Archive mensuelle de mars 2022

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Critique du projet « mon psy » du gouvernement

Critique du projet « mon psy » du gouvernement

 

Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron et Olivier Véran se félicitent d’une réforme concernant le remboursement de consultations auprès d’un psychologue qu’ils présentent avec emphase comme une avancée historique pour les personnes en situation de détresse psychique.

Que l’on ne s’y trompe pas. Beaucoup de psychologues sont favorables à un dispositif de remboursement des séances au nom d’une égalité d’accès aux soins psychiques. Et puis, ne boudons pas notre plaisir : notre métier est enfin reconnu d’utilité publique, loin des clichés sulfureux qu’il charrie encore parfois. Pour autant, le dispositif MonPsy, qui entrera en vigueur à partir du 5 avril, est inacceptable et dangereux pour nous comme pour nos futurs patients.

L’ensemble de la profession n’a cessé de le dire, mais nos demandes et propositions sont restées lettre morte. Si bien que nous, psychologues libéraux et exerçant en institution, sommes aujourd’hui déterminés à boycotter ce protocole dont nous étions pourtant nombreux à louer les motifs initiaux.

A titre liminaire, nous rappellerons au président de la République et à son ministre des solidarités et de la santé que le libre accès au soin psychique prodigué par des psychologues existe dans son principe noble, inconditionnel et gratuit, depuis une soixantaine d’années au sein de structures hospitalières et médico-sociales publiques.

Or ces établissements ne sont plus en capacité d’effectuer leur mission (les listes d’attente pour la prise en charge de nouveaux patients varient de plusieurs mois à quelques années) parce que les gouvernements successifs les ont laissés progressivement dépérir en limitant leurs moyens et en transformant leur esprit.

Dans ce contexte désolant, le dispositif promu par l’exécutif à destination du secteur libéral a tout de la poudre aux yeux jetée à des fins purement électoralistes. Qu’on en juge plutôt. En premier lieu, les séances ne seront remboursées que sur adressage préalable d’un médecin. Dans notre pratique quotidienne, une orientation du médecin est parfaitement compatible avec notre exercice.

Le dévoiement de la liberté

Le dévoiement de la liberté

 

« De nos jours, la liberté consiste à augmenter à l’infini les possibilités de choix, par une conquête quasi obsessionnelle des droits, dussent-ils être à l’origine d’une tyrannie. En apparence, ces droits nous rassurent. Mais comme nous craignons continuellement de les perdre, ils ne nous apportent aucun apaisement durable », estime Baudouin De Rycke ( Dans le Monde.)

 

Comment s’étonner qu’affleure l’anarchie dans nos contrées (dérives sociales, lamentations quotidiennes, dégénérescence des mœurs, augmentation régulière de la violence, des suicides, de la consommation de psychotropes…) quand se dénaturent et se tarissent, aux yeux du peuple déboussolé, la famille, l’école, la religion et l’Etat, ces laboratoires d’idées, ces éveilleurs de conscience qui éclairent et nourrissent nos choix de vie depuis des millénaires ?

Au sein de la première (la famille), les parents, plongés en permanence dans un rythme de vie dévorant, sont de moins en moins aptes à maintenir leurs enfants dans un cadre de vie strict et harmonieux, leur santé nerveuse se dégradant au fil du temps, au détriment de leur écoute et de leur disponibilité. Au sein de la deuxième (l’école), l’éducation morale est devenue anecdotique sous la pression des sacro-saintes compétences.

L’anticléricalisme forcené des dernières décennies est venu quasiment à bout de la troisième (la religion), qui désormais se vit essentiellement dans l’ombre ou la solitude pour les uns, dans l’arrogance, la crainte et parfois même la honte, pour ceux dont la religion est plus ostensiblement contestée. Les préceptes d’amour, d’humilité et de respect que martelaient les Anciens, croyants ou incroyants, ont peu à peu cédé la place à des formes de bien-être qui n’auraient certes rien de répréhensible si le nihilisme ambiant et le matérialisme triomphant ne les pervertissaient.

Enfin, les appels de l’Etat aux devoirs civiques sont devenus quasiment inaudibles. Avec le temps et les « affaires » répétées, plus sordides les unes que les autres et relayées dans un temps record par la presse, la crédibilité des politicien(ne)s s’est érodée aussi profondément que celle des guides spirituels et des professeurs, un nombre croissant d’individus se référant désormais à leurs propres lois et semblant n’avoir pour seule ambition que la jouissance de leurs sens et le contrôle de leur santé financière : programme de vie un peu court dans le cadre d’une déshumanisation sans précédent et d’une paix sociale continuellement en péril…

En réalité, ces quatre sources de vie s’enlisent peu à peu dans une vision utopique de la liberté. De nos jours, comme nous le fait comprendre Bertrand Vergely dans un ouvrage récent (La vulnérabilité ou la force oubliée, Le Passeur, 2020), celle-ci consiste à augmenter à l’infini les possibilités de choix, par une conquête quasi obsessionnelle des droits, dussent-ils être à l’origine d’une tyrannie. En apparence, ces droits nous rassurent. Mais comme nous craignons continuellement de les perdre, ils ne nous apportent aucun apaisement durable. Être sans cesse sur le qui-vive nous épuise. Ne nous sentant jamais libres d’esprit – obsédés que nous sommes par notre liberté –, nous sombrons peu à peu dans la mélancolie.

