Dépendance et aides à domicile : Un manque de considération et de valorisation
Le manque de reconnaissance envers les professionnels de l’accompagnement risque d’entraîner une grave fuite de personnel, alertent Luc Carvounas, président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale, et Marie-Reine Tillon, présidente de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles, dans une tribune au « Monde ».
Tribune.
Les révélations parues dans le livre de Victor Castanet, Les Fossoyeurs (Fayard, 400 pages, 22,90 euros), sont consternantes. Elles posent de nombreuses questions sur l’accompagnement de nos aînés, son financement, son organisation. De fait, si certains gestionnaires d’Ehpad privés commerciaux aux pratiques inadmissibles ont ainsi défrayé la chronique, ces révélations rappellent que l’autonomie de tous est une question de société et de citoyenneté. On ne saurait la cantonner à la seule dimension de l’hébergement. Pour mémoire, l’accompagnement de nos aînés se fait d’abord et surtout à domicile. Si ce dernier est organisé de manière bien différente qu’en établissement, il renvoie néanmoins à des enjeux transversaux tels que les besoins en personnels et la valorisation des métiers du prendre-soin. Or, de nombreuses marges de progrès demeurent.
Les différents plans gouvernementaux qui ont fait de l’accompagnement à domicile une ambition politique depuis près de vingt ans reposent ainsi sur l’implication de plus de 550 000 salariés, essentiellement des femmes. Or, toutes ne sont pas logées à la même enseigne. Des différences de statuts subsistent entre les aides à domicile, selon qu’elles travaillent pour les secteurs associatif, privé ou public. A métier et compétences égales, les professionnels du secteur public sont aujourd’hui pénalisés de manière injuste et flagrante.
Le maintien à domicile est plébiscité et vanté pour ses atouts, et ce sans avoir besoin des comparaisons avec les pratiques scandaleuses de l’hébergement en établissement. Il concourt à la mise en œuvre d’une politique plus inclusive pour les personnes en situation de handicap. Certes coûteux en matière de politiques publiques (crédit d’impôt, exonération de charges sociales), il génère également des recettes fiscales et de l’activité économique non délocalisable.
Les perspectives démographiques rendent nécessaires des investissements en matière d’adaptation des logements, d’aides à la mobilité, de services mais aussi de formation d’intervenants en nombre suffisant. Pour rappel, le rapport Libault de 2019 estime les besoins du secteur à plus de 150 000 emplois en équivalents temps plein du fait du seul vieillissement de la population d’ici à 2030.
Les élus locaux sont bien placés pour prendre la mesure de ces constats. Ils le sont au titre de leur mission de prévention, de réponse aux besoins d’équipements et de services de proximité, et ce en coordination avec leurs partenaires associatifs. Ils le sont plus encore au regard de leur rôle de maintien du lien social entre et envers leurs habitants, et parmi eux les plus âgés.
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