Le prix des valeurs ou la valeur des prix ?
Deux économistes, Thesmar et Landier livrent, dans leur essai, l’analyse d’un sondage mené auprès d’un échantillon de Français, d’Allemands et d’Américains sur leurs préférences « économico-morales ».( Le Monde)
Livre.
Deux économistes libéraux de pure obédience, Thesmar et Landier , auteurs en 2008 d’un opus remarqué de réhabilitation de l’économie de marché en France (Le Grand Méchant Marché, Flammarion), proposent soudain un aggiornamento à eux-mêmes et à leurs confrères. Pour nos auteurs, depuis Adam Smith, au XVIIIe siècle, les économistes ont appris à séparer rigoureusement la morale de l’économie, l’intérêt individuel de la préférence collective. S’ils couvrent tout le spectre idéologique, la majorité d’entre eux partage comme conviction première que seule une économie de marché efficace permet d’enrichir un pays, à charge pour l’Etat de redistribuer cette manne avec justice sans détruire le moteur de la croissance. Ce que Thesmar et Landier appellent « le cercle de la raison universaliste ». Une élite internationalisée qui prétend tracer à coups d’équation le chemin du bien commun.
Or les gens ont des valeurs et les placent souvent au-dessus des considérations économiques. Ils se disent par exemple prêts à payer plus cher leur billet de train si l’entreprise qui le fabrique est locale, ou à plébisciter des rentes de situation très inégalitaires, comme l’héritage, pour maintenir un lien social ou leur sentiment de liberté. Ces découvertes ne sont pas nouvelles. Depuis Emile Durkheim, l’inventeur de la sociologie moderne à la fin du XIXe siècle, beaucoup d’économistes se sont penchés sur la question des préférences individuelles et collectives. D’autres, plus récemment, ont exploré les voies de l’économie comportementale en confrontant les connaissances en psychologie cognitive à la raison économique. David Thesmar et Augustin Landier empruntent ces voies et posent une question d’économiste : combien les gens sont-ils prêts à payer pour leurs valeurs ?
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