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Archive mensuelle de février 2022

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Quelle stratégie face à Poutine ?

Quelle stratégie  face à Poutine  ?

L’attaque de grande ampleur que la Russie vient de lancer sur l’Ukraine place l’Union européenne devant ses responsabilités. Par Sylvain Kahn, Sciences Po.

 

Alors que la guerre frappe le continent européen, il est bon d’avoir les idées claires.

Dans le récit construit depuis deux mois par Vladimir Poutine pour justifier son agression militaire, le pays « Ukraine », création artificielle, serait en vérité un morceau de la Russie qui en aurait été indûment détaché.

Si tel est le cas, pourquoi l’administration Poutine, si sûre de son bon droit, n’a-t-elle pas saisi la Cour internationale de justice ? Ce tribunal onusien en charge de juger les litiges de souveraineté et les revendications territoriales internationales tourne pourtant à plein régime. Or Moscou n’a jamais réclamé justice ni porté plainte. Depuis 2014, l’État russe ne fait que passer en force.

Depuis huit ans, la Russie démembre son voisin ukrainien. Elle avait déjà annexé par la force la Crimée et soustrait de fait, par la guerre hybride (recours à la compagnie militaire privée Wagner, plus de 10 000 morts et de 50 000 déplacés), une partie du Donbass à la souveraineté de l’État ukrainien. Et les événements se sont accélérés ces derniers jours.

Le 22 février, Vladimir Poutine a reconnu officiellement l’indépendance des deux républiques sécessionnistes du Donbass – la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk -, précisant que cette reconnaissance portait sur les frontières « telles que définies dans les Constitutions adoptées par ces Républiques ». Or ces « constitutions » affirment que le territoire de chacune des Républiques autoproclamées s’étend non seulement sur les zones effectivement contrôlées par les séparatistes, mais aussi sur le reste des régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, qui restaient jusqu’ici sous contrôle de Kiev…

Dès lors, une attaque visant à récupérer la totalité de ces régions semblait inévitable. La question était de savoir si les Russes n’attaqueraient « que » ces zones des régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, ou bien s’ils iraient plus loin.

On vient d’avoir la réponse.

Le 24 février, l’armée russe a commencé à envahir et bombarder l’ensemble de l’Ukraine. Ce choix de la violence est injustifiable. Tout compromis diplomatique avec cette politique au nom d’un prétendu « réalisme » serait une compromission.

Depuis la révolution démocratique dite « Orange » en 2004, Poutine ne parvient pas à installer durablement un gouvernement pro-russe et opposé à l’UE en Ukraine, ni à la vassaliser comme il a réussi à le faire pour la Biélorussie. À défaut, il démembre ce pays de 44 millions d’habitants grand comme la France et le met sous pression pour nuire à son économie et à sa démocratie récente.

Il reste que, dans les faits, le narratif de Poutine se retourne contre lui-même. Si, comme il le prétend, le peuple ukrainien fait partie du peuple russe, alors la démocratisation de la société et du régime politique ukrainiens depuis près de 20 ans démontre que l’autocratisme et la « démocrature » qui caractérisent la Russie depuis 1999 ne sont ni une nécessité, ni un bienfait, ni une singularité civilisationnelle.

L’un comme l’autre sont une construction imposée en Russie par l’administration Poutine, son appareil coercitif et ses oligarques. Ce régime politique organise non seulement la concentration du pouvoir, mais aussi celle des richesses. La militarisation de la société y a pour fonction d’attacher idéologiquement, culturellement et matériellement une partie croissante de la société à ce nouvel ordre.

L’État poutinien a modernisé l’armée russe. Il en a fait un pilier de la société. Il en a ajusté l’efficacité destructrice dans le laboratoire grandeur nature de sa guerre en Syrie en 2015. En 2022, Poutine peut sans contestation ni délibération encercler militairement l’Ukraine en mobilisant 150 000 hommes sur un total de 1 million de soldats bien équipés, bien formés et bien payés. Puis l’envahir sans coup férir. Comme l’expliquent Isabelle Mandraud et Julien Théron, « la violence est constitutive de la présidence de Vladimir Poutine ».

