Mobilisation écologiste : Garder l’espoir
Là où la participation des Américains à la Journée de la Terre, le 22 avril 1970, a été massive, la pollution a plus diminué qu’ailleurs dans les décennies suivantes, rapporte l’économiste Pauline Grosjean, à l’université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie) ,dans sa chronique.
Il est vrai qu’en ce moment le discours écolo ne fait guère recette en politique même si la sensibilité globale à cette question n’a pas perdu de vigueur. En France par exemple le représentant de l’écologie politique s’écroule dans les sondages mais la question environnementale vient en troisième position dans les préoccupations après le pouvoir d’achat et la guerre en Ukraine. NDLR
Chronique.
Un jeune sur deux sur cette planète souffre d’écoanxiété, une angoisse de la fin du monde due aux conséquences des dérèglements écologiques, combinée à un sentiment profond d’impuissance (« Young People’s Voices on Climate Anxiety, Government Betrayal and Moral Injury : a Global Phenomenon », Elizabeth Marks et alii, 7 septembre 2021). Pourtant, la question environnementale est complètement éclipsée de la campagne présidentielle, l’écologie politique plafonne à 5 % des intentions de vote, des militants écologistes de Greenpeace sont déclarés coupables de dégradation légère par le tribunal correctionnel de Bordeaux [le 26 janvier] pour avoir affiché des autocollants et dessiné à la craie sur une station-service Total, quand ils ne risquent pas, comme deux activistes allemands en Australie il y a quelques jours, l’annulation de leur visa et l’expulsion pour avoir causé un embouteillage en protestant contre l’extension d’un port qui accueille des porte-conteneurs géants. Même ceux qui répondent aux appels à manifester de Greta Thunberg se découragent, à l’instar du cinéaste et militant écologiste Cyril Dion, qui a récemment déclaré au Monde que ces marches « ne débouchent sur rien ».
Mais, il ne faut pas se décourager si vite, comme le montre une étude mettant en évidence l’efficacité de la mobilisation écologiste (« Every Day Is Earth Day : Evidence on the Long-Term Impact of Environmental Activism », Daniel Hungerman et Vivek Moorthy, American Economic Journal : Applied Economics, à paraître). Les auteurs évaluent l’impact de la mobilisation citoyenne, lors de la première Journée de la Terre, le 22 avril 1970, sur la pollution locale, la mortalité et la morbidité infantiles, indicateurs traditionnels des effets de la pollution. Cet événement fut, et reste à ce jour, la plus importante mobilisation environnementale aux Etats-Unis. Entre vingt et vingt-cinq millions d’Américains, soit un sur dix, participèrent à cette manifestation conçue par le sénateur démocrate Gaylord Nelson. Depuis les années 1990, la Journée de la Terre est devenue un événement mondial.
Cette première Journée de la Terre et l’énorme mobilisation qu’elle suscita furent suivies de changements politiques importants, comme la création de l’Agence de protection de l’environnement [des Etats-Unis]. Mais comment savoir si ces changements législatifs n’auraient pas eu lieu en l’absence de mobilisation ? De la même façon, une corrélation entre la participation à la Journée de la Terre et la réduction de la pollution locale peut simplement être due au fait que certaines communautés motivées décident à la fois de participer à cette manifestation et… de réduire leur consommation de carburant.
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