Banque centrale européenne et taux d’intérêt: en attendant Godot !
Une nouvelle fois la BCE a choisi l’attentisme pour faire face à une inflation galopante qui pourrait bien à la fin tuer le pouvoir d’achat des entreprises et des ménages.
Comme d’habitude, Christine Lagarde a fait preuve d’une prudence habituelle chez elle qui consiste surtout à s’aligner le moment venu sur le mouvement majoritaire plutôt que de l’anticiper.
La BCE prévoit que l’inflation refluera dans les prochains mois et reviendra en 2023 puis en 2024 juste en dessous de son objectif de 2%. Mais certains dirigeants de la banque centrale ne cachent pas leurs doutes sur la validité de ce scénario, en s’appuyant sur le fait qu’elle a dû à plusieurs reprises revoir à la hausse ses prévisions d’inflation.
« Cette approche attentiste contraste avec les attentes du marché, qui tablait sur des hausses de taux d’intérêt dès cette année. Cela pourrait accroître la divergence avec les investisseurs qui voient la position de la BCE augmenter le risque sur les actifs obligataires. Compte tenu de l’incertitude sur l’évolution des prix de l’énergie et de possibles nouveaux effets inflationnistes créés par les tensions sur les marchés du travail, il y a des risques que l’inflation persiste, appelant éventuellement à une hausse des taux en 2023″, indique Pietro Baffico, économiste chez abrdn.
En vérité la BCE suivra sans doute le mouvement mais le moment venu. « Face à des taux directeurs moyens anticipés proche des 1.00% dans un an pour le G10, Christine Lagarde a laissé la porte ouverte à toutes les options possibles pour 2022. C’est donc possiblement le début d’un revirement monétaire et dans ce contexte les taux courts ont monté de près de 12 points de base. Le mimétisme pourrait donc finalement pousser la BCE à sortir de son isolement monétaire », anticipe pour sa part Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire chez CANDRIAM.
S’il paraît évident qu’une brutale hausse des taux d’intérêt serait de nature à tuer la dynamique de croissance ( accessoirement à mettre en faillite certains Etats très endettés), inversement ne pas contrôler l’inflation constitue une manière d’amortir la politique de liquidités très accommodante et de la faire payée à travers une baisse de fait des revenus du travail, de l’épargne et des retraites.
La difficulté est évidemment de trouver le bon équilibre dans la bonne progressivité mais certainement pas dans l’attentisme……En attendant Godot !
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