Anne Hidalgo paye aussi sa politique catastrophique à Paris
ENTRETIEN - Au premier tour de l’élection présidentielle, la maire de Paris Anne Hidalgo a recueilli à peine plus de 2% des suffrages dans sa ville. Le journaliste et historien Didier Rykner y voit une conséquence directe de la politique que mène l’élue .
Didier Rykner est journaliste et historien de l’art français. Engagé pour la défense du patrimoine, il publie régulièrement ses enquêtes et analyses sur le site La Tribune de l’art . Il a publié La disparition de Paris, aux éditions Les belles lettres.
LE FIGARO. – La maire de Paris Anne Hidalgo recueille 22.936 voix dans la capitale, soit 2,17% des suffrages. Comment l’expliquez-vous ?
Didier RYKNER. - Il y a plusieurs raisons. On ne peut évidemment exclure l’affaiblissement du parti socialiste qui était déjà historiquement bas lors de la dernière présidentielle. Mais un score aussi dérisoire a surtout deux explications : une campagne totalement ratée où elle a passé son temps à se contredire et à se ridiculiser (elle est allée jusqu’à se demander pourquoi Paris avait une histoire !) et un bilan catastrophique dans la gestion de sa ville que les autres régions ont découvert grâce notamment aux réseaux sociaux, largement repris par les journaux.
N’est-ce pas réducteur d’imputer le résultat à sa politique à la tête de Paris ?
Comme je le disais, ce n’est certainement pas la seule raison, mais cela a forcément compté. La meilleure preuve en est son score à peine supérieur à la moyenne nationale à Paris même. Je crois que jamais un maire sortant candidat à la présidentielle n’avait terminé à un tel niveau. Le communiste Robert Hue, en 2002, avait obtenu 3,2 % en 2002, mais dans sa ville, Montigny-lès-Cormeilles, il avait réuni 16,15 % des voix… Quand on fédère aussi peu d’électeurs dans sa propre ville, on doit s’interroger. Cela pose indubitablement la question de sa légitimité. Cela pose surtout celle de l’élection parisienne, qui comme à Lyon et Marseille ne se fait pas avec un scrutin de liste direct, mais par arrondissement, de manière indirecte. Comme les électeurs de toutes les villes de France, les Parisiens ont le droit de choisir directement leur maire.
À la saleté des rues, à l’abandon du patrimoine, au non-entretien de l’espace public, au bétonnage qu’on voit ici comme ailleurs s’ajoutent des questions de sécurité, notamment liées au crack, qui aggravent encore la situation.
Même dans les arrondissements où elle est d’habitude plébiscitée, Anne Hidalgo ne franchit jamais la barre des 3 % : 2,39 % dans le 18e, 2,26 % dans le 19e et 2,40 % dans le 20e. Quelle est la particularité de ces arrondissements ? Quel est le bilan d’Anne Hidalgo dans ces secteurs ?
Le bilan d’Anne Hidalgo est désastreux dans tout Paris, et il l’est particulièrement dans ces arrondissements. À la saleté des rues, à l’abandon du patrimoine, au non-entretien de l’espace public, au bétonnage qu’on voit ici comme ailleurs s’ajoutent des questions de sécurité, notamment liées au crack, qui aggravent encore la situation. Ces arrondissements ont l’impression d’être abandonnés encore plus que les autres.
Quels sont les chantiers entrepris par l’actuelle municipalité, entre 2020 et aujourd’hui, qui ont pu influer sur le vote des Parisiens ?
Il y a tellement à dire que j’ai écrit tout un livre sur ce sujet, et que je pourrais y rajouter un tome 2 ! La municipalité n’écoute rien ni personne et poursuit ses projets sans écouter la population. Les Parisiens ne veulent pas de tours, comme l’avait montré une consultation faite par Bertrand Delanoë, et pourtant on construit des tours et on lance même le chantier de la tour Triangle peu avant les élections et alors qu’une enquête du parquet financier est en cours ! Les Parisiens veulent des arbres, et pourtant on les coupe comme je l’ai montré en photos dans La Disparition de Paris ! Les Parisiens veulent une ville propre, des rues en bon état, un mobilier urbain respecté, des monuments restaurés, et pourtant la mairie s’en fiche ! Tout cela a influencé le vote des Parisiens. Anne Hidalgo ne peut s’en prendre qu’à elle-même.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Maintenant, j’espère qu’enfin une opposition crédible va se créer à Paris. Nous ne voulons pas de politique politicienne. Il faudrait que le mouvement citoyen qui s’est créé autour de #saccageparis, et qui comporte des personnalités remarquables, dont certaines d’ailleurs avaient voté Hidalgo en 2014 et qui ont depuis réalisé leur erreur, se fédère davantage. Il y a beaucoup de jeunes de moins de quarante ans dans l’opposition à la mairie actuelle. Ils sont l’avenir de Paris.
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