Primaire populaire : la gauche Encore davantage dans l’impasse
La victoire de Christiane Taubira ne règle pas les problèmes de la gauche, qui est toujours aussi divisée à quelques semaines du premier tour. Papier du Monde
Le spectacle donné par la gauche à moins de soixante-dix jours du premier tour de l’élection présidentielle constitue un cas d’école pour les historiens : les partis qui la composent sont trop faibles pour imposer un leader capable de rassembler. La base s’en indigne mais reste trop mal organisée pour prétendre dicter sa loi.
A peine connu, dimanche 30 janvier, le résultat de la Primaire populaire, organisée par un mouvement de citoyens indépendant des partis, a été contesté par les perdants : ni Jean-Luc Mélenchon, ni Yannick Jadot, ni Anne Hidalgo n’ont reconnu la victoire de Christiane Taubira, désignée comme la candidate la plus à même de « faire gagner l’écologie et la justice sociale à l’élection présidentielle ».
Le scrutin a pourtant rassemblé 392 738 votants, bien plus que la primaire écologiste organisée en septembre 2021. Mais sa légitimité a été d’emblée entachée par l’absence de consensus autour des règles du jeu : près de la moitié des personnalités jaugées concouraient malgré elles. Au lieu de s’éclaircir, le paysage se complique un peu plus.
Rien ne semble pouvoir arrêter la machine à perdre enclenchée depuis des mois. Pris un à un, aucun des candidats ne franchit clairement la barre des 10 % d’intentions de vote. A eux tous, ils n’en totalisent guère plus de 25 %. C’est comme si la gauche assistait, impuissante, au déroulement d’une campagne jusqu’à présent dominée par le thème identitaire.
Le PS au centre du séisme
La responsabilité de ses dirigeants est immense, car, lorsqu’on les interroge, les Français mettent le pouvoir d’achat au premier rang de leurs préoccupations. La transition écologique s’annonce en outre comme la grande affaire des prochaines années. Ces deux problématiques devraient normalement ouvrir un boulevard à un candidat de gauche, pourvu qu’il parvienne à rassembler son camp et à s’adresser à l’ensemble du pays.
L’impasse dans laquelle se trouvent aujourd’hui les candidats est d’abord temporelle : à deux mois et demi du scrutin présidentiel, il semble impossible de rattraper le travail qui n’a pas été accompli ces quatre dernières années. La gauche s’est laissée vivre. Elle a sous-estimé le choc de la défaite de 2017 et présumé de ses forces dans la recomposition qu’ouvrait la victoire d’Emmanuel Macron.
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