La vraie liberté est intérieure, nous rappelle encore ce même auteur. Elle consiste à se sentir libre, même quand on ne l’est pas objectivement. Ce genre de liberté vient de la sagesse et de rien d’autre… Là me paraît être le bon sens. Et de m’appliquer à comprendre pourquoi ce dernier nous échappe me réconcilie personnellement avec la vie, que nous avons la malhonnête habitude d’incriminer, quand nous devrions avant tout nous livrer à une sévère, lucide et courageuse analyse critique de nos propres comportements.

Baudouin De Rycke, Montigny-le-Tilleul (Belgique)

Economie, politique, société: les plus lus (30mars 2022- 6h00)

Poutine un jour devant la justice internationale ?

Présidentielle 2022 : Macron sur les sites de rencontre !

Société: L’impossible simplification administrative

 

Poutine conduit une guerre de civilisation

Poutine conduit  une guerre de civilisation 

La défense du conservatisme traditionaliste russe face au modernisme de l’Occident, considéré comme décadent, constitue le ressort idéologique de l’invasion de l’Ukraine par le président russe, explique l’essayiste,Michel Eltchaninoff ,  dans un entretien au « Monde ».

 

Spécialiste de la philosophie russe, Michel Eltchaninoff est également rédacteur en chef à Philosophie magazine. Il a notamment publié Lénine a marché sur la lune. La folle histoire des cosmistes et transhumanistes russes (Solin-Actes Sud, 256 pages, 21 euros) et vient de rééditer une version augmentée et actualisée de Dans la tête de Vladimir Poutine (Actes Sud, « Babel », 208 pages, 7,50 euros), ouvrage dans lequel il analyse le « substrat intellectuel » du président russe qui se considère comme « un philosophe de la mission civilisationnelle de la Russie, et aussi comme un historien ».

L’indépendance de l’Ukraine est vécue par Vladimir Poutine comme « une tragédie ». Elle est « le résultat d’un travail délibéré de forces qui ont toujours tendu à briser notre unité », dit-il, dans le sillage d’Ivan Ilyine [1883-1954], ce philosophe qui imaginait déjà une « dictature nationale » comme remède au chaos séparatiste qui suivrait la fin du communisme et qui est une de ses grandes références intellectuelles. Vladimir Poutine affirme depuis longtemps que « Kiev est la mère des villes russes », selon une formule attribuée au prince Oleg au Xe siècle, et prétend restaurer « l’unité historique des Russes et des Ukrainiens ».

Sa conviction repose sur une vision biaisée de l’histoire, écrite à l’époque impériale, au XIXe siècle, qui établit un lien de continuité entre la principauté de Kiev [IXe-XIIIe siècle] et l’origine de la Russie contemporaine, qui se met en place à partir du XIIIe avec le royaume de Moscovie. Or, la Rus’ de Kiev est un empire multiethnique et non pas une entité slave. Ainsi, la vision de Vladimir Poutine est-elle une reconstruction impériale.

L’Ukraine redécouvre son identité au XIXe siècle et devient même une République indépendante en 1919. Les famines de 1932-1933, la répression des dissidents et de sa culture vont nourrir sa volonté d’indépendance à l’égard de l’Union soviétique, obtenue en 1991 après un vote massif en sa faveur.

 

De la révolution orange de 2004 au Maïdan de 2013-2014, la volonté d’indépendance politique de l’Ukraine n’a cessé de s’affirmer – les régions russophones adhérant, elles aussi, pleinement à Kiev. L’histoire impériale commune n’empêche pas le désir de souveraineté. Le 21 février, trois jours avant d’envahir l’Ukraine, Poutine a donné un cours d’histoire à la télévision russe en remontant au débat qui opposa, en 1922, Lénine – qui a, selon lui, mis « une bombe nucléaire » sous l’URSS en donnant aux républiques le droit à l’autodétermination – et Staline, qui voulait les inclure dans un grand ensemble étatique et dont il prend, sur ce point précis, le parti.

Merkel, complice de Poutine ?

Merkel, complice de Poutine ?

 

L’Allemagne s’interroge sur la responsabilité d’Angela Merkel dans l’escalade agressive de Vladimir Poutine

Quelques mois après son départ du pouvoir, l’ex-chancelière se voit reprocher d’avoir fait preuve d’un certain « laxisme » à l’égard du président russe.

( Par le correspondant du « Monde » en Allemagne)

Analyse.

 

Angela Merkel est de retour. Trois mois après son départ du pouvoir, l’ancienne chancelière se retrouve au cœur du débat public en Allemagne. La raison : la guerre en Ukraine, qui conduit à un réexamen sévère de sa politique à l’égard de la Russie, y compris au sein de sa famille politique.

