Environnement : Le rôle central des vers de terre dans les sols

Environnement : Le rôle central des vers de terre dans les sols

 

Si l’Etat a reconnu le rôle essentiel de ces animaux dans la fertilité et la durabilité des sols, il faut désormais aller plus loin. Notre alimentation de demain est en jeu estime, dans une tribune au « Monde », Christophe Gatineau, agronome.

 

Tribune.

 

Je concède que la cause peut paraître dérisoire, face aux multiples tourments qui ravagent notre planète, face notamment au pouvoir d’achat, à l’emploi ou à la sécurité, ou à la pandémie en cours, mais sans sols nourriciers, sans sols pour le nourrir, quand l’homme a faim, exprime-t-il dans ces moments-là sa plus belle humanité ?

Le temps presse, les vers de terre et les sols battent de l’aile, et le climat n’aide pas. Pour résumer, les vers de terre nourrissent les sols qui nourrissent les plantes qui nous nourrissent ; ou nourrissent les animaux que nous mangeons. L’affaire est donc très (très) sérieuse, puisqu’elle concerne l’alimentation de demain : notre souveraineté alimentaire.

 

Auteur de deux ouvrages sur les vers de terre, je ne vais pas ici vous vanter tous les bienfaits de leur avenir sur notre futur. Unanimement reconnus par la communauté scientifique, ils ne sont pas devenus l’un des premiers marqueurs de la biodiversité tout à fait par hasard. Et nous savons tous qu’un sol, riche en vers, est fertile, solide et vivant.

Du coup, les sols vivants sont les seuls à être autonomes et en capacité de résister au changement climatique ; les autres n’étant que des candidats à l’érosion. Et beaucoup sont déjà sur la ligne de départ. En effet, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en 2019 : « 60 % des sols mondiaux étaient dégradés à des degrés divers. » On parle bien des sols agricoles, ceux qui nous nourrissent. 25 % des sols européens sont déjà partis sur les chemins de l’érosion.

Or un sol érodé perd de sa capacité à nourrir. Moins autonome, il est plus dépendant aux soupes chimiques. La situation paraît désastreuse. Et elle l’est à une heure où la pression sur les sols est historique. A cause de la population mondiale qui atteint des sommets jamais égalés ; à cause de notre alimentation qui dépend de 95 à 100 % des sols avec nos régimes alimentaires !

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont prévu une importante baisse des rendements agricoles dans leur dernier rapport. Une baisse engendrée par le changement climatique et l’intensification des cycles de l’eau et du carbone, ce qui va encore affaiblir la capacité des sols à nourrir. Rappelons-nous : la terre qui nourrit est une denrée rare et non renouvelable, il faut au moins cent cinquante ans pour en refaire un seul petit centimètre !

 

Les vers  enrichissent la terre en matière organique, source première de leur alimentation, la rendant plus fertile. Cette matière organique prélevée en surface, mélangée par moyens et gros vers à de la terre, va être broyée au cours du transit et dégradée partiellement. Matières organiques et particules de terre vont commencer à se lier les unes aux autres. Au sortir du tube digestif le mélange est devenu bien plus riche que la terre d’origine, devenant selon l’élément minéral considéré (azote, phosphore, potassium, calcium…) de 2 à 7 fois plus concentré qu’au départ.On voit parfois ces excréments sous la forme de mini-terrils, les turricules, à la surface du gazon ou du potager. En creusant leurs galeries horizontales et verticales, les vers de terre agissent bien mieux que le jardinier et sa bêche. Les milliers de kilomètres creusés à l’hectare, essentiellement dans les 30 premiers cm du sol, sont autant de petits tunnels qui permettent l’aération du sol, sans quoi les racines et la faune du sol périraient rapidement. Ces galeries sont la voie royale souvent empruntée par les racines des plantes qui s’y développent sans avoir à forcer: la route est déjà creusée! cette aubaine est triple car la racine y trouve aussi davantage d’azote et d’oxygène que dans le reste du sol. Enfin, en cas d’excès de pluie, les galeries absorbent l’eau et permettent son évacuation par drainage, bien plus facilement qu’en sol compact, non colonisé par les vers.

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