Transition énergétique: Un début en Europe et encore !
Le directeur du centre énergie & climat de l’Institut français des relations internationales, Marc-Antoine Eyl-Mazzega, estime que le monde n’est pas sorti du fossile. Il y a urgence, selon lui, à s’attaquer au charbon, au méthane, et à protéger les forêts et les océans.
Où en est-on de la transition énergétique ?
On a connu, au cours de l’histoire, différentes phases qui correspondent à l’utilisation de différents vecteurs énergétiques. Les équilibres ont été modifiés, mais on a surtout ajouté de nouvelles sources d’énergie : aujourd’hui, la moitié de la planète est encore en diversification énergétique. Au charbon, au pétrole, au gaz, on ajoute du solaire, de l’éolien et éventuellement du nucléaire, mais sans réduire les fossiles.
En Europe, nous sommes dans une situation exceptionnelle. Il y a clairement eu un découplage entre la croissance économique en hausse et les émissions de gaz à effet de serre qui ont diminué – pas assez, mais elles ont baissé. Les Etats-Unis ne connaissent pas ou peu de découplage, et tous les pays qui n’ont pas encore émergé ont des niveaux d’émissions très marginaux. En réalité, la transition énergétique n’a commencé que chez nous.
Dans ce contexte, est-il possible d’abandonner réellement les fossiles ?
Nous n’avons pas le choix. Il faut sortir du charbon, réduire très largement la consommation de pétrole et de gaz. En Europe, c’est en cours, mais la difficulté est que nous sommes dans un entre-deux : nous ne sommes pas encore sortis des fossiles et pas encore pleinement dans le nouveau monde des technologies bas carbone. Nous subissons donc les inconvénients et les vulnérabilités liés aux deux systèmes.
Quel bilan tirez-vous de la COP26 de Glasgow ?
Après la COP, le verre me semble à moitié plein, avec l’adoption d’objectifs de neutralité carbone, les engagements sur le charbon ou le méthane. Mais les engagements pris sont trop lointains par rapport à l’urgence qui est la nôtre et le grand défi reste de mettre en œuvre ces promesses. Or, dans la plupart des cas, il n’y a pas de stratégies ou, quand il y en a, elles sont inadaptées aux réalités.
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