« La société des communs »: le nouveau contrat social de la gauche ?
Un collectif d’élus, de chercheurs, de militants associatifs, d’entrepreneurs et de décideurs publics, parmi lesquels Manon Aubry, Thomas Piketty, Axelle Lemaire ou Noël Mamère, lance un appel pour que la campagne électorale soit l’occasion de promouvoir un « nouveau contrat social », afin de « reconnecter les institutions publiques » à « la vitalité des acteurs engagés sur le terrain ».(Le Monde)
Un article qui n’est pas sans intérêt quant aux perspectives de reconstruction d’une gauche éclatée aujourd’hui et surtout perdue. Reste que cette réflexion est un peu trop partielle sans doute pour constituer un corpus idéologique de gauche suffisamment crédible. La gauche devra sans doute prendre le temps pour se reconstruire avant de se précipiter dans des stratégies trop étriquées voire erronées. De ce point de vue , une cure de quelques années dans l’opposition sera sans doute salutaire. NDLR
Tribune.
Les défis démocratiques, écologiques et sociaux que notre société doit relever dans les décennies à venir sont colossaux. Les élections, temps fort de notre vie politique, devraient être l’occasion d’une ébullition de propositions enthousiasmantes pour y répondre.
Pourtant, la plupart des candidats nous proposent des solutions technocratiques ou passéistes qui vont, au mieux trop lentement, au pire dans le mauvais sens, sans créer de réel engouement. Depuis plus de trente ans, le débat public tourne en boucle sur les mêmes thèmes – baisse des impôts, réduction des dépenses publiques, insécurité, immigration –, sans chercher à ouvrir l’horizon des possibles.
Quel imaginaire collectif est aujourd’hui capable de répondre aux grands défis écologiques et sociaux ? Quelles transformations profondes de nos institutions envisager afin de soutenir les initiatives citoyennes d’intérêt collectif, comme celles qui ont vu le jour pour autoproduire des masques pendant la crise sanitaire ? Quel récit politique est en mesure de reconnecter les institutions publiques avec la vitalité des acteurs engagés sur le terrain ?
Nous sommes convaincus que la société des communs offre un nouveau récit et un socle programmatique dont la gauche française doit se saisir. La société des communs est structurée autour de communautés ouvertes de citoyens qui s’engagent ensemble pour produire et prendre soin des ressources, biens et services qui contribuent à leur épanouissement. Loin d’être une théorie politique de plus, la société des communs constitue un projet de société vivant, revendiqué par de nombreux mouvements sociaux et matérialisé par des pratiques alternatives qui se développent partout dans le monde.
En France, la coopérative Enercoop développe les énergies renouvelables en regroupant des dizaines de milliers de sociétaires producteurs et consommateurs. Le mouvement Terre de liens rachète des milliers d’hectares de terres agricoles qu’il met en commun pour les préserver de la spéculation foncière et en faciliter l’accès aux paysans pour une agriculture durable.
A l’international, les contributeurs de Wikipédia produisent la plus grande encyclopédie librement accessible jamais écrite par l’humanité. Les chercheurs et les entreprises engagés dans Open Source Drug Discovery collaborent pour produire des médicaments libres d’utilisation, afin de lutter contre des maladies tropicales qui touchent des millions d’individus.
Dans la société des communs, ceux qui produisent et prennent soin de ces ressources, biens et services communs ne s’engagent pas pour répondre aux besoins du capital, mais contribuent volontairement dans une logique de partage. Les décisions ne relèvent pas d’organisations hiérarchiques opaques, mais de formes transparentes d’autogouvernement. Les droits d’accès aux ressources indispensables à l’épanouissement et à l’émancipation ne sont pas déterminés par un propriétaire unique (privé ou public), mais sont garantis à tous, dans une logique de justice sociale et écologique.
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