Les réfugiés de toutes les guerres

Les réfugiés de toutes les guerres

 

La situation en Ukraine confirme que les phénomènes migratoires de masse sont liés à la guerre et à la terreur, et doit nous rappeler que chaque victime d’un conflit a un droit égal à toute autre victime, écrit le sociologue dans le Monde  Smaïn Laacher.

 

Tribune.

 

L’image de colonnes de réfugiés européens fait son retour dans une Union européenne (UE) qui pensait que ce cauchemar était loin derrière elle. Soudain, des mondes que l’on voulait croire lointains (Syrie, Afghanistan, Soudan, Erythrée, etc.) deviennent ainsi moins abstraits. Il n’y a pas que « chez les autres » que la guerre, civile ou non, met sur la route des millions de familles. C’est aujourd’hui en Europe même. La situation ukrainienne ne fait que confirmer une vérité que certains ont encore du mal à admettre : les phénomènes migratoires de masse sont consubstantiellement liés à la guerre et à la terreur.

Mais celles et ceux qui fuient, par peur de la mort ou pour protéger de plus fragiles qu’eux-mêmes − enfants, vieillards, malades… −, ne sont pas tous égaux en matière de protection internationale. La perception dominante de la figure du réfugié, en Europe occidentale, opère des discriminations, conscientes ou inconscientes, entre les « bons » réfugiés et les « mauvais » migrants. Il n’est pas nécessaire d’être particulièrement lucide pour savoir d’où viennent les uns et les autres. Il suffit d’être attentif, même s’ils restent minoritaires, aux propos, le 25 février, de certains responsables politiques ou éditorialistes. « Ce sera sans doute une immigration de grande qualité (…). Ce seront des intellectuels », déclarait sur Europe 1 Jean-Louis Bourlanges, député MoDem, président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. « Ce sont des Européens de culture. On est avec une population qui est très proche, très voisine », soulignait le journaliste Christophe Barbier sur BFM-TV.

A l’évidence, ces propos ne cherchent pas à cacher que ce qui est comparé, c’est historiquement deux mouvements, massifs et forcés, de populations : celui d’aujourd’hui avec l’intervention guerrière de la Russie, et celui des centaines de milliers de Syriens fuyant, en 2015, les bombardements de populations civiles par le régime de Bachar Al-Assad appuyé (déjà) par la Russie. L’émotion et la réaction internationales ne furent pas à la hauteur de la tragédie que vivaient les Syriens, dont cinq millions – soit environ un quart de la population — trouvaient « refuge » dans les pays voisins.

En un mot, rien de commun avec la puissance de la réaction unitaire des pays occidentaux à l’égard de la Russie. N’ayons pas peur de la vérité : à la détresse et à la souffrance de femmes, d’hommes et d’enfants fuyant l’hyperviolence d’Etat sont attachées des propriétés ethniques et confessionnelles. Cela se traduit sans fard par le propos, le 26 février sur France Culture, de Nicolas Bay, ancien responsable du Rassemblement national passé au parti Reconquête ! d’Eric Zemmour, soulignant que les Ukrainiens qui fuient les troupes russes « participent de notre espace civilisationnel ».

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