Guerre en Ukraine et les impostures de certains candidats aux présidentielles
Tous ceux qui se prétendaient gaulliens sont pris à revers par l’offensive menée par Vladimir Poutine. L’enjeu de la campagne présidentielle est désormais de réarmer les démocraties face aux dangers qui les menacent, observe dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».
Le déclenchement de la guerre en Ukraine au beau milieu de la campagne présidentielle française a mis le théâtre politique français sens dessus dessous. Des acteurs qui pensaient tenir le haut du pavé sont soudain pris à revers.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui espérait creuser l’écart avec ses concurrents, a le plus grand mal à justifier l’aveuglement dont il a fait preuve à l’égard de Vladimir Poutine, qu’il décrivait naguère comme une victime injustement agressée par l’OTAN. L’antiaméricanisme qui sert de grille de lecture à l’« insoumis » ne saurait tout justifier. Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts) et Anne Hidalgo (Parti socialiste), devenus les défenseurs les plus zélés du peuple ukrainien, se font fort de le lui rappeler depuis quelques jours, espérant au passage rééquilibrer un tant soit peu la balance électorale en leur faveur.
A droite et à l’extrême droite, l’explication est tout aussi musclée entre Valérie Pécresse et ses deux concurrents, Eric Zemmour et Marine Le Pen (Rassemblemant national), qui n’ont cessé de faire les yeux doux à l’autocrate, de l’excuser, de plaider sa cause. « Poutine le patriote », vantait, il y a peu, le chef de file de Reconquête !, Poutine auquel la candidate d’extrême droite avait rendu visite en mars 2017, un mois avant le premier tour de la présidentielle, pensant en faire un parrain de choix. Bas les masques !
Débusqué aussi François Fillon, qui siégeait au conseil d’administration de deux groupes pétroliers russes dont l’un proche de Vladimir Poutine. Alors que ce dernier venait de déclencher les hostilités, l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy lui trouvait encore des excuses. Ce n’est que sous l’opprobre qu’il s’est résolu à démissionner de ses mandats. Fossoyeur de la droite lors de l’élection présidentielle de 2017, il était en train de plomber la campagne de celle qui tente cahin-caha de relever le flambeau.
Rarement un événement extérieur aura autant mis à nu les acteurs et dévoilé les impostures. Les thuriféraires de la voix singulière de la France, les contempteurs de l’Union européenne (UE) sont tombés dans le piège poutinien. Ils se disaient gaulliens. Ils n’ont fait que démontrer leur coupable faiblesse à l’égard d’un dirigeant doté de l’arme nucléaire et qui n’en fait qu’à sa tête.
D’aucuns s’inquiètent que la campagne présidentielle, qui a tant de mal à prendre, puisse être phagocytée par la guerre en Ukraine. Il faut au contraire s’en réjouir car l’événement, par sa brutalité, a pour effet de remettre les pendules à l’heure. La France est devenue dangereusement vulnérable. Si elle veut compter dans les affaires du monde, elle doit s’en donner les moyens. Par deux fois sous ce quinquennat, l’alerte a sonné.
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