L’ Azerbaïdjan s’oppose aussi à Moscou

L’ Azerbaïdjan s’oppose aussi à Moscou

 

Bien avant que la Russie n’envahisse militairement l’Ukraine, l’Azerbaïdjan s’était rapprochée de cette dernière. Bakou est non seulement devenu un partenaire économique mais aussi un allié de Kiev, et le manifeste ces derniers jours. Par Sébastien Boussois, chercheur spécialiste du Moyen-Orient au CECID (Université Libre de Bruxelles) et l’OMAN (UQAM Montréal). ( dans la Tribune)

Tribune

Depuis le début de la guerre en Ukraine menée par la Russie, la communauté internationale fait front commun pour venir en aide au peuple et au gouvernement ukrainien. L’aide internationale commence à affluer de toutes parts aussi bien en termes humanitaires que militaires. Si l’Union européenne comme les Etats-Unis se sont engagés par milliards de dollars et d’euros et envoient déjà du matériel et des armes, d’autres pays de la région ou plus éloignés s’engagent fermement en faveur du pays agressé. Des pays comme la Pologne se sont engagés à accueillir des réfugiés. Quant à un pays plus éloigné comme l’Azerbaïdjan, dans la zone d’influence russe également, il est l’un des plus importants et parmi les premiers du Caucase à avoir promis de l’aide et déjà contribué à ce soutien. Car il y a une amitié forte entre les deux pays mais surtout des accords de coopération et de solidarité.

Cela confirme bien la bonne santé des relations aussi économiques de Kiev avec Bakou, qui s’élevaient en janvier dernier à plus d’un milliard de dollars. Objectif non dissimulé pour 2024 : les doubler, si le pays sort de la guerre évidemment. Si nous avons déjà basculé dans une autre dimension, il faut rappeler que lors d’une conférence de presse tenue entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, il y a à peine un mois et demi, les deux dirigeants avaient heureusement aussi annoncé le renforcement de leurs accords de coopération. Notamment dans les secteurs de l’agriculture mais aussi de l’énergie.

A cette occasion, Zelensky en avait profité pour renouveler son soutien au partenariat stratégique entre les deux pays, qui garantissait protection et assistance mutuelle en cas d’agression extérieure ou d’atteinte à l’intégrité territoriale d’une des deux parties. Ce dernier ne pensait sûrement pas avoir à y faire appel aussi rapidement. Logiquement, Bakou a répondu rapidement présent à l’appel depuis le début de la guerre il y a cinq jours.

L’énergie faisant partie des priorités dans cet accord, l’action suivit rapidement le mot puisque le 26 février dernier, Zelensky tweetait en remerciant déjà l’Azerbaïdjan, d’avoir donné la consigne aux stations d’essence SOCAR (azerbaïdjanaises) présentes sur le sol ukrainien de fournir gratuitement les ambulances du pays en carburant. Mais ce n’est pas tout : des médicaments étaient également en cours d’acheminement ces derniers jours par avion depuis Bakou vers Kiev[1]. Le 27 février finalement, les premiers avions militaires azerbaïdjanais atterrissaient dans la capitale ukrainienne pour apporter non seulement des médicaments, comme prévu, mais également du matériel médical pour soigner les blessés[2].

Dans la capitale azerbaïdjanaise, le complexe immobilier symbolique des Flame Towers brille chaque soir aux couleurs du drapeau ukrainien jaune et bleu. Parallèlement, de nombreuses manifestations de solidarité à l’égard des Ukrainiens ont eu lieu ces derniers jours. Bien que les Ukrainiens soit chrétiens, les Azerbaïdjanais ont toujours eu pour tradition la tolérance religieuse et le soutien aux communautés nationales en difficulté. Il n’y a pas donc pas pour Bakou de soutien tacite à un pays par affinité religieuse en situation de crise, mais bien un soutien en fonction d’accords et de relations politiques fortes déjà préexistantes avec un pays tiers. Sous influence et emprise soviétique pendant des décennies, l’Azerbaïdjan a toujours cherché à garder sa liberté face à Moscou. Il y a probablement aussi de cela dans le soutien de Bakou à Kiev : délivrer un message à l’égard de la Russie et soutenir l’indépendance de tous les anciens satellites de l’ex-URSS.

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