La première à sonner la charge fut Annegret Kramp-Karrenbauer. « Après la Géorgie [en 2008] puis la Crimée et le Donbass [en 2014], nous n’avons rien fait pour véritablement dissuader Poutine », a tweeté l’ex-ministre de la défense (2019-2021), le 24 février, quelques heures après le début de l’offensive russe en Ukraine. Evoquant une « erreur historique », l’ancienne dauphine désignée de Mme Merkel n’a pas nommément mis en cause son ancienne patronne, mais l’allusion était transparente.

Depuis, d’autres dirigeants conservateurs lui ont emboîté le pas. A l’instar de Friedrich Merz, le président de l’Union chrétienne-démocrate qui, le 27 février devant le Bundestag, a qualifié de « champ de ruines la politique étrangère et de sécurité conduite par l’Allemagne et par l’Europe au cours des dernières années ». Lui non plus n’a pas eu besoin de citer Angela Merkel pour que l’on comprenne qui était, selon lui, la première responsable de ce cuisant échec.

Qu’est-il précisément reproché à l’ex-chancelière ? Les titres de deux longues enquêtes parues récemment dans la presse allemande résument assez bien les choses « Guerre en Ukraine : la culpabilité de Poutine et la contribution de Merkel » (Süddeutsche Zeitung, 18 mars) et « Le laxisme de la politique russe de Merkel comme héritage : un peu de boycott mais rien de plus » (Der Spiegel, 19 mars).

Pour certains, le péché originel remonterait au sommet de l’OTAN à Bucarest, en avril 2008. En se prononçant contre l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’Alliance atlantique, position également partagée par le président français Nicolas Sarkozy, Angela Merkel aurait aiguisé les appétits expansionnistes de Vladimir Poutine. Quatre mois plus tard, la Russie attaquait la Géorgie. « Le report de la date d’adhésion [de la Géorgie à l’OTAN] a renforcé la détermination de la Russie à passer à l’action », dénonça, à l’époque, le ministre tchèque des affaires étrangères Karel Schwarzenberg, dans le Spiegel« L’apaisement n’est pas une alternative », ajouta-t-il, sans alors imaginer que ce même reproche serait ensuite formulé à plusieurs reprises au sujet de la politique d’Angela Merkel vis-à-vis de Moscou.

Ce fut en particulier le cas en 2014-2015, après l’annexion de la Crimée par la Russie et le début de la guerre au Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Certes, l’Allemagne fit partie à l’époque des pays qui poussèrent pour que l’Union européenne impose des sanctions à la Russie. De même, Angela Merkel s’impliqua activement, aux côtés de François Hollande, pour tenter de trouver une issue au conflit dans le Donbass : ce fut le « format Normandie », nom donné au quartet Russie, Ukraine, Allemagne, France, constitué en marge du 70e anniversaire du Débarquement, en juin 2014, et qui déboucha sur les accords de Minsk, en février 2015.

L’association, premier fondement d’une démocratie

L’association, premier fondement d’une démocratie

 

Face aux limites de propositions plus consultatives que participatives, tels que la convention citoyenne ou le référendum d’initiative citoyenne, le sociologue plaide dans une tribune au « Monde » pour une vie associative puissante et soutenue. Bref, une démocratie du quotidien opposée à certaines consultations déviantes populistes.

 

Tribune.

 

La résistance des démocraties se pose brutalement avec l’invasion de l’Ukraine et nous interroge sur notre propre crise de la représentation et plus généralement sur la « fatigue » démocratique. En France, la campagne présidentielle, si écourtée soit-elle, ne peut esquiver le sujet de la participation citoyenne.

Les propositions ne manquent pas de la part des candidats, des politistes ou des mouvements citoyens pour renforcer la participation, hors des élections elles-mêmes. Depuis les conventions citoyennes, en passant par les référendums d’initiative citoyenne (RIC), jusqu’à la participation des citoyens au travail législatif ou à une Assemblée constituante, pour citer l’essentiel.

Chaque dispositif présente bien sûr des avantages et des inconvénients, mais tous souffrent des mêmes limites qui ne permettent pas de répondre aux fortes attentes des Français pour une participation la plus large possible. L’ambition de refondation démocratique est pourtant à ce prix.

La première grande limite tient à l’intermittence des formules de participation. On ne réunira pas une convention citoyenne tous les mois, on ne proposera pas un référendum plus d’une fois par an, les citoyens ne passeront pas leur temps à légiférer, et l’organisation d’une Constituante pour une VIe République est un fusil à un coup. La quête d’une démocratie permanente ou continue n’y trouvera pas son compte.

