Russie : une stratégie d’État voyou
Viktor EROFEÏEV confie au Figaro ses réflexions sur son pays, où «la seule loi qui règne reste le culte de la force». Pour lui, la Russie a adopté une stratégie d’État faute de capacité à se moderniser. Le nationalisme exacerbé permet de masquer les faiblesses. D’où sans doute les agitations russes actuelles près des frontières de l’Ukraine
LE FIGARO. – J’ai le sentiment que l’Occident reste un compas, un miroir central pour la Russie, même quand cette dernière veut le briser. Comment expliquer ce phénomène?
Viktor EROFEÏEV. - Tout serait plus simple si l’Occident était resté l’Occident. Le problème, c’est qu’il n’est plus qu’un simulacre d’Occident. Nous les Russes avons en tête un Occident imaginaire, pas celui qui existe vraiment. L’Occident réel ne se reconnaît pas lui-même, il dit qu’il a changé. Nous, nous voulons l’ancien Occident. La Russie est imbibée d’idées occidentales. Mais la Russie est aujourd’hui impuissante et faible en raison de son économie. Elle ne peut avancer comme la Chine, ni travailler comme l’Amérique. Alors elle a pris la seule option viable du point de vue du pouvoir russe. La mobilisation plutôt que la modernisation. Elle choisit de faire peur à vous tous, Français, Américains, Chinois. Ce qu’on ne comprend pas bien ici en Europe, c’est que c’est la seule voie pour la Russie pour maintenir le régime de Poutine.
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