Election et pouvoir d’achat : jeu de dupes ?
Les propositions des candidats à l’élection présidentielle pour améliorer instantanément les revenus des Français sont soit irréalistes, soit un jeu de dupe, explique, dans sa chronique, Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».
« En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ! » Les plus âgés d’entre nous se souviennent de ce slogan publicitaire de 1974, lorsque le gouvernement d’alors voulait encourager les économies d’énergie pour surmonter le premier choc pétrolier. Aujourd’hui, on n’a toujours pas de pétrole, mais on a pléthore de « candidats du pouvoir d’achat ».
Dans cette campagne présidentielle, tous cherchent à s’improviser créateur de richesses pour tenter de soulager le portefeuille des Français, qui subissent les effets de l’envolée des prix de l’énergie et des produits de première nécessité.
Alors que la dernière ligne droite avant le scrutin se profile, les électeurs devraient prendre conscience que la capacité d’un président de la République à améliorer le pouvoir d’achat reste, somme toute, limitée.
Evidemment, quand plus d’un Français sur deux cite ce sujet comme étant sa principale préoccupation, il est électoralement impossible de faire l’impasse. A ce stade, les programmes se divisent en deux catégories. La gauche opte pour une hausse spectaculaire du salaire minimum. La droite pour une réduction des charges sociales. L’une est irréaliste, l’autre revient purement et simplement à un jeu de dupe.
Concernant la première option, notons d’abord que la France est l’un des pays où le salaire minimum corrigé des différences de niveau des prix et de durée du travail est le plus élevé. Ensuite, le groupe d’experts sur le smic, qui est chargé d’élaborer des recommandations pour le gouvernement, rappelle qu’une « hausse des salaires supérieure aux gains de productivité accroît les coûts de production des entreprises, qui doivent réduire l’emploi, ou augmenter leurs prix de vente et, partant, perdre en compétitivité-prix, ou encore réduire leurs marges, ce qui pénalise leur capacité à investir et à innover. »
En clair, les effets d’une forte revalorisation du smic ne seraient qu’un feu de paille qui pourrait même avoir des effets contre-intuitifs sur le pouvoir d’achat. A cela s’ajoute un phénomène d’écrasement de la hiérarchie des salaires au détriment des emplois plus qualifiés. Pour rappel, la France fait partie des nations dans lesquelles l’écart entre le salaire minimum et le salaire médian est le plus faible.
L’autre option consiste à supprimer une partie des cotisations sociales pour augmenter le salaire net. Le procédé n’est pas nouveau, mais les candidats font assaut de créativité pour le remettre au goût du jour.
La candidate du parti Les Républicains Valérie Pécresse veut, par exemple, baisser les cotisations vieillesse de 2,4 % pour augmenter les salaires nets de 3 %. Le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, lui, veut réduire le taux de contribution sociale généralisée (CSG) de près de sept points pour les salaires jusqu’à 2 000 euros. Enfin, Marine Le Pen, qui porte les couleurs du Rassemblement national, envisage d’exonérer les entreprises de cotisations patronales sur les 10 % d’augmentation qu’elles accorderaient à tous leurs salariés qui gagnent jusqu’à trois fois le smic.
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