoliens de dégager des marges exceptionnelles, ceux-ci ont pu rendre l’intégralité des subventions publiques qui leur ont été accordées l’année dernière, ont fait savoir les professionnels du secteur. Si la crise durait, les producteurs d’énergie renouvelable pourraient même permettre à l’Etat français d’engranger des recettes nettes dès 2025.

A l’heure où les deux finalistes à l’élection présidentielle souhaitent reculer sur l’éolien terrestre, la filière craint pour son avenir. Et pour cause, tandis qu’Emmanuel Macron a revu ses ambitions à la baisse sur le sujet, mettant en avant la « préservation des paysages », Marine Le Pen plaide purement et simplement pour un démantèlement, en plus d’un moratoire, qui mettrait donc directement en péril les installations existantes.

Face à ces propositions et alors que 13,7 GW de projets sont actuellement en cours d’instruction, les professionnels du secteur comptent bien se faire entendre. Et brandissent cette fois-ci l’argument économique, jusqu’ici souvent utilisé contre eux. Car l’équation budgétaire s’est inversée, affirment-ils : longtemps subventionnés, ces géants à pales qui mouchettent le territoire français, notamment dans le nord et l’est du pays, pourraient en fait soulager les finances publiques en ces temps de flambée des prix de l’énergie, assure l’association France Energie Eolienne (FEE). Et ainsi permettre à l’Etat de redistribuer les « gains » obtenus, afin de « protéger le pouvoir d’achat » des citoyens.

Une recette nette pour l’Etat dès 2025

En 2021, la filière éolienne a en effet remis à l’Etat l’intégralité des 1,8 milliards d’euros de subventions qu’elle avait perçues, et donc « cessé d’être une charge pour les finances publiques », se félicite l’association. Surtout, si l’on en croit ses prévisions, le secteur devrait même générer des « recettes exceptionnelles » en 2022, puisqu’il sera excédentaire de 3,7 milliards d’euros. Il ramènera par là-même cette somme « équivalente au budget du ministère de la Culture » à l’Etat d’ici à la fin de l’année, souligne FEE, qui appelle à sortir des « postures » de certains politiques accusant l’éolien d’être « cher et inutile ».

« La filière éolienne aura reversé à la fin de l’année 34 % de ce qu’elle a perçu depuis le début du soutien, en 2003 », précise sa présidente, Anne-Catherine de Tourtier.

Surtout, le calcul devrait in fine bénéficier au budget de la France, qui a jusqu’ici mis la filière sous perfusion afin d’accompagner son développement. Car l’équivalent de l’ensemble du soutien public qu’elle a perçu depuis 2003 « aura été reversé d’ici le dernier trimestre 2024 », soit près de 11 milliards d’euros, si les prix restent conformes aux prévisions de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE).

D’ici à 2035, l’éolien rapportera même une recette nette estimée à 18 milliards d’euros à l’Hexagone, si tant est que le pays respecte les objectifs ambitieux qu’il s’est fixés en la matière, assure FEE. De quoi pousser les candidats à revenir sur leurs positions, et les encourager à développer massivement cette source d’énergie renouvelable, espère Anne-Catherine de Tourtier.

L’éolien profite de la hausse des cours

Mais cette nouvelle rentabilité ne vient pas de nulle part. Elle tient en fait dans l’explosion du prix « spot » de l’électricité, qui est passé d’environ 50 euros le MWh en moyenne à plus de 250 euros aujourd’hui. Ce qui a rendu les éoliennes très compétitives par rapport aux combustibles fossiles, jusqu’ici considérés comme bon marché mais dont les cours n’en finissent plus de s’envoler. S’y ajoute un mouvement plus structurel de baisse des coûts des renouvelables, puisque ceux-ci se sont effondrés au cours de la décennie. Longtemps estimé à 200 euros le MWh, l’éolien offshore est même passé à 45 euros seulement (tarif d’achat du futur parc de Dunkerque), soit bien en dessous des prix actuels du gaz fossile sur le marché.

Or, les contrats prévoient une compensation financière aux opérateurs d’énergie renouvelable lorsque les prix « spot » sont inférieurs à un prix cible, fixé lors des appels d’offres, mais aussi, en retour, un versement de l’excédent à la puissance publique quand ces prix lui sont supérieurs. « Un mécanisme gagnant-gagnant pour l’éolien et l’Etat », vante aujourd’hui FEE, puisque les producteurs éoliens peuvent « profiter » de la crise pour rembourser leur « dette ».

Et si l’association estime que l’intégralité aura été remboursé d’ici à 2025, c’est tout simplement parce que les prix sur le marché de l’électricité devraient continuer d’être hauts, et flirter autour des 200 euros le MWh jusqu’à cette date, avant de se stabiliser à 90 euros le MWh environ lors des dix années suivantes, selon les perspectives de la CRE. « En termes d’ordre de grandeur, les estimations de FEE sur les recettes de l’éolien semblent réalistes », confirme une source de la CRE à La Tribune.

 

Cependant, ces chiffres restent des estimations, et personne ne sait aujourd’hui prévoir avec exactitude l’évolution des cours dans les prochains mois. Le gouvernement avait d’ailleurs longtemps affirmé que la hausse des prix n’était que « conjoncturelle » et se calmerait dès l’arrivée du printemps, avant d’admettre qu’elle durera « probablement » longtemps, sans néanmoins mentionner de date. L’issue est d’autant plus incertaine que la guerre en Ukraine, qui a débuté il y a presque deux mois, déstabilise un peu plus les marchés, laissant les analystes désarmés.

« La CRE calcule les charges de service public de l’énergie une fois par an, et la prochaine évaluation sera publiée en juillet seulement, les travaux étant en cours », précise-t-on à la CRE.

La situation internationale pourrait d’ailleurs peser lourd sur l’industrie éolienne, alors que l’acier utilisé pour les tours offshore se vend actuellement à plus de 2.000 dollars la tonne, soit environ trois fois plus qu’il y a quelques mois. « L’état de la chaîne d’approvisionnement est [...] malsain à l’heure actuelle [...] parce que nous avons un marché inflationniste qui dépasse ce que quiconque avait prévu même l’année dernière », a ainsi récemment alerté Sheri Hickok, directrice générale de GE Renewable Energy (filiale française de l’Américain General Electric). Et de souligner que la guerre a « tout déréglé » pour l’éolien terrestre, dont le coût pourrait par là-même augmenter.

 

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