GUERRE ET UKRAINE : les Occidentaux ont la mémoire courte
« Nous ne voulons pas la guerre mais nous l’aurons si nous laissons [Vladimir Poutine] avancer, commettre ses atrocités insupportables et « jouer » avec la menace nucléaire, estime Bruno Guerci dans « Le Monde ». [...] Sommes-nous à ce point aveugles pour ne pas faire de rapprochement avec ce que nos parents et grands-parents ont vécu il y a quatre-vingts ans ? »
Et pendant ce temps, des hommes, des femmes et des enfants meurent sous les bombes russes, sans que nous ne décidions, Européens, Américains, OTAN ou Nations unies, d’une action forte contre le tyran Poutine, homme d’Etat – mais peut-on encore l’appeler ainsi ? -, alors que son comportement, connu de tous depuis des années, relève avant tout d’une action de dictateur expansionniste, rêvant de l’époque lointaine de la grande Russie du tsar, laquelle, faut-il le rappeler, avait vu le jour à Kiev.
Les mesures prises à ce jour par les Occidentaux sont certes inédites, comme le récent vote des Nations unies condamnant de manière quasi unanime le régime du Kremlin pour cette invasion qui est sans précédent depuis l’annexion des Sudètes par Hitler en 1938. Mais, à mes yeux, c’est une réponse bien pâle face à la monstruosité de la guerre que Poutine a déclenchée.
Nous ne voulons pas la guerre mais nous l’aurons si nous le laissons avancer, commettre ses atrocités insupportables et « jouer » avec la menace nucléaire brandie de manière irresponsable dès le début du conflit. Après l’Ukraine, les pays baltes, la Pologne ? L’absence de rationalité de son comportement laisse entrevoir le pire des scénarios.
Qu’attendons-nous pour nous réveiller, tous, peuples de liberté, pour bloquer définitivement la faculté de nuisance de ce tyran qui n’a aucune morale, qui ment à nos dirigeants, et dont on connaît le triste parcours d’agent spécial du KGB ? Sommes-nous à ce point aveugles pour ne pas faire de rapprochement historique avec ce que nos parents et grands-parents ont vécu il y a quatre-vingts ans, quand l’Europe s’était couchée devant les mensonges d’Hitler précédant l’annexion en 1939 de la Tchécoslovaquie puis de la Pologne ?
La lâcheté ne paye jamais, le compromis face à la dictature non plus. Les tristes accords de Munich de 1938, diplomatie de pacotille, n’ont retardé qu’une d’une année l’entrée en guerre des pays occidentaux.
Et puis que penser de la belle hypocrisie de notre monde occidental destinée à préserver notre confort quotidien ? Fermer le système Switch, c’est une mesure que j’approuve évidemment. Mais laisser ouvert le robinet financier grâce à quelques organismes bancaires bien choisis, pour régler les quelque 800 millions de dollars journaliers de gaz et de pétrole russes et alimenter ainsi la machine de guerre, tout cela de peur d’affronter une hausse des prix de l’énergie, j’avoue que je m’interroge…
De quoi parle-t-on ? D’une inflation qui touchera chacun d’entre nous, avec les difficultés pour ceux d’entre nous qui sont les plus précaires ? Bien sûr que cette inflation générale aura des répercussions dans notre vie quotidienne. Ne plus consommer autant qu’avant, retarder des projets de déplacements ou d’investissements personnels, en regard de la défense de nos libertés, de la lutte contre la barbarie et de la nécessité d’envoyer un signal fort à l’ensemble du monde pour dire « Plus jamais ça ». Personnellement, le fléau de la balance penche pour la sauvegarde d’un monde libre et juste que nous devons défendre corps et âme !
Faut-il attendre des dizaines de milliers de morts et de civils déplacés pour envoyer un signal fort au pouvoir russe ? Les Ukrainiens n’ont comme seul défaut que d’avoir des frontières communes avec la Russie. Ils n’aspirent qu’à vivre dans une démocratie souveraine qui vient d’être violée et piétinée. Souvenons-nous qu’il y a quatre-vingts ans, ce sont nous, Français, qui avions ce voisin agresseur.
Souvenons-nous du temps perdu en tergiversations inutiles face à l’oppresseur, n’oublions jamais les millions de morts que cette guerre a engendrés par lâcheté et retard à intervenir pour stopper le régime des dictateurs nazis, et surtout souvenons-nous de notre espoir puis de notre joie à voir surgir les libérateurs alors que nous subissions l’oppression quotidienne et la barbarie au sein même de l’Europe.
Devons-nous donc attendre encore plus longtemps pour intervenir de manière musclée contre Poutine ? Que tous les pays s’unissent pour défendre l’Ukraine, pour éviter un nouveau massacre et venir en aide aux Ukrainiens. Notre inaction nous dessert chaque jour un peu plus, chaque jour qui passe, face à l’ogre russe qui ne sera jamais rassasié dans son désir d’hégémonie et sa folie guerrière.
Bruno Guerci, Nancy
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