Intox économique: qui est responsable ?

Intox  économique: qui est responsable ?

 

 

Les fake news financières prolifèrent et une question agite le monde des médias : au-delà des hackers et des activistes de la désinformation, qui de l’entreprise émettrice ou des journalistes doit en être tenu responsable ? Quelles réponses et solutions concrètes peut-on apporter? Par Jérôme Lascombe, président de Wiztopic et cofondateur de Wiztrust.

 

En 2021, les fausses informations ont connu un essor sans précédent. On se souvient notamment des hackers ayant diffusé la fake news selon laquelle Walmart allait utiliser le Litecoin, pour manipuler le marché des cryptomonnaies et faire une grosse plus-value. Ou encore du groupe d’activistes qui, en avril, relaie l’information selon laquelle Galp abandonne sa participation dans le nord du Mozambique, afin de dénoncer les pratiques jugées peu éco-responsables du groupe pétrolier portugais.

Qu’il s’agisse de hackers ou d’activistes, chacun s’accorde à pointer ces acteurs comme les premiers responsables de la publication de ces fausses informations. Mais dans un contexte où ces acteurs sont insaisissables, une question devient de plus en plus prégnante : qui, de l’entreprise émettrice de l’information ou du média qui la relaye, doit aussi assumer une part de responsabilité dans la publication de ces fake news ?

D’un côté, les médias connaissent un afflux d’informations à traiter et à diffuser jamais connu auparavant. Face à cet amas de communiqués de presse, bon nombre de journalistes peinent à jongler entre la vérification de l’authenticité de l’information et la nécessité de la publier au plus vite. Ce phénomène est amplifié pour les agences de presse financière qui publient en temps réel.

En France, la jurisprudence montre la responsabilité des médias dans ces situations. On peut notamment citer la condamnation de l’agence Bloomberg qui, après avoir repris un faux communiqué de presse en novembre 2016, avait été condamnée en première instance par l’Autorité des marchés financiers (AMF) puis en appel à payer une forte amende.

D’un autre côté, l’AMF décrit ce qu’elle attend des entreprises émettrices d’informations dans l’article 221-4 de son Règlement Général. Celui-ci indique que « L’information réglementée est transmise aux médias dans son intégralité et d’une manière qui garantisse la sécurité de la transmission, minimise le risque de corruption des données et d’accès non autorisé et apporte toute certitude quant à la source de l’information transmise« .

De ce point de vue, l’entreprise émettrice a aussi des obligations en termes de sécurité et de traçabilité de son information, ne serait-ce que pour éviter que ces actionnaires fassent les frais d’une fake news. De fait, elle a une part de responsabilité si elle n’adopte pas de bonnes pratiques. Sans compter le fait que les wires, systèmes de diffusion de communiqués de presse, sont souvent considérés par les entreprises et par les médias comme des canaux assurant l’authenticité des informations… alors que ce n’est pas leur rôle.

La responsabilité de la publication des fake news dans le secteur économique est donc un vrai sujet, où toutes les parties prenantes de l’information peuvent être mises en cause, de l’émetteur de ces informations aux médias, en passant par les entreprises et les wires qu’elles utilisent. L’accélération du temps des médias et la diffusion des communiqués de presse de manière archaïque, via des boîtes emails non-sécurisées, créent un terrain idéal  pour hackers et activistes, qui s’emparent de cette situation pour manipuler les cours ou secouer la réputation des entreprises.

Mais si les nouvelles technologies sont à l’origine du phénomène, c’est aussi par elles que l’on peut trouver une solution. Certains médias et entreprises adoptent des solutions de certification basées sur la blockchain permettant de réduire drastiquement le risque de publication de fausses informations.

Côté entreprise, la blockchain permet de tracer une information, donc d’en authentifier la source, et de pouvoir confirmer qu’un communiqué de presse n’a pas été altéré. Côté média, elle permet de vérifier en temps réel l’émetteur de l’information. De quoi lutter contre les hackers et les activistes, sans alourdir les process des différentes parties prenantes de l’information.

C’est donc bien dans la blockchain qu’émergent les solutions les plus pérennes à ce souci de fake news. L’idée ? Utiliser cette technologie pour offrir aux investisseurs et aux médias la possibilité de vérifier en temps réel l’authenticité des informations qu’ils diffusent. Le tout pour, in fine, protéger leurs actionnaires de la désinformation, leurs dirigeants d’une usurpation d’identité, et remettre la responsabilité judiciaire de la fausse information entre les mains du réel coupable : le créateur de la fake news lui-même.

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