L’histoire de la Russie qu’écrit Poutine est à rebours de l’évolution qu’a choisie la société ukrainienne. C’est pourquoi la majorité des Ukrainiens aspire à un resserrement des liens de tous ordres entre leur pays et l’Union européenne voire à une adhésion à celle-ci.

Cette européanisation est insupportable aux yeux de Poutine. L’UE représente une alternative bien solide et bien réelle à son modèle d’un monde violent qui méprise le droit, le pluralisme, la société civile et l’individu. Cette histoire de violence nous concerne très concrètement : l’UE partage 2 257 km de frontières avec la Russie et abrite au cœur de son territoire l’enclave de Kaliningrad sur la Baltique, équipée de missiles russes de courte portée de type SS-26.

Cette réalité n’a pas empêché des analyses affirmant que les Européens auraient manqué de sagesse et de réalisme en n’imposant pas aux Ukrainiens un statut de pays neutre sans vocation à entrer dans l’UE (actualisation du concept old school de « finlandisation » des temps révolus de guerre froide).

Finlandiser l’Ukraine, ç’aurait pourtant été décider du sort des Ukrainiens à leur place – ce qu’on reproche à Poutine de faire – tout en aidant ce dernier à atteindre et à légitimer ses objectifs de vassalisation de l’Ukraine. En soutenant l’Ukraine et en sanctionnant les dirigeants russes, les Européens ne dissuadent certes pas Poutine de déclencher la guerre. Mais ils sont, aux yeux du monde, fidèles au récit qu’ils font d’eux-mêmes, sans illusions et sans faiblesse.

Une puissance militaire et atomique membre du Conseil de sécurité, frontalière de l’UE et de l’OTAN, est en train d’envahir un pays ami et associé. Que faire ? Comment ramener l’État russe à la raison ? Comment soutenir le peuple ukrainien et son pays sans tomber dans un conflit généralisé et atroce dans toute l’Europe ? En 2022, pour agir, c’est à cette question qu’il nous revient collectivement, à nous les Européens, de trouver une réponse.

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Par Sylvain Kahn, Professeur agrégé d’histoire, docteur en géographie, Centre d’histoire de Sciences Po, Sciences Po.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Guérir la France de la maladie normative

Guérir la France de la maladie normative

Pour Marc Mossé ,est président de l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE)  président de l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE), il est nécessaire de réinventer la fabrique du droit en associant davantage les citoyens et les entreprises ( dans l’Opinion)

Le besoin de droit souffle sur notre société fragmentée dont une partie se trouve en état de défiance vis-à-vis des institutions. L’Etat de droit est sous attaque. La tentation illibérale se manifeste chez nous au point que certains professent, en 2022, la « pétainisation des esprits ». Reprenons conscience que la démocratie mérite une vigilance de tous les instants et que la préservation de l’Etat de droit exige plus que le confort émollient de l’indifférence. Face à cette crise systémique, le droit est un outil clef pour rebâtir un cadre apaisé et de confiance, avec les juristes pour architectes.

 

Prenons trois exemples de l’urgence d’agir.

D’abord, il importe de rappeler qu’il n’y a pas d’Etat de droit fort sans service public de la justice fort. La mobilisation inédite des magistrats et greffiers, soutenue par les juristes d’entreprise et les avocats le dit : les moyens du service public de la justice doivent être relevés au moins au même niveau que ceux des grandes démocraties. En parallèle, au nom de l’indépendance de la justice, il convient qu’aboutisse la révision constitutionnelle sur la nomination des procureurs. Une justice de qualité participe de la force du droit dans l’esprit des citoyens ; c’est aussi un critère de compétitivité économique. Parallèlement, il convient de donner une priorité à la qualité du droit passant par sa simplification car l’engorgement des juridictions trouve aussi sa source dans une réglementation bavarde et complexe. Puisque les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires, il est temps d’en finir avec l’insécurité juridique née de l’obésité normative.

