L’expert Michel Goya fait l’hypothèse que Ukraine pourrait devenir la nouvelle Tchétchénie pour la Russie (sur LCI)
Combien de temps va-t-il falloir à l’armée russe pour conquérir toute l’Ukraine ? C’est un pays plus grand que la France, 600.000 kilomètres carrés…
Michel Goya : L’armée russe n’a pas forcément besoin de conquérir toute l’Ukraine. Elle peut s’emparer de Kiev, des villes principales, elle peut, c’est son objectif premier, « libérer » selon ses termes le Donbass, le sud du pays. Et ça, ça peut durer quelques semaines. Si on prend comme référence les combats qu’il y a déjà eus en 2015, qui étaient déjà très violents, dans le Donbass, on peut établir qu’en trois semaines, un mois, l’armée russe pourrait avoir atteint tous ses objectifs.
Depuis 2014 et le changement de régime en Ukraine, les États-Unis, notamment, ont donné beaucoup d’argent pour reconstruire une armée ukrainienne. Que vaut-elle aujourd’hui ?
C’est une armée faible, même sur le papier. Il y a beaucoup de volume, mais en réalité, c’est une armée qui n’a pas réussi à se moderniser, à se restructurer, se professionnaliser. En termes de chiffres, l’unité de compte, c’est un peu le bataillon mécanisé, blindé. Les Russes en ont déployé 120 modernes qu’ils savent très bien utiliser. Si les Ukrainiens arrivent à en déployer une quarantaine, ce sera un grand maximum, sachant que les Russes dominent tous les espaces vides, l’espace aérien, la mer, le cyberespace et l’espace tout court. Donc, ils ont une maîtrise de l’ensemble du champ d’opération et ils ont des colonnes blindées avec une puissante artillerie, des lance-roquettes multiples qui frappent à des dizaines de kilomètres, guidés par drones. Et ces colonnes blindées sont lancées sur les différents axes et différentes routes, visiblement en direction de Kiev et visiblement aussi à partir des républiques autoproclamées, et peut être également en direction de Kharkov.
Tenir ce pays pendant des mois ou des semaines, est-ce que c’est envisageable ? On a vu l’exemple de l’Afghanistan, très compliqué pour les États-Unis et pour l’Union soviétique il y a une trentaine d’années. Qu’est-ce qu’il faudrait à la Russie pour le faire, et peut-elle le faire ?
Elle peut le faire. Tout dépend en réalité de la résistance qui pourrait surgir éventuellement dans la population. La Russie a annexé la Crimée, il n’y a pas de guérilla là-bas, mais si son objet, c’est de contrôler l’ensemble de l’Ukraine, oui, il peut se développer des mouvements de guérilla et dans ce cas-là, cela peut être très compliqué et cela peut être surtout extrêmement violent. Et on peut se retrouver avec une situation proche de celle de la Tchétchénie.
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