Création : rémunérer enfin réellement les auteurs
Les deux présidents du Conseil permanent des écrivains, Christophe Hardy et Séverine Weiss, mandatés par l’ensemble de leurs organisations, demandent, dans une tribune au « Monde », que l’accord négocié entre auteurs et éditeurs soit signé sous l’égide de l’Etat avant le 8 avril, sans quoi les auteurs auront été abandonnés en rase campagne.
Tribune.
Le début de mandat de la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, avait ouvert des perspectives prometteuses. Cela faisait plus de dix ans que les auteurs alertaient les pouvoirs publics sur leur paupérisation. Une étude, réalisée en 2015 par le ministère de la culture, avait documenté la dégradation constante depuis vingt ans de leurs rémunérations.
Face à ce constat alarmant et face à la mobilisation des auteurs (rappelons les Etats généraux du livre organisés en 2018 et 2019 par le Conseil permanent des écrivains), le ministère appela Bruno Racine à la rescousse pour qu’il fasse, à partir d’un constat large et précis, des préconisations qui remédient à la situation dramatique des auteurs.
Dans la dynamique du rapport Racine et de tout ce qui l’avait précédé, la ministre de la culture, fraîchement nommée, présentait quelques mois plus tard [en avril 2021] un « Plan auteurs 2021-2022 » en quinze points qui devait guider l’action de son ministère durant la seconde partie du quinquennat d’Emmanuel Macron.
La mesure n° 9 de ce plan engageait le ministère à « accompagner les négociations sui generis sur l’équilibre de la relation contractuelle entre auteurs et éditeurs (…) dans le secteur du livre ». Et comme les services du ministère ne souhaitaient pas s’impliquer directement dans un dossier plus qu’épineux, on fit appel au professeur Pierre Sirinelli pour tenir le rôle de médiateur.
Après neuf mois de discussions, un accord a été trouvé il y a quelques semaines entre les organisations d’auteurs et le Syndicat national de l’édition (SNE). Accord comportant cinq mesures de nature à améliorer la transparence (dans un secteur où persistent des zones d’obscurité) et à améliorer l’information des auteurs sur la vie et la fin de vie de leurs ouvrages.
Le temps avait manqué, hélas, pour que les discussions, denses et animées, traitent le sujet essentiel, celui qui, rappelons-le, avait présidé au lancement de cette mission : la rémunération des auteurs. Mais les parties s’engageaient, une fois acté ce premier accord, à poursuivre prioritairement et sans tarder leurs échanges sur ce sujet qui fédère toute la communauté des auteurs et l’ensemble des organisations qui les représentent.
L’accord devait être signé en présence de la ministre de la culture le 16 mars. Mais à quelques heures de l’événement, le SNE jouait l’esquive. Pour autant, il se veut rassurant : ce n’est qu’une question d’heures, de jours ou de semaines. Il signera cet accord, bien sûr, à la rédaction duquel il a pleinement participé. Et loin de lui l’idée de se défiler sur le sujet « rémunération ». N’a-t-il pas, ces derniers mois, annoncé publiquement à plusieurs reprises que la question de la juste rémunération des auteurs était une priorité ?
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