Osons réinventer la fabrique du droit en associant davantage les citoyens et les entreprises à son élaboration. Déjà de plus en plus d’acteurs privés créent des règles contribuant à l’intérêt général ; le contrat, le droit souple, les programmes de conformité, le droit à l’expérimentation sont autant d’outils pertinents pour une régulation efficace, agile et décentralisée adossée à un droit source puissant.

«Rapports sociaux, économiques et géopolitiques sont traversés de tensions inédites décuplées par l’affaiblissement des médiations anciennes »

Ensuite, il y a les attaques contre l’Europe avec le principe de primauté pour cible. Alors que la Cour de Justice de l’UE vient de valider le mécanisme de conditionnalité liant le versement des fonds européens au respect de l’Etat de droit, certains candidats prônent un retour en arrière par la modification de l’article 55 de la Constitution prévoyant que la loi ordinaire puisse remettre en cause chaque acte de l’Union européenne. Ce serait, ni plus ni moins, un « Frexit ». Une promesse de désordre et de tensions dont les citoyens et les entreprises pâtiraient chaque jour. Au-delà de l’adieu au marché intérieur, ce serait le renoncement à une Europe puissante et souveraine capable de répondre aux enjeux immenses qui se dressent devant nous.

Enfin, il y a ce devoir de répondre aux défis des bouleversements à l’œuvre en imaginant les droits des générations futures. D’une part, la révolution industrielle numérique pose des questions vertigineuses telles celles liées au développement de l’intelligence artificielle ou aux cybermenaces. Nous voyons se dessiner de formidables opportunités d’émancipation individuelle et collective. En même temps, s’exacerbent les ressentiments de ceux qui sentent leur destin s’abîmer, s’angoissant de ne pas avoir de place dans ce « meilleur des mondes ». Ce tech-paradoxe nourrit les récits contre-révolutionnaires.

Rapports sociaux, économiques et géopolitiques sont traversés de tensions inédites décuplées par l’affaiblissement des médiations anciennes. D’autre part, le changement climatique nous confronte à l’impensé de notre finitude et oblige à ne plus tergiverser. Face au risque d’une croissance technicienne dirigeant seule le politique, le droit est un outil déterminant pour penser les nouvelles régulations favorisant un progrès responsable. Le droit peut aider à maîtriser la technique et la mettre au service de nos valeurs humanistes ; écartant ainsi la crainte d’une obsolescence de l’Homme. Faciliter les innovations durables suppose de définir un ordre juridique qui assure cohérence et créativité, rigueur et fluidité, démocratie représentative consolidée et implication des citoyens et des parties prenantes. Le droit, force créatrice et inclusive, peut contribuer efficacement à recréer une société de confiance.

Marc Mossé est président de l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE) et directeur des Affaires Juridiques et des Affaires publiques de Microsoft

Ukraine: : l’armée française pas prête !

 

Ukraine: : l’armée française pas prête !

Au moment où le conflit en Ukraine s’étend sans qu’on puisse prédire exactement quelles seront les conséquences territoriales en Europe, il est plus que temps de s’interroger sur la capacité de l’armée française à faire face à un éventuel danger du type de celui qu’affronte l’Ukraine. La réponse est claire l’armée française n’est pas prête. C’est un rapport parlementaire récent qui l’affirme , les forces armées françaises, pourtant supérieures à celles des autres pays européens, n’auraient pas les moyens de soutenir dans la durée une guerre conventionnelle de haute intensité, comme celle en cours en Ukraine.

En cause, il y a une in suffisance de financement de la politique de défense depuis des années mais sans doute aussi des erreurs stratégiques. De ce point de vue on a sans doute trop laisser les militaires décider de nos orientations. Le tout technologique a montré ses limites car les guerres récentes se livrent aussi sur le terrain. On aura sans doute d’ailleurs l’occasion de vérifier que l’enjeu de la guerre d’Ukraine concernera surtout la guérilla urbaine notamment dans la capitale .

