Guerre en Ukraine : Le résultat de l’hypocrisie des occidentaux vis-à-vis de Poutine
L’essayiste Jan Krauze , ancien correspondant du « Monde », fustige, dans une tribune, le choix des Occidentaux de limiter leur aide à l’Ukraine à des armes défensives et s’interroge sur leur attitude vis-à-vis du dirigeant russe.
Tribune.
L’invasion de l’Ukraine a créé un immense choc dans l’opinion, a ouvert les yeux de ceux qui refusaient depuis des décennies de voir l’évidence et a conduit les gouvernements occidentaux à réagir avec une certaine vigueur : sanctions économiques très sérieuses (mais pas aussi massives qu’annoncées) et, surtout, livraisons d’armes « défensives » en quantités importantes.
Sur tous ces points, il y a à peu près consensus, avec des nuances et un empressement plus ou moins grand à livrer effectivement ces armes – même ceux qui, tels les Allemands, s’y étaient si longtemps refusés, se sont décidés à livrer à l’Ukraine 2 700 missiles antiaériens. Ce n’est pas rien, surtout si on les compare aux 5 000 casques que Berlin a longtemps estimés parfaitement suffisants pour assurer la défense de l’Ukraine…
Les attitudes diffèrent un peu, avec des Américains en pointe, des Français très discrets, et des Israéliens qui refusent catégoriquement toute contribution. Mais ces livraisons sont vitales pour permettre aux Ukrainiens de se défendre et de durer face à l’écrasante supériorité numérique russe.
Un autre point semble également faire consensus, et celui-ci est plus étrange : des armes, oui, mais défensives, seulement défensives. Le récent sommet de l’OTAN (outre qu’il n’a accouché que d’une souris, avec quelques sanctions supplémentaires) n’a rien changé à cette posture, réaffirmée avec force par M. Macron : défensif, oui, offensif, surtout pas, ce serait trop dangereux.
Cette distinction n’est-elle pas bien étrange ? D’abord, parce qu’offensives ou défensives, les armes tuent et constituent donc de fait un engagement dans la guerre. Mais, surtout, parce qu’elle semble procéder d’une très curieuse logique : les Ukrainiens ont le droit de se défendre. Les Russes ont, eux, tous les droits, et ne courent aucun risque – puisque l’OTAN, Etats-Unis en tête, a affirmé haut et fort, alors même que l’invasion apparaissait imminente, qu’en aucun cas ils n’interviendraient. Il est donc urgent d’attendre ; un recours à l’arme chimique, en particulier, serait suivi d’une « réaction » non précisée, prudence oblige.
Le président Zelensky, de plus en plus ulcéré par cette attitude, et qui, en dépit de son courage et de son sang-froid ainsi que de son habileté à parler à chacun un langage qu’il peut comprendre, ne parvient plus à dissimuler son exaspération – et se demande à haute voix si c’est Moscou qui est aux commandes à l’OTAN.
Sans plus aucun espoir d’obtenir une zone d’exclusion aérienne, il réclame des avions et des chars. La réponse est « niet ». L’initiative, peut-être maladroite, de la Pologne, qui aurait consisté à remettre à l’OTAN ses propres MiG-29 pour être ensuite transférés à l’Ukraine, s’est heurtée à une fin de non-recevoir. Pas question non plus, M. Macron l’a répété, de livrer des chars.
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