Des « votations » trop limitatives

La deuxième limite porte sur la faible participation effective. Evidente pour les conventions citoyennes qui réunissent tout au plus 150 personnes tirées au sort. Leur représentativité est discutable en raison d’un échantillon réduit de volontaires disponibles, particulièrement motivés par le sujet, ce qui les distingue du reste de la population. Certes, les Français intéressés peuvent participer au débat par procuration, mais sans participation effective du plus grand nombre. Même dans un processus élargi de référendum, les « votations », pour reprendre le terme et l’exemple de la Suisse, se situent autour d’une moyenne de participation de 42 %. Quel que soit le mode de participation proposé, ce sont les plus motivés qui se manifestent.

Enfin, troisième limite, les dispositifs sont généralement plus consultatifs que participatifs. Les questions émanent le plus souvent des pouvoirs en place qui n’en respectent pas toujours le verdict s’il ne répond pas à leurs attentes, à l’instar du référendum de 2005 sur la Constitution européenne. Ou lors de la récente convention pour le climat dont les conclusions devaient être adoptées « sans filtre ».

Des guerres qui relancent l’extraction d’énergies fossiles

Des guerres qui relancent l’extraction d’énergies fossiles

 

 

La crise énergétique provoquée par l’invasion russe en Ukraine n’accélérera pas la transition écologique, mais risque, au contraire, de relancer l’extraction d’énergies fossiles, met en garde, dans sa chronique au « Monde », l’historien Jean-Baptiste Fressoz.

 

Chronique.

 

La mode est au rappel du souvenir des chocs pétroliers de 1973 et de 1979 : envolée du prix des carburants, « chasse au gaspi », heure d’été, limitation de la vitesse, hantise du pic pétrolier. L’évocation s’arrête souvent là, et l’on oublie la suite : l’énorme « contre-choc » qui fit suite au renchérissement des années 1970. En cherchant à modifier les termes de l’échange, l’OPEP lança, contre son gré, un renouveau mondial de l’extraction d’énergie fossile. Capitaux, technologies et soutien politique rendirent possible l’offshore profond en mer du Nord ou dans le Golfe du Mexique, la fracturation hydraulique ou encore l’exploitation des schistes bitumineux d’Alberta (Canada). Enfin et surtout, les chocs pétroliers relancèrent l’extraction de charbon…

Jimmy Carter, président des Etats-Unis de 1977 à 1981, incarne parfaitement l’ambiguïté de cette décennie. Certes, il fait installer devant les caméras de télévision des panneaux solaires sur le toit de la Maison Blanche ; certes, il prononce un discours retentissant sur la « transition énergétique » (18 avril 1977). Mais qu’on ne s’y trompe pas, la « transition » est alors uniquement une affaire de souveraineté nationale, et l’expression, encore peu usitée, servait simplement à donner un aspect futuriste à un programme qui ne l’était guère. Après la présentation de son « plan énergétique national » – qui prévoit un triplement de l’extraction houillère –, le New York Times écrit le 30 avril 1977 : « Les Etats-Unis et le monde sont au début d’une nouvelle transition énergétique. »

Dans les années qui suivent, le charbon se modernise grâce aux capitaux de l’industrie pétrolière. Par exemple, Total investit dans des mines de charbon en Afrique du Sud. Aux Etats-Unis, Exxon et d’autres compagnies assurent le développement d’immenses mines à ciel ouvert. Au lieu d’aller chercher le charbon sous le sol, on enlève le sol qui le recouvre. La nature devient « overburden » (« mort-terrain », dans le jargon minier). Le charbon est acheminé par convois ferroviaires de 130 000 tonnes. La productivité des mines est multipliée par dix. Une loi de 1977 subventionne la conversion au charbon des centrales thermiques. Résultat : le charbon américain croit fortement jusqu’à son pic de 2008.

En Chine, le second choc pétrolier correspond à l’arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir. Profitant de la hausse des cours mondiaux, le PCC choisit d’exporter son pétrole et d’utiliser du charbon. On assiste alors à un phénomène rare de régression technologique avec la prolifération de petites mines villageoises n’utilisant presque aucune machine. Celles-ci produisent près de la moitié du charbon chinois au prix de milliers de morts. Le taux d’accidents est deux à quatre fois supérieur à celui des mines européennes du XIXe siècle. Dans les années 2010, chaque année, la Chine extrait davantage de charbon que la France durant toute son histoire.

Total doit-il aussi quitter l’Ouganda ?

Total doit-il aussi quitter l’Ouganda ?

 

Collectif

Le député Matthieu Orphelin, rejoint par dix-sept autres députés issus de sept groupes parlementaires, dénonce, dans une tribune au « Monde », le fait qu’en Afrique, TotalEnergies continue comme en Russie, à favoriser l’exploitation des énergies fossiles au détriment des droits humains et de l’environnement.

 

Tribune.

 

Alors que Vladimir Poutine a déclenché une guerre aux portes de l’Europe, TotalEnergies garde la majeure partie de ses activités et investissements en Russie. Pour la multinationale française, les profits issus des énergies fossiles, et notamment des projets Yamal LNG et Arctic LNG 2 dans lesquels elle est impliquée semblent plus importants que de contribuer à arrêter la guerre et sauver des vies en Ukraine.

