Primaire populaire : Un parti politique de plus !
Candidate de plus à gauche, Christiane Taubira compte comme les autres sur les sondages pour faire la différence dans un processus darwinien qui n’a rien à voir avec une dynamique de rassemblement, expliquent, dans une tribune au « Monde », David Flacher, Pierre Khalfa, Michèle Riot-Sarcey et Claude Touchefeu.
Près de 400 000 participantes et participants au vote de la Primaire populaire. C’est évidemment un succès pour une initiative citoyenne lancée en dehors des partis politiques. Certes il ne s’agit pas d’un raz de marée et on est loin de la participation lors des primaires pour les élections présidentielles précédentes.
Mais quand, refusant la logique mortifère d’un affrontement porteur d’une très probable défaite, plusieurs centaines de milliers de personnes veulent peser sur la vie politique et participer à la désignation d’une ou d’un candidat commun de la gauche et de l’écologie politique, c’est de bon augure pour la démocratie et pour la gauche.
La politique n’est pas simplement l’affaire des partis, et ceux-ci feraient bien de l’accepter et d’en tenir compte. Le refus de certains de participer à ce processus montre qu’ils n’ont pas pris toute la mesure de la crise de la politique. Ils restent enfermés dans une logique classique de la recherche d’hégémonie, chacun espérant que l’élection présidentielle sera l’occasion de prendre la main.
Cependant, au-delà de ce succès indéniable, les problèmes politiques commencent pour la Primaire populaire et ses animateurs et ses animatrices. Son objectif initial était de désigner une candidature commune en forçant tous les prétendant.es à participer à une primaire et à se rallier à la gagnante ou au gagnant.
Devant le refus des principaux candidats, la Primaire populaire a dû changer d’objectif. D’une primaire, elle est passée à une « investiture » où ont été soumis au vote sans leur accord un certain nombre de candidats et dont d’autres ont été d’emblée exclus. Dans cette situation, il n’est guère surprenant que Christiane Taubira, seule candidate déclarée à accepter ce processus, en soit sortie gagnante, puisque les autres n’ont pas demandé à leurs soutiens de participer à ce vote.
Le premier problème concerne Christiane Taubira elle-même. Lors de sa première déclaration elle avait affirmé ne pas vouloir être une candidate de plus. Les promesses n’engageant, on le sait, que celles et ceux qui les écoutent, la voilà cependant candidate en plus et contre les autres. Et, comme les autres, elle compte en réalité sur les sondages pour faire la différence dans un processus darwinien qui n’a rien à voir avec une dynamique de rassemblement. Loin donc de clarifier la situation, sa candidature a donc ajouté à la division et à la confusion.Le second problème concerne la Primaire populaire. Elle va donc entrer dans la compétition électorale en devenant un instrument au service d’une candidate contre les autres. Elle annonce aussi qu’elle va « labéliser » des candidates et candidats pour les législatives. Ses animateurs se réclament de l’expérience du Sunrise étatsunien [Sunrise Movement, un mouvement né en 2017] pour justifier leur projet. Mais ce dernier agissait dans le cadre des primaires du Parti démocrate avec l’objectif de faire gagner les candidates et candidats les plus favorables à un Green New Deal ambitieux.
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