Autre élément d’appréciation , la reculade honteuse de la force barkhane au Mali où la France n’est capable d’aligner que 5000 militaires dans un territoire grand comme l’Europe. La question est donc à la fois quantitative et qualitative. Elle mérite pour le moins un  débat élargi. Pour preuve les différents experts, les militaires qui défilent sur des chaînes de télévision ne sont guère éclairant sur les scénarios d’avenir en Ukraine et sur les conséquences en matière de défense pour la France et l’Europe. Ces insuffisances ont été en partie relevée dans un rapport parlementaire. Après avoir procédé à plus de 50 auditions en commissions, les députés Jean-Louis Thiériot (LR) et Patricia Mirallès (LREM) ont dressé le 17 février un tableau des forces – et des nombreuses faiblesses -, de l’armée française en cas de guerre conventionnelle de grande ampleur, comme celle en cours en Ukraine .

La conclusion est plutôt préoccupante. « La France et ses voisins européens font face ensemble à un risque de déclassement stratégique », estiment les deux rapporteurs, tout en soulignant « les solides atouts » dont dispose notre pays. Pour éviter cela, un gros effort supplémentaire, de 40 à 60 milliards d’euros sur 12 ans serait nécessaire, estime les députés, sachant que le budget des armées en 2022 est déjà de 41 milliards d’euros.

Covid France 26 février 2022 : baisse avec 58 138 nouveaux cas encore 24 heures

Covid France 26 février 2022 : baisse avec 58 138 nouveaux cas encore 24 heures

 

vendredi 25 février 2022 , baisse avec 58 138 nouveaux cas encore 24 heures

On recense ce vendredi 25 février 2022 137.958 morts au total, +188 morts supplémentaires. Le nombre de décès en EHPAD et EMS fait état de 28.121 (0) décès au total. Le nombre total de décès en milieu hospitalier est lui de 109.837 (+188 en 24h).

Le taux de reproductivité R est de 0,57 le taux d’incidence à 719,21 et la tension hospitalière à 50,3 %. Le taux de positivité est à 18,7 %.

La France compte actuellement 25.484 (-634) personnes hospitalisées et 2.546 (-110) malades en réanimation.

Selon les données de Santé Publique France, Découvrez le bilan des différentes régions françaises et leur évolution :

  • Ile-de-France : 5.110 (-116) hospitalisées, 538 (-19) en réanimation et +28 décès en 24h
  • Grand Est : 2.134 (-30) hospitalisés, 220 (-11) en réanimation et +20 décès en 24h
  • Hauts de France : 2.255 (-78) hospitalisés, 215 (-16) en réanimation et +17 décès en 24h
  • Auvergne Rhône Alpes : 2.922 (-57) hospitalisés, 279 (-9) en réanimation et +23 décès en 24h
  • Provence-Alpes Côte d’Azur : 2.724 (-63) hospitalisé, 306 (-12) en réanimation et +21 décès en 24h
  • Bretagne: 1.028 (-23) hospitalisés, 72 (+2) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Normandie : 1.400 (-43) hospitalisés, 99 (-3) en réanimation et +6 décès en 24h
  • Nouvelle-Aquitaine : 1.944 (+5) hospitalisés, 184 (-9) en réanimation et +13 décès en 24h
  • Pays de la Loire : 802 (-46) hospitalisés, 70 (-8) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Occitanie: 2.258 (-54) hospitalisés, , 249 (-12) en réanimation et +19 décès en 24h
  • Centre-Val de Loire : 921 (-33) hospitalisés, 86 (-3) en réanimation et +12 décès en 24h
  • Bourgogne-Franche-Comté : 1.061 (-72) hospitalisés, 103 (-8) en réanimation et +10 décès en 24h

 

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