La réforme du système médical
Dans l’ouvrage collectif qu’ils ont dirigé, les sociologues Nicolas Duvoux et Nadège Vezinat proposent des pistes de réflexion et présentent des initiatives visant à corriger les défauts du système médical.C’est un plaidoyer pour une « santé sociale » que nous livre, sur une centaine de pages, un collectif d’universitaires. Derrière ces deux termes, le concept, qui sert aussi de titre à l’ouvrage coordonné par Nicolas Duvoux et Nadège Vezinat, professeurs de sociologie à l’université Paris-VIII, représente pour les deux auteurs à la fois un « défi » et une « nécessité ». Ils appellent ainsi à relier deux univers « restés jusqu’ici trop séparés (…) en liant davantage ouverture de droits sociaux et accompagnement social avec la thérapeutique ». (analyse du Monde)
Le contexte de la crise sanitaire est venu appuyer leur vision. « La démonstration d’un lien entre santé, inégalités sociales et dynamiques ségrégatives a mis en évidence le besoin d’un tournant social et préventif en matière de politiques sanitaires », selon eux. « La redécouverte de l’interdépendance entre les membres de la société aura été l’une des principales leçons de la crise sanitaire du Covid-19 », jugent-ils, citant « l’exposition différenciée à la contamination et à la mortalité », ou encore « l’accès inégal à la vaccination ».
Ces inégalités sociales de santé, bien connues du monde médical, ont explosé au grand jour à la simple observation des taux de mortalité dus à l’épidémie, bien plus élevés dans les quartiers défavorisés aux logements exigus, aux métiers plus exposés ou encore dont les populations souffrent plus que d’autres de comorbidités. Ce sont encore les taux de vaccination bien moindres des territoires populaires qui sont venus les illustrer.
Résultat : cette autre manière d’aborder la santé – qui n’est ni la « médecine sociale » ni réductible au concept de « santé publique », entendue le plus souvent seulement dans un aspect collectif – nécessite une ouverture « hors du soin », estiment les chercheurs. Et de citer des exemples comme le fait de proposer de l’activité physique adaptée ou la mise en place d’ateliers « cuisine » pour les diabétiques.
La démonstration, parfois un peu aride sur le plan théorique, vient s’incarner à travers l’examen des nombreuses expérimentations qui cherchent à mettre en œuvre ces principes plaçant « les objectifs sociaux au cœur de leur finalité ». Ce sont ces municipalités qui ouvrent des centres de santé, ces médecins libéraux qui se regroupent au sein de maisons de santé pluriprofessionnelles, ou encore ces hôpitaux qui disposent de « permanences d’accès aux soins de santé », mêlant consultations de médecine générale couplées à un travail social ayant pour objectif d’ouvrir des droits sociaux aux patients.
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