Environnement–santé : vers zéro pesticide

Environnement–santé : vers zéro pesticide

 

L’ensemble des acteurs de la filière bio, réuni au sein de La Maison de la bio, présidée par Pierrick De Ronne, se mobilise, dans une tribune au « Monde », pour proposer la création d’un marché de quotas pour les pesticides chimiques, à l’instar de ce qui se fait pour les émissions de CO2.

 

Tribune

L’agriculture intensive et l’utilisation massive de produits phytosanitaires dans les méthodes de production conventionnelles empoisonnent et appauvrissent les sols depuis des dizaines d’années, tout comme elles portent atteinte à la santé de nos agriculteurs et, in fine, des consommateurs et des consommatrices. Il ne s’agit pas que d’alimentation : l’agriculture est aussi à la base de la production de matières premières pour les produits d’hygiène-beauté et de santé. Ces méthodes comportent un risque réel d’atteintes irréversibles à l’environnement et au vivant.

De même que l’atmosphère ne peut pas supporter une concentration toujours plus élevée de gaz à effet de serre, les sols, les cours d’eau et la biodiversité ne peuvent absorber toujours davantage de ces produits chimiques qui les abîment et les détruisent : les études scientifiques montrent que la biodiversité est bien plus importante sur les parcelles conduites en agriculture bio. Le lien entre certains cancers et la présence de pesticides dans la nature est par ailleurs de plus en plus établi.

Le fait que la consommation de produits bio connaisse ponctuellement un léger fléchissement dans notre pays, après une croissance importante ces dernières années, n’enlève rien à l’actualité de l’enjeu : ce serait comme se réjouir de voir les émissions de CO2 repartir à la hausse.

La prise de conscience grandissante de l’importance de l’enjeu de la biodiversité, aussi critique pour l’avenir de la planète que celui du changement climatique, doit nous conduire à relever notre niveau d’exigence. Alors comment faire ?

 

Les certificats d’économie des produits phytosanitaires (CEPP), qui ont pour objectif d’inciter les acteurs du monde agricole à réduire leur consommation de ces produits, représentent une initiative pour y arriver. Néanmoins, un tel dispositif ne saurait être suffisant pour atteindre un objectif ambitieux de réduction des pesticides chimiques. Notre société doit tendre vers un objectif zéro pesticide pour préserver notre environnement et notre alimentation !

Les marchés de quotas d’émission de CO2, levier politique dans la réduction de gaz à effet de serre, peuvent représenter un modèle à suivre. En France et en Europe en tous les cas, ce dispositif a significativement contribué à la réduction de nos propres émissions, − 25 % en vingt ans pour ce qui est de la France.

Le mécanisme présente deux avantages : mettre en valeur les « externalités positives » des modèles agricoles vertueux sur le principe du pollueur payeur d’une part ; le faire via un signal universel et immédiatement compréhensible par l’ensemble des acteurs, à savoir le prix, d’autre part.

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