Eviter une guerre nucléaire
Tribune.
En envahissant l’Ukraine, le président Poutine s’est lancé dans l’impensable. Il a franchi le Rubicon – déclencher une guerre. Aujourd’hui, Poutine ne peut faire machine arrière. L’Ukraine est à feu et à sang. Il risque le tout pour le tout.
Pour nous, deux éléments sont vitaux dans une telle situation : la volonté politique et le sang-froid. Le premier abonde ; le second se fait rare. Mais quand les vngt-sept chefs d’Etat et de gouvernement se réuniront à Versailles ces jeudi 10 et vendredi 11 mars, ils auront grandement besoin de l’un et de l’autre. En période de grand danger, des forces inattendues se déchaînent. L’Ukraine, aujourd’hui, se défend avec courage. Elle a remporté une victoire éclatante dans la bataille pour l’opinion publique européenne. Ce n’est plus un pays chaotique de 40 millions d’âmes bordé par la mer Noire, mais une nation qui se présente comme porteuse de la promesse démocratique européenne, et dont le président Volodymyr Zelensky est le héros.
La réaction allemande – sa forte mobilisation politique – est au moins aussi inattendue et soudaine. Investissements massifs dans la défense, soutien militaire à Kiev, reconnaissance de la gravité de l’erreur stratégique qu’est la dépendance au gaz russe – le chancelier Olaf Scholz multiplie les annonces surprises au Bundestag. Ce à quoi l’Allemagne n’a jamais voulu se résoudre, alors que ses voisins de l’Est et les présidents américains l’y exhortent depuis tant d’années, elle se hâte aujourd’hui de le faire face à la guerre de Vladimir Poutine.
Ce revirement spectaculaire donne à l’Union européenne (UE) davantage d’unité et de force. A présent que Berlin ne freine plus des quatre fers, les sanctions contre la Russie tombent promptement et massivement. L’UE s’est engagée à débloquer 450 millions d’euros pour fournir des armements à Kiev – un geste tabou il y a dix ans encore. L’Europe a ainsi l’impression d’avoir franchi elle aussi un Rubicon.
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