Marchés financiers : pas de risque de crise grave

Alexandre Baradez, stratégiste marchés IGE estime qu’il n’y a pas de risque de crise grave sur les marchés financiers même si des corrections sont à attendre.

 

  Opinion

 

Habituellement calme, la période de Thanksgiving s’est transformée en champ de bataille avec une volatilité en hausse de plus de 50% sur les marchés européens et américains et, ces derniers jours, l’indice de volatilité du S&P 500, le VIX, a grimpé à 32, soit son plus haut niveau depuis début février, et pas très loin de son sommet annuel. Il serait tentant d’attribuer l’intégralité de la chute des marchés au variant Omicron, mais il a potentiellement plus agi comme une étincelle dans un environnement propice aux prises de bénéfices. Le stress sanitaire était déjà présent depuis plusieurs jours, en Europe notamment, avec la progression du variant Delta, obligeant plusieurs pays à durcir les restrictions. Mais également en Chine, avec une politique de tolérance zéro face au Covid à l’approche des Jeux Olympiques d’hiver début 2022. L’aspect sanitaire reste donc le premier risque pour les marchés. Mais deux autres risques évoluaient en parallèle et étaient peut-être sous-estimés : le rythme de normalisation de la politique monétaire de la Fed (que les déclarations de Jerome Powell mardi et mercredi sont venues confirmer) et les hausses des coûts issues des dérèglements logistiques mondiaux, de la poussée du prix des matières premières et des salaires. On voyait en effet les indicateurs de volatilité se redresser en même temps que les indices actions américains plusieurs jours avant la journée noire de vendredi et l’annonce du variant Omicron, ce qui signifie qu’une partie du marché était déjà méfiante…. Le variant Omicron a donc été l’étincelle qui a mis le feu à un baril de poudre déjà chaud. L’approche de la fin 2021 après une année faste pour les indices mondiaux a également et probablement poussé à des prises de profits chez les gérants d’actifs. Même s’il est toujours difficile d’attraper un « couteau qui tombe », la baisse actuelle constitue probablement une bonne opportunité de repositionnement pour ceux qui ont raté la dernier rally, d’autant plus que le Cac 40 revient au contact de zones techniques importantes, tout comme son voisin allemand le Dax. Même si elles ont récemment été revues à la baisse par l’OCDE, les perspectives de croissance 2022 et 2023 restent bonnes pour les économies avancées et un ralentissement, voire un arrêt de la progression du dollar, pourrait également apporter une bouffée d’air aux économies émergentes. En effet, la hausse du dollar depuis plusieurs mois s’est faite en partie sur le tapering à venir de la Fed avec la hausse très marquée des prix outre-Atlantique. Maintenant que le tapering est lancé et que Jerome Powell a durci le ton en enlevant de terme « transitoire » pour qualifier l’inflation, nous assistons à un petit affaiblissement du type « achetons d’abord le dollar sur la hausse des prix et les anticipations de tapering/hausse de tauxpuis vendons maintenant le dollar sur la confirmation du tapering et d’une Fed plus hawkish ». La visibilité sur la variant Omicron est évidemment mauvaise à ce stade, mais si ce n’est « qu’une vague de plus », dont les effets sur l’économie décroissent par rapport à la vague initiale en raison d’une plus grande adaptabilité de l’économie et de l’efficacité de la réponse sanitaire (vaccins, traitements, etc.), le repli des indices européens devrait être contenu. Une dangerosité limitée de ce dernier variant (si elle était avérée), les niveaux d’épargne accumulés par les ménages des deux côtés de l’Atlantique, le niveau des taux, les plans de soutien économique en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, la décongestion progressive des ports mondiaux dans les mois à venir et le reflux des prix d’une partie des matières premières et des coûts de transport devraient continuer d’offrir des perspectives haussières aux marchés actions à moyen terme, après une phase de consolidation. Dans ce contexte, je continue de privilégier une consolidation en « zone haute » de l’indice français, c’est-à-dire une phase de marché où les replis devraient commencer à être amortis par la zone comprise entre les deux anciennes obliques, c’est-à-dire la zone entre 6.800 et 6.400 points. Il faudrait un stress plus aigu pour retomber sur l’ancien sommet d’avant-Covid à 6.100 points, avec des risques de récession pour l’économie, ce qui ne semble pas être le scénario le plus probable à ce stade. Donc, plutôt un scénario de consolidation avant retour sur le sommet historique et reprise du momentum haussier. Le signal potentiel qui marquera le début de la fin de la phase de stress actuelle sera le comblement du gros gap baissier ouvert vendredi dernier, c’est-à-dire un retour à 7.080 points.

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