Enseignement supérieur : pour une évaluation impartiale
Certains médias ou organismes se montrent peu regardants sur la qualité des données transmises par les établissements qu’ils classent, et se muent parfois en consultants pour les aider à être mieux placés, analysent, dans une tribune au « Monde », les chercheurs Vincent Iehlé et Julien Jacqmin, qui appellent à la création d’une institution de contrôle impartiale.
Deux récents évènements ont eu un effet retentissant dans l’enseignement supérieur américain. Début mars, l’ancien doyen de l’école de commerce de Temple University a été condamné à quatorze mois de prison et à une amende de 250 000 dollars. Il a été reconnu coupable d’avoir falsifié les données transmises au très influent média, outre-Atlantique, U.S. News & World Report dans l’optique d’améliorer le classement de son programme MBA.
Quelques jours plus tard, Michael Thaddeus, professeur et ancien directeur du département de mathématiques de la prestigieuse Columbia University, a décortiqué la fabuleuse « remontada » de son institution qui, en quelques années, est passée de la 18e à la 2e place du classement des universités publié par ce même journal. Dans un document disponible sur son site Internet personnel, il explique de manière minutieuse, indicateur par indicateur, comment son université a systématiquement embelli les données fournies au journal en vue de manipuler le classement final en sa faveur.
Certes, ces deux évènements qui affectent l’enseignement supérieur aux Etats-Unis peuvent nous paraître lointains d’un point de vue géographique et institutionnel, d’autant que les classements publiés par U.S. News & World Report n’ont une influence que très marginale en Europe. Toutefois, cette dépendance en matière d’accès aux données, nécessaires à la construction des classements, est également omniprésente pour les classements en France.
Par exemple, pour le calcul du Times Higher Education World University Rankings, le magazine [britannique] Times Higher Education se base sur des données provenant des établissements concernant le nombre d’étudiants par professeur ou les recettes financières issues de mécénat privé.
Pour le QS World University Rankings, Quacquarelli Symonds [société d’information et de conseil sur l’enseignement supérieur] se base sur des enquêtes pour déterminer les établissements les plus prestigieux dans chaque discipline. Elles sont effectuées auprès de collaborateurs proposés directement par les universitaires eux-mêmes, à la demande de Quacquarelli Symonds.
Plus proche de nous, en France, le magazine L’Etudiant recueille des informations liées notamment à la part d’enseignants-chercheurs parmi les intervenants ou au nombre d’articles scientifiques publiés au sein des institutions afin d’établir ses classements des écoles de commerce ou d’ingénieurs. C’est également en partie le cas pour les classements effectués par d’autres médias tels Le Point, Le Figaro, L’Express ou Challenges.
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