Pour la multinationale française, les profits passent avant la paix. En Afrique, de la même manière qu’en Russie, TotalEnergies persiste à favoriser l’exploitation des énergies fossiles au détriment des droits humains et de l’environnement, particulièrement en Ouganda et en Tanzanie à travers les projets Tilenga et EACOP.

Les projets Tilenga et EACOP, c’est 190 000 barils par jour et le plus grand oléoduc chauffé au monde (1 443 km). Il traversera deux pays, de nombreuses réserves et aires protégées, il menace d’extinctions des espèces classées sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et menace de contamination les deux plus grandes réserves d’eau douce d’Afrique de l’Est, les lacs Victoria et Albert, menaçant ainsi l’accès à l’eau potable et à la nourriture pour plus de 40 millions de personnes.

C’est pourquoi, avec des députés de différents groupes politiques, nous avons reçu et écouté à l’Assemblée nationale, celles et ceux qui là-bas luttent chaque jour pour protéger leur droit à vivre dignement, et notamment leurs droits à un environnement sain, à l’eau potable et à vivre sur leurs terres. Cette délégation de la société civile ougandaise nous raconte que plus de 100 000 personnes ne peuvent plus cultiver leur terre librement, et ce depuis trois ans, alors qu’elles n’ont même pas encore reçu de compensations de la part de la multinationale.

De plus, des journalistes subissent des pressions et sont entravés dans leur travail par des personnes associées à la major pétrolière, ainsi que des Etats ougandais et tanzanien. Des activistes et des leaders communautaires défendant leurs droits et ceux des communautés dont ils font partie sont menacés, intimidés, arrêtés et harcelés au quotidien.

En 2020 et 2021, plusieurs rapporteurs spéciaux des Nations unies ont interpellé l’entreprise ainsi que les gouvernements français et ougandais au sujet des atteintes et risques d’atteintes graves aux droits humains et à l’environnement engendrés par ce méga-projet pétrolier de la multinationale française. Le gouvernement français n’a pas daigné répondre sur le fond, alors que les violations continuent, s’aggravent et se multiplient.

Ukraine : un rôle enfin positif pour Erdogan ?

Ukraine : un rôle enfin positif pour Erdogan ? 

 

La présidentielle de 2023 n’est pas étrangère au repositionnement géopolitique du président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui se campe en médiateur dans le conflit en Ukraine. Mais la neutralité d’Ankara reste ambivalente, analyse Dorothée Schmid, spécialiste du monde méditerranéen, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

Les efforts diplomatiques pour contenir la crise ukrainienne ont entraîné un développement inattendu : la France et la Turquie, toutes deux en première ligne pour obtenir un cessez-le-feu, ont annoncé, le 25 mars, une initiative humanitaire commune avec la Grèce sur Marioupol [sud-est de l’Ukraine]. Triangulation inespérée après plusieurs années d’une tension diplomatique qui a connu un pic en juin 2020, lorsque la France et la Turquie sont passées tout près d’un incident militaire au large des côtes libyennes. La signature d’un partenariat stratégique franco-grec, un an plus tard, n’avait rien arrangé, les Français se berçant encore de l’illusion d’une Turquie aux abois, en délicatesse avec tous ses voisins, brouillée avec l’OTAN, tenue en respect par l’Union européenne et mise sous pression par la Russie.

Le diagnostic d’une faiblesse diplomatique turque ne correspond pourtant plus à la réalité. Certes, le régime traverse des difficultés internes : il est dans une mauvaise passe sur le plan économique et le président Recep Tayyip Erdogan affrontera, en 2023, des échéances électorales compliquées. L’usure du pouvoir est manifeste après vingt ans de verrouillage politique, et l’opposition s’organise pour offrir une alternative à l’alliance entre les islamistes et l’extrême droite qui a muré la Turquie dans un nationalisme revanchard. Une chose est sûre : Erdogan ne renoncera pas facilement au pouvoir l’année du centenaire de la République turque.

Du point de vue de la politique étrangère, deux voies étaient possibles pour préparer cette échéance : celle d’une nouvelle montée aux extrêmes afin de consolider la base nationaliste ; ou, plus inattendue mais désormais crédible, se dessine l’hypothèse d’une Turquie qui assume de façon mature les dividendes de la puissance patiemment reconstruite en deux décennies.

Le rétablissement diplomatique spectaculaire réussi depuis 2021 pose, en effet, la Turquie plus en faiseur de paix qu’en fauteur de guerre, et pas seulement dans le contexte ukrainien. Si Erdogan s’était isolé dans une forme d’expansionnisme paranoïaque depuis 2016, année marquée par une tentative de coup d’Etat, on assiste au retour des fondamentaux d’Ahmet Davutoglu, l’ancien ministre des affaires étrangères [2009-2014] artisan du soft power turc : une Turquie géopolitiquement centrale et en paix avec ses voisins. La fin de la brouille avec l’axe régional anti-Frères musulmans, déclenchée par les « printemps arabes » en 2011, est pratiquement actée : les relations longtemps exécrables avec les Emirats arabes unis sont désormais au beau fixe et le réchauffement est en cours avec l’Arabie saoudite.

