Boycotter politiquement les JO de Pékin
Tribune
Emmanuel Macron s’apprête à envoyer des diplomates et des ministres français aux Jeux olympiques de Pékin. Mais plusieurs démocraties – les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie – ont décidé de mettre en place un boycott diplomatique : leurs sportifs se rendront aux Jeux, pas les officiels.
Nous attendons la position de l’Union européenne, que la France va présider dans quelques jours. Mais Emmanuel Macron s’est déjà exprimé. Il a déclaré qu’un boycott diplomatique serait « tout petit et symbolique ». Il est vrai qu’un boycott au sens plein du terme aurait consisté à s’abstenir de JO et à refuser que les sportifs s’y rendent. Aucune démocratie, semble-t-il, n’y est prête actuellement. L’idée, plus modeste, d’un boycott diplomatique met pourtant Pékin en fureur. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois a réagi à cette « manipulation politique » et a menacé : ceux qui boycottent « paieront inévitablement le prix de ce mauvais coup ». A l’aune de la réaction chinoise, on voit bien que ne pas envoyer nos ministres aux JO ne serait en rien, aux yeux de Pékin, « tout petit et symbolique ».
L’histoire nous jugera
En revanche, dépêcher nos officiels en Chine signifie que nous sommes indifférents à ce qui s’y passe. Or, ce pays est devenu, en quelques années, un Etat totalitaire qui menace toutes les démocraties. La Chine de 2022 a son grand leader, objet d’un culte de la personnalité délirant, qui s’apprête à modifier les règles du Parti communiste chinois pour rester au pouvoir très longtemps. Elle a mis en place un système de surveillance de la vie privée des citoyens et de « crédit social » sans précédent dans l’histoire. Elle dispose d’un appareil de censure et de répression impitoyable. L’enclave de liberté que représentait Hongkong a été soumise en quelques mois. On ne peut plus y commémorer le massacre de la place Tiananmen, ni y défendre la démocratie.
Les menaces contre Taïwan se font chaque jour plus précises. Le pire est en train de se dérouler dans la province du Xinjiang contre les Ouïgours, les Kazakhs et les Kirghiz. Non seulement des centaines de milliers d’innocents sont enfermés dans des camps de rééducation, où l’on tente de leur laver le cerveau, où ils sont victimes de tortures, de violences et de viols, mais Pékin impose des mesures de prévention des naissances, par pose de stérilet forcée, avortements contraints ou ablation de l’utérus. L’objectif est de faire disparaître une culture, une langue, des traditions. Le Parti communiste chinois est en train de commettre un ethnocide.
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