Election présidentielle 2022 : mort de la gauche
En théorie, une candidature unique aurait pu ouvrir la porte du second tour à la gauche. Mais c’est une mission impossible constate un papier du Monde
A moins de trois mois de l’élection présidentielle, François Hollande, Bernard Cazeneuve et Ségolène Royal ne seront pas candidats. Au point où en est arrivée la gauche, certaines figures socialistes ont refusé de se joindre à la désespérante farandole de ses prétendants à l’Elysée qui se dirigent droit dans le mur en klaxonnant. Christiane Taubira ayant déclaré sa candidature, et si Arnaud Montebourg ne rallie pas l’ancienne garde des sceaux, ils seront neuf, sous réserve d’avoir les parrainages, à se présenter au premier tour le 10 avril : Anne Hidalgo (Parti socialiste – PS), Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts EELV), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise – LFI), Fabien Roussel (Parti communiste), et à l’extrême gauche Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) et Anasse Kazib (Courant communiste révolutionnaire).
Depuis plusieurs semaines, la gauche, en berne dans les sondages, offre un désolant spectacle entre le mauvais vaudeville et le Grand-Guignol, comme si elle n’avait tiré aucune leçon de son effondrement à la présidentielle de 2017 et avait, de facto, renoncé à revenir au pouvoir. Les principaux postulants multiplient les contradictions, les promesses reniées et les incohérences.
Prenons Christiane Taubira. Elle est perçue comme une icône de la gauche, auréolée des lois auxquelles elle a donné son nom : celle de 2001 sur la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et celle de 2013 sur le mariage pour tous.
Christiane Taubira, un ovni politique
Mais celle qui se présente en femme providentielle, en sauveteuse de la gauche, est un ovni politique. De centre gauche ? En 1993, députée de la Guyane, Mme Taubira vote l’investiture du gouvernement d’Edouard Balladur. En 1994, aux élections européennes, elle figure sur la liste Energie radicale menée par Bernard Tapie qui, avec 12,03 %, talonne celle de Michel Rocard (14,49 %), contribuant à barrer la route de l’Elysée à l’ancien premier ministre. En 2002, elle est candidate du Parti radical de gauche à l’élection présidentielle, obtenant un petit 2,32 % qui jouera dans l’élimination de Lionel Jospin, ce que nombre de socialistes, à commencer par le candidat privé de second tour, lui reprochent encore.
En septembre 2021, l’ancienne garde des sceaux de M. Hollande avait déploré, sur France Inter, « l’éparpillement » de la gauche, refusant sagement de rejoindre la cohorte de candidats. « L’enjeu est colossal, avait-elle assuré, c’est pour cela que la gauche ne peut pas se permettre de perdre cette élection. » Le 17 décembre 2021, virage à 180 degrés : Mme Taubira « envisage » de se présenter, à condition de ne pas être « une candidate de plus ». Malgré les nombreux appels à l’union, rien ne bouge. Douze militants, sous la houlette de l’eurodéputé (Nouvelle Donne) Pierre Larrouturou, ont même fait une grève de la faim pour exhorter la gauche, au nom de l’urgence climatique, à « désigner un candidat commun ».
0 Réponses à “Election présidentielle 2022 : mort de la gauche”