La problématique du pouvoir d’achat
L’économiste Jérôme Mathis observe, dans une tribune au « Monde », que l’escalade des mesures pour « sauver » le pouvoir d’achat dissimule la nécessité d’un débat de fond sur notre façon de produire et de consommer.
La problématique du pouvoir d’achat est particulièrement complexe parce qu’elle lie plusieurs variables macroéconomiques. A commencer par l’inflation, qui, selon les prévisions de la Banque de France, sera de 2,5 % cette année et de 1,5 % les deux années suivantes. Promettre une hausse du pouvoir d’achat équivaut donc à s’engager au cours des trois prochaines années à hisser le revenu des Français d’au moins 5,5 %, ne serait-ce que pour contrer les effets de l’inflation.
L’impôt et les cotisations sociales jouent aussi un rôle. Certains candidats appellent à un allégement fiscal en vue d’augmenter le revenu disponible des ménages. Cela occulte la trajectoire récente de notre économie. A présent que la crise de la Covid-19 s’éloigne, nous sommes censés renflouer les caisses de l’Etat, qui ont largement financé le filet de protection sociale déployé pour amortir la chute de l’économie. Y renoncer pourrait menacer notre capacité à absorber un choc futur et, en tout état de cause, ne ferait qu’alourdir la dette publique qui pèse sur les épaules des jeunes générations.
Les salaires sont également au centre de l’attention. Le réflexe naturel est de vouloir les augmenter, en particulier les plus modestes. Il convient toutefois de ne pas renchérir le coût du travail. Car, selon l’Observatoire des inégalités, la première cause de pauvreté dans notre pays est le manque d’emploi. Revaloriser le smic améliore le quotidien des personnes peu qualifiées qui occupent actuellement un emploi, mais pénalise celles qui sont au chômage.
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