Pourquoi l’affaire McKinsey est-elle un scandale d’État ?

Pourquoi l’affaire McKinsey estun scandale d’État ?

 

Le Sénat a découvert les dépenses invraisemblables de recours à des sociétés de conseil comme McKinsey. Rien que pour l’année 2021, on a consacré 1 milliard pour les seules dépenses de McKinsey. Qui au demeurant en plus ne paierait pas d’impôts ! En tout cas pas suffisamment.

L’affaire est grave si l’on en juge par la fébrilité du président de la république qui a dit ne pas craindre la justice. L’affaire sera traitée de manière également judiciaire suite à la plainte du Sénat.

Le gouvernement argumente en considérant que la France n’est pas le pays qui dépense le plus en matière de conseil. Le problème c’est que parallèlement la France a l’appareil administratif le plus important en Europe voire au monde. La France qui en même temps détient la plus grande école de gestionnaires de l’État avec notamment l’ENA. En clair il ne manque pas de directions,  d’observatoires, de commissions de contrôle , de mission de vérification financière. Des milliers et des milliers d’emplois sont consacrés à ces tâches.

On se demande comment on a pu atteindre une telle facture. En moyenne en effet le coût d’une journée d’un expert se situe selon les cas entre 1000 et 3 000 € par jour. Pour atteindre 1 milliard de dépenses, il aurait fallu mobiliser une armée d’experts consultants, sans doute autour de 10 000.  Comme c’est probable les marchés ont été sur évalués et un retour financier est venu affecter les ressources de partis politiques impliqués comme donneurs d’ordre indirects.

Matériellement il est impossible d’atteindre un tel niveau de dépenses. On peut légitimement s’interroger à la fois sur l’incompétence mais aussi sur le caractère frauduleux de ses dépenses. Surtout quand on mesure l’efficacité des recommandations de ces cabinets de conseil. Les centaines et même les milliers de hauts fonctionnaires qui commandent ces études font preuve à la fois d’incompétence et d’irresponsabilité.

Le pouvoir politique, lui arrose ces cabinets de conseil dont l’objectif est moins de proposer des réformes que de brosser dans le sens du poil les tendances libérales du gouvernement. Accessoirement aussi de favoriser la promotion électorale des pseudos réformes. Un seul exemple l’espace santé de la sécurité sociale qui constitue une véritable escroquerie. Un objectif dont on vante partout l’intérêt mais qui concrètement est complètement vide. Personne n’a en effet prévu qui et comment doit être rempli cet espace bidon recommandé sans doute par les scientistes experts de McKinsey et  autres. Même chose concernant le grand débat national qui a coûté une fortune et dont on n’a même pas été capable de tirer une synthèse cohérente accessible.

On s’était déjà interrogé sur les conditions de financement de la campagne de Macron en 2017 avec notamment ses relations un peu sulfureuse entre le pouvoir, Alstom et General Electric. Une affaire qui a été pratiquement enterrée comme pratiquement toutes celles concernant le gouvernement. L’affaire McKinsey pourrait bien être de même nature et révéler non seulement le caractère délictueux mais aussi l’incompétence et irresponsabilité aussi du gouvernement.

Une armée française obsolète (François Cornut-Gentille)

Une armée française obsolète (François Cornut-Gentille)

 

 

Un article intéressant qui attire l’attention sur l’insuffisance des moyens budgétaires. Une critique de nature quantitative qui ne saurait cependant faire l’impasse sur la nature qualitative de notre défense.

Faut-il rappeler que par exemple la puissante armée française a dû se replier assez lamentablement au Mali face à quelques extrémistes et à une armée d’opérettes malienne. Si l’on se réfère au conflit de l’Ukraine, on mesure combien les forces stratégiques traditionnelles sont encore indispensables. Pour preuve l’Ukraine a décidéede réinsérer la totalité des hommes mobilisables. Une question qu’il faudra bien se poser en France et auquel évidemment ne répond pas le farfelu service national qui ne concerne que quelques personnes. NDLR

Faute de débats sur les efforts budgétaires à consentir, mais aussi sur les programmes d’armement et les alliances stratégiques, notre défense est aujourd’hui dans une impasse, alerte dans une tribune au « Monde » le député (LR) de Haute-Marne, rapporteur spécial des crédits de la défense.

 

Tribune. 

Voilà des années que nous esquivons un véritable débat sur notre défense, qui devient de plus en plus nécessaire. Certes, depuis l’attaque menée en Ukraine par Vladimir Poutine, la défense est désormais au cœur de l’actualité. Quelques médias ont pointé les carences de nos armées. De leur côté, les principaux candidats à l’élection présidentielle se sont tous engagés à augmenter le budget des armées. Tout cela peut donner l’illusion d’une prise de conscience, tardive mais salutaire, des défis qui sont devant nous. L’idée rassurante s’impose qu’avec un peu de temps et quelques moyens supplémentaires, nous allons parvenir à remettre à niveau notre outil militaire.

