Une émission de Public Sénat victime de censure ?

Une émission de Public Sénat victime de censure ?

 

Un collectif d’intellectuels et de spécialistes de la communication demande dans une tribune au « Monde »  à la chaîne Public Sénat de revenir sur sa décision de licencier la journaliste Hélène Risser, créatrice de l’émission #Hastag, sur l’usage des mots et du discours en politique.

 

Tribune. 

En tant qu’intervenants-invités, réguliers ou ponctuels, de l’émission #Hashtag de Public Sénat – et antérieurement, de Déshabillons-les –, nous regrettons la disparition de cette émission. Disparition de facto, impliquée par le licenciement en janvier 2022 de d’Hélène Risser, créatrice de son concept,rédactrice en chef et présentatrice. [Un différend oppose le président de la chaîne, Christophe Baldelli, à la journaliste. Un documentaire est à l’origine de ce litige.]

Conçue en 2007 par Hélène Risser dans la foulée de la présidentielle qui a vu l’accession de Nicolas Sarkozy au pouvoir, l’émission reposait sur un principe absolument inédit : croiser les regards de spécialistes des sciences humaines et sociales – sémiologues, psychanalystes, linguistes, historiens, politistes, philosophes – avec ceux des communicants observateurs de la vie politique ou engagés dans son combat en tant que conseillers en communication, pour mieux comprendre la manière dont le personnel politique au sens large use des mots, des situations et des symboles pour assurer l’efficacité persuasive de son activité dans la cité.

Cette émission, passée hebdomadaire en 2009, est rapidement devenue un rendez-vous phare de la chaîne : vous connaissez mieux que nous le succès, plus qu’honorable, d’une émission qui ne se soucie aucunement de complaisance. La diversité des points de vue appelant la diversité des sujets, #Hashtag, comme Déshabillons-les, a assumé le mot fameux de Roland Barthes : « Tout a un sens ou rien n’en a ». Qu’il s’agisse de « l’étonnante défense du nucléaire », des « mots de la droite… isation » ou de « la face cachée des émoji », chaque semaine, on entre dans l’inattendu parce qu’on se trouve dans la quotidienneté effective du politique.

De plus, la mise en abyme qui a consisté à mettre en image la réaction des personnalités politiques à leur image et au commentaire de leur image a été un prolongement brillant de l’idée initiale, auxquels les téléspectateurs ne se sont pas trompés : plus d’un million parfois de vues, ce qui est considérable pour ce type de programme ; et ce qui est surtout un bon signe sur l’état d’esprit, ou plutôt l’attente d’esprit, de nos concitoyens.

Le choix de la polyphonie analytique est donc la signature de cette émission unique. Elle garantit la bonne distance, bien le plus précieux aujourd’hui dans un paysage médiatique tourmenté par la rage de l’immersion dans un point de vue exclusif. Le talent d’Hélène Risser est est de savoir reconnaître et de gérer, dans le temps contraint d’une émission, ces perspectives diversifiées.

 

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