L’envolée des prix du gaz et de l’électricité, pourquoi ?
Un papier de France Info explique pourquoi actuellement des records sont battus pour les prix du gaz qui entraîne par ailleurs ceux de l’électricité. (extrait)
Le prix du gaz a atteint des sommets en Europe, mardi 21 décembre, pour culminer à 175 euros le mégawattheure (MWh). Soit une hausse de 400% sur les six derniers mois. L’électricité aussi a vu ses prix gonfler, pour atteindre un pic à 442 euros/MWh le 20 décembre en France, du jamais vu depuis 2009. Si
1Pourquoi les prix de l’énergie s’envolent-ils depuis plusieurs mois ?
Les causes de cette hausse sont multiples et sont en partie liées à la pandémie de Covid-19. « Avec le développement des vaccins, l’économie mondiale a connu une reprise inédite, en Asie et en Europe notamment », explique à franceinfo Nicolas Goldberg, spécialiste du secteur de l’énergie pour le cabinet Colombus Consulting.
. A cela se sont ajoutées des tensions géopolitiques avec la Russie, principal fournisseur de gaz des pays européens, au sujet de nouveaux gazoducs et face à l’escalade militaire à l’est de l’Ukraine. « La Russie vend son gaz pour l’argent, mais surtout pour tisser des relations et défendre ses intérêts auprès d’autres pays », analyse Nicolas Goldberg. En décidant des volumes exportés, « Vladimir Poutine souffle littéralement le chaud et le froid sur le marché du gaz européen ».
Essentiel pour l’industrie lourde, le gaz est aussi largement utilisé en Europe pour produire du courant, d’où la hausse des prix de l’électricité. L’apport des énergies renouvelables, comme l’éolien, est particulièrement faible en cette fin d’année, pour des raisons essentiellement météorologiques, comme l’absence de vent.
2La situation peut-elle encore de se dégrader ?
Oui, d’après les pouvoirs publics et de nombreux experts du secteur. Fin septembre, la Commission de régulation de l’énergie prévoyait déjà « un maintien des prix (du gaz) très élevés jusqu’à la fin de l’hiver », « Deux facteurs seront à surveiller de très près : la reprise économique et les conditions météorologiques, liste Nicolas Goldberg. Rien que pour les températures, une chute de 1 °C provoque une augmentation de la consommation nationale équivalente à un (réacteur) EPR et demi. C’est tout sauf négligeable. »
3Comment cela se répercute-t-il en France ?
Cet hiver, la situation est particulièrement critique dans l’Hexagone, où de nombreux réacteurs nucléaires sont par ailleurs indisponibles pour cause de visite décennale ou par mesure de précaution. Plus d’un tiers du parc nucléaire est actuellement concerné, ce qui force la France à se tourner vers les centrales thermiques et à solliciter ses voisins. «
4Faut-il craindre un black-out pendant l’hiver ?
Pour soulager le réseau, il est possible de baisser la tension générale, une mesure »transparente », car peu intrusive, qui n’a jamais été prise en France. Ou d’actionner un dernier levier d’urgence : le délestage tournant, c’est-à-dire couper pendant deux heures l’électricité de dizaines de milliers de foyers. « Cela avait déjà été évoqué l’an dernier, mais je n’y croyais pas, confie Nicolas Goldberg. Aujourd’hui, c’est du domaine du possible, mais j’espère vraiment qu’on n’y aura pas recours. La dernière fois que ça a eu lieu à grande échelle, c’était il y a plus de quarante ans. »
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