Présidentielle : pour une neutralité des organisations patronales et syndicales
Dans le rituel démocratique, il est d’usage que les organisations notamment patronales et syndicales se prononcent pour tel ou tel candidat. En réalité, cet avis intéresse de moins en moins les électeurs qui apprécient peu d’être instrumentalisés par des organisations nationales.
On attend surtout des organisations patronales et syndicales qu’elles respectent leur objet social en défendant les intérêts de leurs mandants et non en se positionnant en faveur de tel ou tel candidat qui vraisemblablement ne tiendra pas ses promesses. D’ailleurs la très grosse majorité des Français 70 à 80 % estime que cette élection ne changera pas grand-chose.
Si les organisations patronales et syndicales doivent s’exprimer, elles doivent limiter leurs propos à l’énumération de leurs objectifs , de leurs revendications ainsi que les moyens d’y parvenir. Pour le reste, le débat entre nationaliste et libéral n’a guère de sens dans un pays où en réalité la démocratie s’inscrit dans une monarchie républicaine, très étatiste, très centralisé et caractérisé par une politique de gribouille qui ignore les principaux enjeux.
Ainsi le Medef s’est cru obligé de se prononcer une nouvelle fois pour Macron
Le syndicat reste fidèle à la ligne adoptée il y a cinq ans. Dirigée par Pierre Gattaz, l’avenue Bosquet s’était en 2017 déjà prononcé en faveur du candidat Emmanuel Macron. Mais non sans avoir, cependant, laissé percevoir auparavant un soutien amical à François Fillon.Représentant les petites entreprises, François Asselin, lui, préfère rester silencieux et ne pas donner de consignes de vote pour le second tour de l’élection présidentielle. « Nous sommes des pragmatiques, à chacun de se faire son opinion. » Et d’estimer que, dans chacun des programmes, « il n’y a pas de mesures anti-entreprises mais plutôt un regard bienveillant sur les entreprises et les PME ». Par exemple, les deux finalistes promettent des baisses importantes d’impôts de production.
La dispersion des points de vue est encore plus marquée chez les représentants et les élus des salariés que chez les patrons.
Fidèle à ses convictions, Laurent Berger, à la CFDT, n’a pas mis longtemps à appeler ses adhérents à faire rempart contre l’extrême droite. Comme il l’avait fait en 2017, le chef de file du premier syndicat de salariés de France s’est exprimé, là aussi, sans ambages : »L’heure n’est plus au choix d’un programme, mais à la défense de la démocratie. La CFDT appelle à battre Marine Le Pen en votant Emmanuel Macron. »
Laurent Berger, qui n’a guère de proximité personnelle avec le président sortant, a toutefois pris soin de préciser dans un communiqué que « cet appel ne vaut ni approbation du bilan sortant ni adhésion à son programme ».
Du côté de la CGT, pour l’heure, pas de consigne de vote en faveur d’Emmanuel Macron. En 2017, la centrale de Philippe Martinez avait demandé à ses adhérents de voter contre le Front national mais sans appeler explicitement à glisser un bulletin en faveur d’Emmanuel Macron.
De son côté, Force Ouvrière reste fidèle à sa tradition de ne pas faire de politique. Elle ne se prononce jamais.
Pour les organisations syndicales, il peut être douloureux de soutenir le candidat d’En Marche qui, pendant le dernier quinquennat, les a négligés, et dont ils ont combattu de nombreuses réformes. Au premier rang desquelles la réforme de l’assurance chômage ou même celle des retraites avant le Covid.
Par ailleurs, selon un sondage publié lundi par Harris Interactive pour Liaisons Sociales Quotidien, les personnes se disant proches d’un syndicat de salariés ont été 21% à voter pour Marine Le Pen dimanche dernier. Soit 8 points de plus qu’en 2017. C’est chez Force ouvrière que la proportion est la plus forte avec 31% des adhérents et sympathisants favorables à la candidate du Rassemblement National, et 22% pour les proches de la CGT. À la CFDT, ils ne sont que15 %, les adhérents préférant Emmanuel Macron.
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