Société: On a les politiques qu’on mérite ?
La politologue Chloé Morin tente d’humaniser les politiques pour les disculper des exigences intenables auxquelles ils seraient désormais soumis. Un exercice limite.
Un point de vue qui n’est pas sans intérêt mais qui fait l’impasse sur la raison fondamentale à savoir l’obsolescence du système démocratique. NDLR
C’est un exercice périlleux auquel s’attelle Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean Jaurès et spécialiste de l’opinion publique : nous faire toucher l’humanité d’hommes et de femmes politiques pour démontrer le danger qu’il y a à trop exiger d’eux. On a les politiques qu’on mérite est à mi-chemin entre le recueil d’entretiens et l’analyse. A l’occasion, il ne néglige pas la provocation.
« Il est impopulaire, voire sans doute un peu indécent, d’affirmer que la vie des élus et de leurs collaborateurs est une vie professionnelle qui peut s’avérer difficile. Psychologiquement, c’est incontestable, mais parfois aussi physiquement et financièrement », soutient l’autrice, en convoquant deux des figures les plus décriées de la vie politique française : Isabelle Balkany d’un côté, Manuel Valls de l’autre, auprès duquel elle a travaillé au ministère de l’intérieur pendant plusieurs années. « La confiance est le carburant des hommes et des femmes politiques. (…) Comment réagir lorsqu’elle est supplantée par l’indifférence, par la détestation ? » La politologue tente moins de formuler des solutions que de faire ressentir l’épuisement d’un système et de ses incarnations.
Ne pas voir ses enfants, vivre dans la peur des agressions, de la petite phrase sortie de son contexte… Chloé Morin fait la liste des nombreux désavantages de la vie d’élu. La parole politique est accueillie sans filtre. Ce qui amène des aveux intéressants, par exemple de la part de Myriam El Khomri : « J’ai été vue comme une incapable, une marionnette. C’est terrible. Ça me collait à la peau. » Mais permet aussi à certains de ses interlocuteurs de dérouler sans ambages un discours de campagne. Emmanuel Macron lui répond ainsi par écrit : « Si j’avais choisi la facilité, je n’aurais pas quitté mon métier, je n’aurais pas démissionné de la fonction publique et (…) créé mon propre mouvement pour rompre avec un système politique à bout de souffle. »
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