Système de santé : Une crise encore plus grave dans les territoires
Conseillers municipaux en Bretagne, Tugdual Le Lay et Arnaud Platel, respectivement de Génération.s et du PS, dénoncent dans une tribune au « Monde » les inégalités territoriales en matière de santé. Des mesures doivent être prises, les usagers et les soignants le réclament.
En France, la crise sanitaire est une réalité plus ancienne que le Covid-19. En effet, si cette pandémie met à rude épreuve notre système de santé, celui-ci ne l’a toutefois pas attendue pour connaître ses premières difficultés. Dans nos territoires, nous le constatons depuis un certain temps, l’abnégation des acteurs du soin permet à notre système de santé de tenir, voire de survivre.
D’abord, si nous sommes parvenus à tenir jusque-là et notamment en pleine épidémie, c’est grâce à l’engagement exceptionnel de milliers de femmes et d’hommes, soignants, agents du service public de la santé et de l’ensemble des personnels médicaux. Elles et ils se sont investis sans compter pour contenir, freiner, répondre aux situations les plus urgentes.
Dans nos hôpitaux, les applaudissements de 20 heures n’ont été que de peu d’aide face à la fermeture de lits et la réduction progressive des effectifs, sur fond de dégradation des conditions de travail et de crise des vocations. Au centre hospitalier de Quimper (Finistère), un salarié sur dix (11 % selon les syndicats, 8,9 % pour la direction) est en arrêt maladie quand, toujours selon les syndicats, un à deux postes par service ne sont pas occupés.
Ensuite, c’est grâce à l’action de collectivités territoriales qui résistent encore et toujours à la désertification médicale. Phénomène ancien puisque en France, le nombre de personnes vivant dans une commune avec accès limité à un médecin généraliste est passé de 1 % en 2007, à 7,6 % en 2012 pour atteindre 11,1 %, soit près de 7,5 millions de personnes en 2018. Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, cette situation représente une injustice sociale qui frappe d’abord les plus précaires, qui ont « jusqu’à huit fois plus de risques de renoncer à des soins dans les zones très sous-dotées en médecins généralistes ».
Ainsi, en zone rurale, l’espérance de vie des hommes est inférieure de 2,2 années par rapport à ceux vivant en zones urbaines. À Guingamp (Côtes-d’Armor), l’hôpital, sa maternité, ses services d’urgence et ses plateaux techniques relèvent d’une importance stratégique vitale pour un territoire qui dépasse les quelque 3 km2 de sa frontière municipale et où l’indice de vieillissement est 63 % supérieur à la moyenne nationale – révélant ainsi un besoin absolu de soins en proximité.
Combien d’entre nous pourraient connaître la situation de cette femme de Laval, transportée à plus de 200 km de chez elle, à Vannes (Morbihan), faute d’avoir pu être admise dans les cinq autres maternités sur sa route ? Enfin, si le système de santé tient encore – en Bretagne singulièrement – c’est parce qu’il participe à l’attractivité de bassins de vie entiers.
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