Puissance étatique et démocratie

Puissance étatique et démocratie

Dans son ouvrage, prix du livre de géopolitique attribué par le Quai d’Orsay, le politiste Frédéric Encel dresse un état des lieux de la puissance étatique, de ses usages et de son expression la plus extrême, la force.

 

Livre.

 

L’agression russe en Ukraine vient rappeler que, y compris dans une Europe qui se pensait préservée, l’usage de la force reste un facteur majeur dans les relations entre Etats. Elle est l’expression la plus extrême de la puissance. Mais l’ampleur des protestations internationales, les sanctions économiques, la mobilisation des opinions publiques en montrent aussi clairement toutes les limites. Filmée en direct et aussitôt relayée par les réseaux sociaux, cette guerre est la première guerre mondialisée. La lecture du livre de Frédéric Encel Les Voies de la puissance. Penser la géopolitique au XXIe siècle est à cet égard particulièrement éclairante. Son propos est de traiter non pas de la puissance en tant que telle mais « des voies qui y mènent, des critères qui la caractérisent, des conditions requises pour espérer l’atteindre, des capacités qu’elle confère et de la nécessaire appréhension de sa relativité ».

Longtemps expression du droit du plus fort, la puissance n’a plus bonne presse alors que, pendant des siècles, elle fut consubstantielle à la souveraineté. Aujourd’hui, l’attention se porte avant tout sur le statut de la victime et, comme le note ce maître de conférences à Sciences Po et membre du comité de lecture de la revue Hérodote, même des puissances clairement agressives comme la Russie ou la Chine « insistent lourdement sur les préjudices qu’[elles] auraient subis ou subiraient et s’en prévalent à des fins revendicatrices ». Les discours du Kremlin sur le génocide dont seraient victimes les Russes d’Ukraine sont un exemple caricatural.

Si l’abus de la puissance – et a fortiori son hubris – est condamnable, son usage peut être dans certains cas nécessaire. Loin de tout irénisme, cet ouvrage, salué par le Prix du livre de géopolitique attribué chaque année par le Quai d’Orsay, rappelle « qu’il y a des guerres justes et des usages légitimes, salvateurs et multifacettes de ce que procure la puissance ».

Un livre sur ce sujet – largement traité depuis des lustres par les philosophes du politique comme par les spécialistes de géopolitique et de relations internationales – tient de la gageure. Ecrit d’une plume alerte, l’ouvrage de Frédéric Encel rappelle les fondamentaux, et notamment l’importance de la géographie. Ainsi le grand atout que représente l’« insularité stratégique » – qui ne signifie pas nécessairement être une île comme la Grande-Bretagne –, dont les Etats-Unis sont le plus parfait exemple avec leur immense territoire entre deux océans protégé au sud et au nord par des pays alliés.

Le Monde

0 Réponses à “Puissance étatique et démocratie”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol