Economie: Élargir le champ des possibles pour lutter contre le nihilisme

Economie: Élargir le champ des possibles pour lutter contre le nihilisme

 

Pourquoi limiter les projets politiques et nos espoirs de progrès à un petit nombre de modèles, alors que l’histoire enseigne leur foisonnement et leur diversité, s’interroge Marie Charrel, journaliste au « Monde », dans sa chronique.(Extrait)

 

Chronique.

 Connaissez-vous Cahokia, ce royaume brutal qui prospéra sur les rives du Mississippi entre 1000 et 1200, et dont l’effondrement donna naissance à une myriade de cités égalitaires ? Teotihuacan, cette ville mexicaine immense et multiethnique, qui, jusqu’au VIIe siècle, se distinguait par sa gouvernance collective et ses logements sociaux de qualité ?

Dans leur ouvrage Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité (Les liens qui libèrent, 752 p., 29,99 euros), l’archéologue David Wengrow et l’anthropologue David Graeber, figure du mouvement Occupy Wall Street décédé en septembre 2020, se penchent sur l’exemple de telles cités oubliées. Avec un but : montrer que, dans l’histoire de l’humanité, de multiples formes d’organisations sociales ont coexisté, inégalitaires ou égalitaires, petites ou grandes, ou encore monarchiques et hiérarchisées pendant une partie de l’année, puis décentralisées et horizontales le reste du temps. Et cela, avant même la révolution néolithique.

Le constat n’est pas exactement nouveau. Il a malgré tout un mérite : rappeler que l’histoire n’est pas une frise linéaire, où l’invention de l’agriculture et la croissance urbaine auraient mécaniquement mis fin à la supposée utopie égalitaire des chasseurs-cueilleurs. « Au fil des siècles, l’humanité a fait preuve d’une incroyable inventivité politique dans la façon d’organiser la vie collective, trop largement ignorée », explique David Wengrow.

Cette inventivité s’est étiolée depuis les Lumières et le colonialisme. Pourquoi ? Comment la réanimer, alors que le défi climatique couplé à l’impératif de justice sociale impose d’explorer des solutions créatives ? « Le but de notre livre n’est pas d’apporter des réponses toutes faites, mais de pousser les lecteurs à se poser ce genre de questions, ajoute M. Wengrow. Et, surtout, à ne pas se résigner en pensant qu’aucune organisation sociale autre que celles que nous connaissons n’est possible : l’histoire montre que c’est faux. »

Pessimisme nihiliste

D’une certaine façon, cette démarche fait écho à celle de Thomas Piketty. Les travaux de l’économiste établissent que des solutions trop souvent présentées comme inapplicables aujourd’hui ont, en vérité, déjà été testées dans un passé pas si lointain. Entre les années 1930 et 1980, aux Etats-Unis, le taux marginal d’impôt sur le revenu culminait ainsi à 70 %-90 % pour les plus riches. Le champ des possibles économique, social et fiscal est bien plus large qu’on ne se le figure, et c’est follement réjouissant.

 

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