Ukraine : l’Europe et Poutine englués ?

Ukraine : l’Europe et Poutine englués ?

L’Europe s’est mise elle-même en danger en ne diversifiant pas assez ses importations. Il lui faudra au moins trois ans et un recours massif à des solutions d’énergies propres pour parvenir à se libérer de la Russie en 2025, évoque un papier de la « Tribune « .(extrait)

De son côté, Vladimir Poutine a riposté aux sanctions par une mesure inattendue, en exigeant de l’Union européenne de régler ses achats de pétrole et de gaz en roubles..

Accusé de financer la guerre, l’Occident pèse le pour (faire pression sur Poutine et les oligarques) et le contre (plonger l’économie mondiale en récession avec un baril à plus de 200 dollars) d’un durcissement des embargos. Le fragile consensus de Bruxelles apparu lors de la journée des trois sommets -OTAN avec Biden, UE et G7 – montre que l’Occident n’est pas prêt non plus pour une troisième guerre mondiale. Bien sûr, des « lignes rouges » ont été brandies, comme celle de l’utilisation éventuelle d’armes chimiques ou biologiques ou a fortiori nucléaire tactique. Mais, au-delà de la communication, la guerre est évidemment impensable entre puissances nucléaires. en tout cas improbable…

« Paix impossible guerre improbable », c’était le titre du premier chapitre du célèbre livre de Raymond Aron « Le grand Schisme » dans lequel l’éternel opposant de Sartre a popularisé en France la naissance de la guerre froide en 1947, un équilibre de la terreur précaire mais durable. En 2022, la nouvelle guerre froide est bien pire puisque le nombre de puissances nucléaires s’est élargi et Kim Jung-Un joue avec nos nerfs à la roulette nord-coréenne

La venue du président américain Joe Biden en Europe et son passage par la Pologne à 100 km de la frontière polonaise a certes permis à l’Occident de resserrer les rangs, mais malgré le déploiement de troupes supplémentaires qui portera à plus de 100.000 hommes le nombre des soldats US pour défendre l’OTAN, c’est, une fois de plus, le parapluie nucléaire américain qui nous protège. 

.En réalité, le cynisme l’emporte dans cette morbide diplomatie de l’énergie, car les Etats-Unis espèrent bien que le gaz naturel liquéfié américain remplacera dans les ports européens le gaz russe. Le « Freedom Gas » succède au soldat Ryan…

Signe que le jeu d’échec sanglant qu’il a ouvert le 24 février est dans l’impasse, Poutine recule. Ce n’est pas encore la retraite de Russie, dans l’autre sens, mais un premier pas que fait le ministère russe de la Défense en annonçant vendredi que l’armée va désormais se concentrer sur la « libération complète » de la région du Donbass, russophone, à l’est de l’Ukraine. Cela signifie-t-il que la Russie admet un mois après le déclenchement de la guerre que la conquête de toute l’Ukraine sera impossible.

Il est encore trop tôt pour espérer le retour de la diplomatie. L’autre retraite de Russie concerne les entreprises occidentales inquiètes pour leur réputation alors que les opinions occidentales dénoncent les violences contre les populations civiles. Côté français, le groupe Mulliez et ses enseignes Auchan, Décathlon et Leroy Merlin, mais aussi Renault et Total ont été au cœur de la tempête.

Patrick Pouyanné a été pris pour cible par le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot qui n’a pas hésité à accuser TotalEnergies de « complicité de crimes de guerre »… et lui a répondu sur le même ton en moquant sa place dans les sondages et en assurant que l’exposition du groupe en Russie est « très gérable ».

 

Seul Poutine peut arrêter cette Raspoutitsa, cette boue ukrainienne qui peut atteindre plus d’un mètre de profondeur lors de la fonte des neiges et lors de pluies de l’automne et dans laquelle s’embourbe et son armée et l’économie mondiale.

 

A moins de 20 jours du premier tour et un mois avant le tour décisif de la présidentielle, La Tribune a sondé avec l’IFOP le regard des Français sur la place de leur pays sur la scène internationale. Inquiets de la guerre en Ukraine, ils sont en train de tirer les leçons de la crise sanitaire et se préparent pour le choc économique de la crise énergétique qui vient. Les Français voient leur avenir dans une Europe indépendante des énergies carbonées, si besoin par un mode de vie plus sobre avec un recours accru au nucléaire. L’Europe et la proximité sont plébiscitées comme la réponse la plus appropriée pour affronter un avenir incertain.

Quel prix sommes-nous prêt à payer et pour combien de temps pour maintenir la pression sur la Russie. Voilà ce qui se joue en Occident et cette arme agitée par Poutine a un visage, l’inflation, cet impôt que ne dit pas son nom.

Les Français commencent à le ressentir. Cette semaine, le taux des emprunts d’Etat a franchi la barre des 1% et cela se répercute déjà sur celui des crédits pas encore des prix immobiliers. Pour limiter la casse, et face au risque de tensions sociales et du retour des « gilets jaunes » au carré, le gouvernement multiplie les chèques pour freiner la hausse des prix mais ces mesures qui dépassent les 22 milliards d’euros à date sont jugées coûteuses et trop peu ciblées par de nombreux économistes.

Tout va augmenter, donc, y compris les salaires. La métallurgie vient de décider de relever de 3,1% les minimas dans le secteur, soit en deçà des 5% demandés par les syndicats pour compenser la hausse des prix. La question va monter pendant ce qui reste de la campagne électorale. Pour ou contre un Smic à 1400 euros, la guerre en Ukraine et ses répercussions est en train d’y apporter la réponse.

Parmi les principaux effets collatéraux de la crise ukrainienne, Bruxelles est obligé de revoir de fonds en comble sa stratégie agricole. Pour sécuriser sa production et compenser la perte du blé d’Europe de l’Est dont vont souffrir les pays méditerranéens, la stratégie Farm to fork, de la ferme à la fourchette, de montée en gamme vers le bio est à terre.

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