2022, la grande incertitude des prévisions

 2022, la grande incertitude des prévisions 

 

Le Forum de Davos, en Suisse, prévu du 17 au 21 janvier, a été reporté en raison du variant Omicron. Les données économiques, politiques, sanitaires et sociales offrent si peu de visibilité aux acteurs économiques, qu’ils sont bien en peine de se projeter sur les douze prochains mois, estime Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde ».(extrait)

 

Chronique.

 

 Ils n’iront pas à Davos, pas plus qu’en 2021. Le Covid-19 et son variant Omicron ont eu raison de la réunion annuelle du Forum économique mondial, prévue du 17 au 21 janvier dans la station suisse et reportée « au début de l’été ». En attendant des jours meilleurs, dirigeants politiques, patrons de multinationales et responsables de la société civile vont échanger en visioconférences sur « l’état du monde » et tenter, selon les organisateurs, de « formuler des solutions pour les problèmes les plus urgents ». Vaste programme, noble ambition. Mais que proposer avec si peu de visibilité ?

Quittons les montagnes suisses pour Ningbo. Mi-août 2021, Pékin avait fermé du jour au lendemain l’un des plus grands ports de conteneurs du monde au nom de sa stratégie zéro Covid, accroissant les tensions sur les chaînes d’approvisionnement. Mi-décembre, les 13 millions d’habitants de Xi’an ont été mis sous cloche sanitaire, et d’autres mégapoles chinoises y viendront sans doute. Le retour à un confinement général de l’« usine du monde », peu probable, aurait de lourdes conséquences sur la croissance. Bloomberg Economics table sur une hausse de 5,7 %, la plus faible des trois dernières décennies (hors 2020), mais sa chute à 3 % provoquerait une onde de choc mondiale.

En dehors des grandes institutions internationales, les acteurs économiques naviguent à vue au milieu de données politiques, économiques, sociales et sanitaires nombreuses, volatiles et contradictoires. En 2020, l’activité s’est plus dégradée (− 3,1 %) que le prévoyaient la plupart des experts ; un an plus tard, ils étaient les premiers surpris par la rapidité et la vigueur de la reprise (+ 5,9 %). Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’emploi est dynamique, la production industrielle soutenue (hors automobile) et le revenu des ménages plus élevé qu’avant le Covid-19.

Alors se projeter sérieusement en 2022 ! La propagation fulgurante d’Omicron perturbe toujours le travail des prévisionnistes les plus affûtés, même si aucun n’ose envisager un reconfinement de la moitié de l’humanité. Le meilleur des scénarios serait une extinction du virus ou la transformation de la pandémie en une endémie sans surmortalité. Qu’en serait-il en cas d’apparition d’un mutant aussi transmissible et plus pathogène ? Voire d’un agent infectieux plus meurtrier que le Covid-19, déjà responsable de 5,5 millions de morts (officiels) ?

Avant son élection à la tête de l’Organisation mondiale de la santé, en 2017, le docteur éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus était tourmenté par la menace d’une « pandémie mondiale due à un virus respiratoire ». Voyages, concentrations urbaines et promiscuité homme-animal rendaient les zoonoses si probables que l’agence onusienne ajouta l’année suivante une « maladie X » à la liste des fléaux relevant de son plan d’urgence contre un danger mondial. Elle est apparue avec le Covid-19, sans être aussi létale que les autres maux de la liste (Ebola, fièvre de Marburg, SARS du Moyen-Orient…).

 

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