Election présidentielle : Un autre système de parrainage
Un papier du « Monde » estime qu’il faut faire évoluer le système dès le début du prochain quinquennat.
La validation par le Conseil constitutionnel, lundi 7 mars, de douze candidatures pour l’élection présidentielle des 10 et 24 avril vient clore un psychodrame de plusieurs semaines autour des parrainages. Jusqu’à ces derniers jours, deux prétendants relativement bien placés dans les sondages d’intentions de vote, Marine Le Pen et Eric Zemmour, manifestaient la crainte de ne pas obtenir les 500 signatures d’élus nécessaires pour valider leur présence lors de ce scrutin.
Un troisième candidat important, Jean-Luc Mélenchon, faisait également état de grosses difficultés alors que 42 000 élus (députés, sénateurs, maires, présidents de communautés de communes, conseillers départementaux et régionaux…) sont habilités à faire les « présentations ».
Au bout du compte, aucun de ces trois candidats n’a été empêché : Marine Le Pen a récolté 622 parrainages, Eric Zemmour 741, Jean-Luc Mélenchon 906. Les « petits » prétendants n’ont pas non plus à se plaindre. Hormis Christiane Taubira, partie trop tardivement dans la course, et François Asselineau, trop faiblement soutenu, tous sont parvenus à se faire adouber. Crédité en 2017 de 1,21 % des suffrages exprimés, le Béarnais Jean Lassalle a obtenu 642 signatures. Repêché de justesse, Philippe Poutou, le représentant du Nouveau Parti anticapitaliste (1,09 % des suffrages il y a cinq ans), pourra continuer de se mesurer avec sa rivale de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud (0,64 % des suffrages).
Le nombre relativement confortable de signatures obtenu par les plaignants les plus offensifs jette, a posteriori, le doute sur la sincérité de leurs cris. D’autant qu’à chaque campagne présidentielle le scénario se répète : les candidats les plus radicaux sonnent la charge, crient au déni de démocratie, jouent les victimes et finissent par obtenir leurs signatures en ayant au passage mobilisé leurs partisans contre un système de représentation désigné comme injuste.
Cette fois, pourtant, l’alerte a paru si sérieuse que plusieurs élus, aux antipodes de leurs convictions, se sont mobilisés pour les aider. Craignant « un accident démocratique », le président du MoDem, François Bayrou, a ouvert une sorte de banque de parrainages pour aider les candidats en difficulté. Défendant le « pluralisme démocratique », le président (Les Républicains) de l’Association des maires de France, David Lisnard, a annoncé qu’il donnait sa signature à Jean-Luc Mélenchon.
Que l’un des candidats disposant d’un nombre important d’intentions de vote ne puisse pas se présenter faute de signatures en nombre suffisant et c’est toute la légitimité du prochain scrutin présidentiel qui risquait d’être remise en cause. L’exclu aurait contesté par avance le résultat et la démocratie représentative aurait été une nouvelle fois mise en accusation.
Héritées de l’époque où le président de la République était élu au suffrage indirect par un collège d’élus, les modalités du parrainage ont fait leur temps. Plus le système des grands partis s’effondre, plus le choix de confier aux seuls élus la présélection des candidats entre en conflit avec les principes mêmes du suffrage universel direct.
En 2012, la commission Jospin avait préconisé de confier les parrainages aux seuls citoyens. Moins radical, le président du Sénat, Gérard Larcher, suggère une formule mixte alliant citoyens et élus. Faire des propositions ne suffit plus. Il faut dépasser les blocages et passer aux actes dès le début du prochain quinquennat. Faute de quoi, les candidats à la présidentielle de 2027 risquent de devenir les victimes de cette trop longue procrastination.
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