Plaidoyer pour les milliardaires

Plaidoyer pour les milliardaires

 

 Les conclusions du rapport annuel sur les inégalités publié par l’Ong Oxfam révèlent une incompréhension du fonctionnement de l’économie et un parti pris idéologique. Par Hervé Guyader, avocat au barreau de Paris, docteur en Droit, président du Comité français pour le droit du commerce international (CFDCI).
Une sorte de plaidoyer pour les milliardaires qui d’un point de vue méthodologique n’est pas complètement faux notamment la confusion entre valeur des actions et patrimoine personnel des riches grands patrons. Plus discutable est la distinction entre argent public et argent privé. En effet par exemple la BCE a inondé d’argent public les banques, les entreprises et l’État ; grande partie de ses liquidités n’ont pas été affectée au soutien des entreprises mais au soutien des valeurs boursières (aujourd’hui la correction est en cours) alimentant ainsi une immense bulle. Une bulle qui a aussi généré une énorme hausse des prix dont le coût sera payé comme d’habitude par l’inflation qui va surtout peser sur les revenus du travail, les retraites et l’épargne. Bref si on ne peut contester le côté gauchiste de certaines analyses de l’O.N.G. Oxfam on doit tout autant reconnaître que la défense des milliardaires est également assez partisane et assez peu scientifique NDLR

 

Le cru 2022 du rapport Oxfam ne décevra personne tant il poursuit ses méthodes d’analyse douteuses et sa haine de l’argent. Comme le beaujolais nouveau, la livraison annuelle du rapport Oxfam tient ses promesses. On y trouve donc la chasse aux riches, la dénonciation des plus puissants ainsi qu’une méthode scientifiquement douteuse.

Sans qu’il soit utile de reprendre par le détail les chiffres Oxfam, le menu suffisamment indigeste nous suffira. L’on apprend ainsi que la pandémie du Covid 19 a considérablement accru les fortunes des plus puissants. Les cinq plus riches possèdent autant que 40% des Français les plus pauvres. Certains ont même vu leur fortune doubler. Et voici que Bernard Arnault, le plus stipendié, passerait du confortable 67 milliards à l’indécent 163 milliards.

La dénonciation des chiffres de ces milliardaires ne serait rien si elle n’était accentuée par l’idée que c’est l’argent public qui les a engraissés. Il est vrai que l’Etat s’est montré généreux, personne ne l’a nié, en tentant de sauver des pans entiers de nos industries par le biais de prêts garantis par l’Etat, de reports de créances fiscales et sociales ou de dispositifs de chômage partiel. Si l’on prend le cas de LVMH, le groupe n’a sollicité aucun de ces plans de chômage partiel considérant assurer seul la protection de ses salariés. Oxfam est donc mal venu à prétendre l’inverse.

Ce détail illustre la méthode employée. La dénonciation, pour être saisissante, est une belle entourloupe car elle confond cours de bourse et fortune personnelle. Si le groupe LVMH pèse le chiffre de 163 milliards d’euros, ils ne sont pas tous dans la poche de son dirigeant qui, pour percevoir les dividendes que les succès de son groupe justifient, paiera des impôts. C’est exactement ce qui est arrivé à Elon Musk, le flamboyant patron de Tesla qui a dû vendre 10 millions d’actions de son groupe, et payer autant d’impôts, pour garnir son portefeuille.

Par ailleurs, il est un autre élément particulièrement discutable : Oxfam a pris comme point de repère le mois de mars 2020, qui n’est autre que l’épicentre de la crise, le point le plus bas du CAC 40, soit 4.000 points quand il dépasse désormais les 7.000. Il est alors bien aisé de crier au scandale en comparant le cours de bourse en pleine croissance à celui choisi au plus bas. L’effet mécanique de la reprise justifie à lui seul une appréciation de presque 80%. La méthode ressemble un peu à celle des commentateurs sportifs enclins à trouver un boxeur bien grassouillet hors compétition en comparaison du poids affuté affiché la veille du dernier combat.

 Il faut reconnaître que Bernard Arnault n’avait pas raté l’occasion de se rappeler au bon souvenir des anticapitalistes en déclarant en 2016 que les vrais emplois sont ceux du secteur marchand. Tout l’aréopage des collectivistes s’était lié pour rappeler la valeur que représentent les services publics qui parfois même en créent, prenant pour exemple la commande publique. Voici donc les entreprises privées financées par l’argent public. Le raccourci est trop bref pour que l’on s’y perde. Etablir un lien entre services publics et commande publique pour justifier de la valeur des premiers est une démonstration un rien tendancieuse.

Si personne ne conteste, surtout après deux années d’épidémie de Covid, toute l’importance des services publics, qu’ils soient de l’Education nationale ou des services de santé, il demeure que l’argent qui sert à la financer sort principalement de la poche du privé, si l’on excepte les impôts payés par les agents de ces services.

Prétendre réécrire la fable de la poule ou de l’œuf pour départir des sources de création de richesse oublie que les services publics n’ont pas pour objet la création de valeur, mais de dispenser des services au public. Si l’on fait exception des Etablissement publics industriels et commerciaux qui peuvent être amenés à la création de valeur, l’argent est créé par le secteur marchand. L’Etat ne créé pas d’argent, il le ponctionne et le redistribue.

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