Environnement : un bilan très décevant de Macron
Entre les différents ministres qui se sont succédé au poste, la communication sur le sujet, les avancées et les renoncements, franceinfo remonte le fil. ( extrait)
L’écologie n’est pas dans l’ADN d’Emmanuel Macron. « C’est un ancien inspecteur des finances qui croit en l’Etat, un Etat productiviste », rappelle Bruno Cautrès, chercheur au CNRS. « Il a un côté Saint-Simonien. Il croit dans l’industrie, le progrès et la technique. » Pourtant, Emmanuel Macron va vite se rendre compte de l’importance de la question écologique et de son intérêt politique. « On voit bien dans son parcours et dans sa campagne que ce sujet n’est pas au premier plan, mais une fois à l’Elysée, il se rend compte que c’est un enjeu important, relève le politologue Daniel Boy. Surtout qu’une partie des écolos a voté pour lui, il faut donc dorloter cet électorat-là. »
« L’écologie est le combat du siècle », martèle-t-on à l’Elysée. Emmanuel Macron veut afficher son leadership sur le sujet et s’oppose, par exemple, à Donald Trump en 2017, après l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris, en lançant « Make Our Planet Great Again » (« Rendre sa grandeur à notre planète ») pour attirer les chercheurs étrangers en France.
« Du simple affichage », accuse-t-on chez EELV. « Il n’a fait que la com’ : le ‘Make Our Planet Great Again’, le One Planet Summit ou le conseil de défense écologique créé à quelques jours des élections européennes pour envoyer des clins d’œil à l’électorat écolo… », fustige le patron des Verts, Julien Bayou. « Il utilise l’écologie pour alimenter sa stratégie politique. Il aurait pu être un Kennedy du climat et il ne l’a pas été du tout », renchérit le député écologiste Matthieu Orphelin, ex-LREM.
« C’était un coup politique assez habile », estime Daniel Boy. En mai 2017, Nicolas Hulot entre au gouvernement comme ministre de la Transition écologique et solidaire. Une grosse prise pour Emmanuel Macron, qui donne un visage médiatique et populaire à la lutte contre le dérèglement climatique. L’écologiste, ancien animateur de l’émission « Ushuaia », avait pourtant refusé toutes les offres que lui avaient faites les anciens présidents. Sa nomination suscite beaucoup d’espoirs, qui seront vite déçus.
« Malheureusement, sur l’écologie, cette valse des ministres, c’est assez habituel, on a souvent une instabilité chronique », remarque Matthieu Orphelin.
Les avancées enregistrées lors du quinquennat sont totalement éclipsées par les reculades et les loupés, accuse Greenpeace, qui dénonce un »bilan catastrophe ». « Un pas en avant, deux pas en arrière », juge de son côté Réseau action climat (document en PDF). Du côté des promesses non tenues, on peut citer le doublement de la capacité des énergies éolienne et solaire, la définition d’un calendrier prévoyant l’élimination progressive des pesticides ou l’interdiction des perturbateurs endocriniens.
La volte-face sur l’interdiction du glyphosate est également considérée comme un renoncement majeur du quinquennat. Fin 2017, Emmanuel Macron avait assuré que la France interdirait le glyphosate au plus tard fin 2020.
Le quinquennat d’Emmanuel Macron est également marqué par des condamnations de l’Etat français dans des dossiers environnementaux. Dans l’ »Affaire du siècle », la France a été condamnée en 2021 pour son inaction climatique. En octobre de cette même année, l’Etat a été condamné à prendre »toutes les mesures utiles », d’ici le 31 décembre 2022, pour réparer le préjudice causé par le non-respect de ses engagements pour le climat.
Les condamnations judiciaires pointent toutes dans une même direction : le non-respect de l’accord de Paris, signé lors de la COP21, en 2015. Avec ce texte, l’Hexagone s’est doté d’une feuille de route pour le climat : la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). L’objectif principal est de réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, et de parvenir à la neutralité carbone en 2050. Mais la France est loin du compte. Emmanuel Macron l’a concédé lui-même, lors d’une déclaration à l’occasion des cinq ans du texte.
« Il faut regarder les choses en face : pour ce qui est des émissions de CO2, nous ne sommes pas aujourd’hui au rendez-vous. »
Après la COP26, qui s’est tenue à l’automne 2021, le HCC s’est penché sur les décisions prises lors du sommet et leurs implications pour la France. L’organisme indépendant a dressé un bilan sévère des engagements climatiques.
« La somme des nouvelles ambitions ne permet pas de limiter le réchauffement [selon les objectifs de l'accord de Paris]. »
Pour compenser ce retard, le HCC estime que la France devra « pratiquement doubler » la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Pour rectifier le tir, Emmanuel Macron, qui défend à la fois l’atome et les énergies renouvelables, a récemment annoncé plusieurs mesures : l’implantation de 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050, la construction de six nouveaux EPR de nouvelle génération (EPR 2) et l’étude de la mise en chantier de huit autres, ainsi que la prolongation au-delà de 50 ans de « tous les réacteurs qui peuvent l’être ».
Au total, seules 10 des 149 propositions de la CCC, Une convention au demeurant assez confuse ,ont été reprises telles quelles dans le projet de loi « Climat et résilience ». Face à ce constat, les participants présents au moment de tirer le bilan de cette CCC ont attribué des notes catastrophiques au travail du gouvernement sur la prise en compte de leurs propositions. Le Parlement a finalement adopté le texte le 20 juillet 2021. Si le gouvernement a vanté un « tournant écologique », les ONG et la gauche l’ont critiqué pour son « manque d’ambition ».
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