Poutine veut tuer la démocratie en Ukraine

 Poutine veut tuer la démocratie en Ukraine 

Le vice-président de la Commission européenne Josep Borrell rappelle, dans une tribune au « Monde », que l’Union européenne refuse toute confrontation avec le peuple russe. Il exhorte les pays européens à l’union, à s’« armer moralement », à se « protéger économiquement » et à « se préparer au pire ».

 

De nouveau, sur le territoire européen, une grande puissance mène une guerre d’agression contre un voisin pacifique et démocratique. Et cette puissance dispose d’armes nucléaires qu’elle n’exclut pas d’utiliser contre ceux qui viendraient en aide au peuple ukrainien. Cette agression a d’ores et déjà causé des milliers de morts.L’ampleur de l’invasion montre que l’intention de Vladimir Poutine est bien d’occuper le pays, d’y détruire la démocratie et d’installer un gouvernement fantoche à Kiev. Ce qui est en question, c’est donc la survie de l’Ukraine en tant qu’Etat indépendant, une menace très grave pour la sécurité européenne.

Les inquiétudes exprimées par la Russie en matière de sécurité n’étaient visiblement qu’un prétexte visant avant tout à protéger le régime russe d’une contagion démocratique. Ce qui explique cette agression n’est en effet ni la défense des minorités russophones, ni l’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’OTAN, ni le déploiement imaginaire d’armes nucléaires aux frontières de la Russie. Le fond de l’affaire réside dans la nature de plus en plus autoritaire du régime de Vladimir Poutine, dans sa conviction profonde que l’extension de la liberté et de la démocratie à ses frontières constituerait une menace existentielle pour son pouvoir. Il s’agit pour lui de siffler la fin de la récréation démocratique de l’Ukraine, un acte bel et bien prémédité.

Après avoir écouté le président Zelensky s’adresser au Conseil européen, je ne peux pas m’empêcher de penser à un précédent que je peine à formuler mais qui s’impose à moi : celui de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1938 par Adolf Hitler.

Pourtant, malgré les informations dont nous disposions sur la préparation de cette agression, nous espérions pouvoir éviter une guerre ouverte contre l’Ukraine. Nous préférons toujours, en effet, une paix négociée à la guerre, le dialogue, même rugueux, à la confrontation, la raison à la passion violente et l’accommodement, même provisoire, au déchirement irréversible. Et nous espérions qu’un chef d’Etat qui nous disait officiellement et solennellement que jamais il n’envahirait l’Ukraine respecterait sa parole.

Invasion par Hitler

L’Union européenne s’est construite, en effet, sur le refus de la guerre, et nous avons progressivement chassé son spectre de notre esprit. Certes, nous avons déjà eu à affronter en Europe des guerres et des conflits. Certains d’entre eux ont provoqué de terribles souffrances, comme pendant la désintégration de l’ex-Yougoslavie. Mais aucun n’avait la gravité de celle-ci, avec un agresseur surarmé, doté d’armes nucléaires et déterminé à détruire une nation dont il nie jusqu’au droit à l’existence.

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