La vérité est malheureusement beaucoup plus cruelle. Notre défense est aujourd’hui dans une triple impasse. Et l’effort que nous avons à fournir dans les années qui viennent n’est pas seulement budgétaire ; il est d’abord d’ordre intellectuel. Nous devons impérativement sortir de notre routine et de notre torpeur pour ouvrir sur notre défense les trois débats majeurs que nous n’avons que trop repoussés.

Le premier est d’ordre budgétaire. Avec 41 milliards d’euros, le budget de la « mission défense » est le second derrière celui de l’éducation nationale (55 milliards). Après des années de rigueur, François Hollande et Emmanuel Macron se félicitent d’avoir entrepris un redressement significatif. Ils disent vrai. Cependant leur discours réconfortant masque l’essentiel, car les difficultés sont devant nous et sont loin d’être négligeables.

Pour atteindre un budget de 50 milliards d’euros en 2025, la loi de programmation militaire a en effet prévu le franchissement de marches budgétaires de 3 milliards d’euros sur les trois prochains budgets. Même en période normale, le respect d’un tel engagement serait tout à fait inédit. Or, dans la situation budgétaire post-Covid, la crédibilité de cette trajectoire financière apparaît désormais extrêmement faible. En outre, la défense va se trouver en concurrence directe avec les besoins sociaux urgents exprimés depuis la crise des « gilets jaunes » et durant la campagne présidentielle (notamment sur l’hôpital). Enfin, pour bien comprendre le mur devant lequel nous nous trouvons, il faut ajouter que cet effort déjà difficilement atteignable est très en dessous de ce qu’il conviendrait de faire pour dissuader (ou combattre) un éventuel agresseur.

Cependant, en matière budgétaire, ce ne sont pas les annonces qui comptent, mais la continuité de l’effort quels que soient les aléas. Or, de ce point de vue, c’est très mal parti : ce sont en effet 300 millions d’euros de crédits militaires qui viennent d’être discrètement annulés pour financer les mesures de soutien à l’économie. Ainsi, au-delà des déclarations ambitieuses, il n’est pas certain que nous soyons réellement déterminés à faire de notre défense une priorité. Telle est la première question désagréable qu’il nous faut regarder en face : concrètement, jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour assurer notre sécurité ?

Covid jeudi 30 mars 2022 : forte hausse avec 217 480 cas en 24 heures

Covid jeudi 30 mars 2022 : forte hausse avec 217 480 cas en 24 heures +217.480 nouveaux cas confirmés en 24h.

En France, le dernier bilan fourni par les autorités sanitaires concernant la pandémie de Covid-19, fait état d’au moins 2.629.776 cas confirmés soit +217.480 en 24h.

On enregistre ce mardi 29 mars 2022 : 217 484 en 24 heures, 141.985 morts au total, +164 morts supplémentaires. Le nombre de décès en EHPAD et EMS fait état de 28.458 (+28) décès au total. Le nombre total de décès en milieu hospitalier est lui de 113.527 (+136 en 24h).

Le taux de reproductivité R est de 1,35 le taux d’incidence à 1.329,40 et la tension hospitalière à 30,4 %. Le taux de positivité est à 26,7 %.

La France compte actuellement 21.300 (+227) personnes hospitalisées et 1.538 (+5) malades en réanimation.

Selon les données de Santé Publique France, Découvrez le bilan des différentes régions françaises et leur évolution :

  • Ile-de-France : 4.286 (+41) hospitalisées, 372 (+5) en réanimation et +17 décès en 24h
  • Grand Est : 1.865 (+25) hospitalisés, 137 (0) en réanimation et +21 décès en 24h
  • Hauts de France : 2.145 (+60) hospitalisés, 146 (+10) en réanimation et +9 décès en 24h
  • Auvergne Rhône Alpes : 2.138 (+24) hospitalisés, 147 (+5) en réanimation et +15 décès en 24h
  • Provence-Alpes Côte d’Azur : 2.162 (+7) hospitalisé, 166 (+1) en réanimation et +12 décès en 24h
  • Bretagne: 1.051 (+34) hospitalisés, 53 (+5) en réanimation et +8 décès en 24h
  • Normandie : 1.313 (-23) hospitalisés, 71 (-9) en réanimation et +7 décès en 24h
  • Nouvelle-Aquitaine : 1.468 (+21) hospitalisés, 103 (+2) en réanimation et +7 décès en 24h
  • Pays de la Loire : 742 (+54) hospitalisés, 51 (-5) en réanimation et +12 décès en 24h
  • Occitanie: 1.749 (-13) hospitalisés, , 128 (-1) en réanimation et +8 décès en 24h
  • Centre-Val de Loire : 860 (+10) hospitalisés, 59 (0) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Bourgogne-Franche-Comté : 864 (+12) hospitalisés, 54 (-3) en réanimation et +9 décès en 24h

 

 

Economie, politique, société: les plus lus (29 mars 2022- 7h30)

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Après la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, la réouverture d’une centrale à charbon

  • Après la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, la réouverture d’une centrale à charbon !

     

    Une vraie politique énergétique de gribouille de la part du gouvernement. En effet la centrale nucléaire de Fessenheim vient à peine d’être fermée définitivement pour faire plaisir aux écolos bobos  que voilà que la France est contrainte de rouvrir en tout cas de prolonger la centrale à charbon de Saint Avold  en Moselle.

    Vraiment un drôle de bilan environnemental notamment sur le plan des émissions de carbone. En fait exactement ce qui s’est produit en Allemagne où la minorité écolo a imposé la fermeture brutale du nucléaire pour tenter y substituer les éoliennes. Un véritable fiasco qui a contraint les Allemands à se rendre dépendant maintenant du gaz russe.

    Certains évidemment vont argumenter sur le faite que cette décision de la France est liée à la situation en Ukraine et à l’objectif de couper les approvisionnements pétroliers et de gaz en provenance de la Russie. La question est cependant structurelle car les gadgets des énergies alternatives certes utiles pour des usages particuliers ne sauraient remplacer la puissance du nucléaire qui constitue par ailleurs un atout énergétique stratégique pour la France.

    Sa fermeture est prévue ce jeudi 31 mars. Mais les difficultés du parc nucléaire d’EDF et les conséquences du conflit en Ukraine pourraient entraîner son redémarrage l’hiver prochain.

    La centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle, dont la fermeture est prévue ce jeudi 31 mars, pourrait reprendre du service à l’hiver prochain, compte tenu des déboires rencontrés par le parc nucléaire d’EDF et des conséquences du conflit en Ukraine, a-t-on appris lundi auprès du ministère de la Transition écologique.

    Le président Emmanuel Macron avait promis de fermer d’ici à 2022 les dernières centrales à charbon - facilement mobilisables pour produire de l’électricité en cas de besoin, mais aussi très émettrices de CO2 néfaste pour le climat.

Des enjeux éthiques majeurs de l’intelligence artificielle

Des enjeux éthiques majeurs  de l’intelligence artificielle

 

Alors que les promesses de transformation des entreprises, par le développement de l’IA, sont immenses, les trois chercheurs traitent, dans une tribune au « Monde », des enjeux majeurs liés à l’explicabilité des systèmes algorithmiques.

 

Tribune.

 

Au cœur de la nouvelle révolution industrielle et sociétale, les questions éthiques relatives à l’intelligence artificielle (IA) et à ses applications se posent avec acuité.

Actuellement, le débat le plus récurrent et le plus vif est celui des biais, réels ou supposés, que l’IA peut reproduire, ou engendrer. Ces biais, qu’ils soient de genre, relatifs aux origines, aux convictions religieuses ou aux opinions politiques, sont d’autant plus scrutés qu’ils font écho à des préoccupations politiques d’une actualité brûlante.

En parallèle des interrogations sur les biais, ou plutôt englobant ces questions, un autre enjeu éthique de l’IA se profile : celui de l’explicabilité des systèmes algorithmiques. La capacité des organisations à constamment expliquer les systèmes qu’elles conçoivent et utilisent pourrait vite devenir un enjeu politique majeur.

En effet, il peut être difficile de reconstituer le chemin qui conduit aux solutions proposées par des systèmes comprenant des algorithmes apprenants, notamment du deep learning tels que les réseaux de neurones. Or, c’est précisément cette famille d’IA, plutôt « boîte noire », qui connaît un succès important dans des tâches comme la reconnaissance d’image et de texte, utilisée dans les véhicules autonomes, les chatbots, les diagnostics médicaux…

Si, sur le papier, ex ante, leur fonctionnement est plus ou moins appréhendé, la complexité des multiples correspondances qui se forment durant l’apprentissage échappe à la rationalité limitée des humains, fussent-ils spécialistes. Comprendre pourquoi telle décision a été prise dans tel cas devient vite une gageure, encore plus en présence de plusieurs systèmes d’IA imbriqués les uns dans les autres. En témoignent les incertitudes persistantes sur les causes définitives de récents accidents de voitures autonomes, malgré les multiples travaux d’investigation sur le sujet.

Il faut donc expliquer pour d’une part, comprendre dans le but d’améliorer l’algorithme, parfaire sa robustesse et prévoir ses failles et, d’autre part, pour rendre compte aux multiples parties prenantes, externes (régulateurs, utilisateurs, partenaires) ou internes à l’organisation (managers, chefs de projet).

Pour répondre à ce défi, un nouveau champ a émergé : l’eXplainable Artificial Intelligence (XAI) qui propose des outils d’explication. Cependant, malgré les réponses qu’il apporte, des questions majeures persistent.

La première est l’identification du périmètre d’explication à retenir : les outils d’XAI permettent de comprendre certains fonctionnements, mais en occultent d’autres estimés non prioritaires.

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