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Covid France: Un rythme de progression alarmant

Covid France:  Un rythme de progression alarmant
Au-delà du nombre de contaminés en valeur absolue, c’est surtout le rythme de progression de la pandémie qui est alarmante en France. L’OMS a souligné que l’Europe était désormais l’épicentre de la maladie en particulier au Royaume-Uni, en Autriche ou encore en Allemagne. La France paraissait un peu à l’abri mais le taux d’évolution dépasse et de loin la moyenne mondiale. Ainsi dans le monde entier on compte actuellement 33 522 personnes touchées sur 1 million chiffre multiplié par trois en France avec 109 792 pour  1 millions. En clair, la France est en train de rattraper le Royaume-Uni et l’Allemagne et pourrait compter près de 100 000 cas au moins d’ici la fin de l’année. Sans parler évidemment des conséquences encore mal connues du nouveau variant omicron. Il faut se rappeler que le taux d’incidence était encore autour de 50 il y a quelques semaines pour atteindre maintenant plus de 250;.

Les chiffres:

 

Lieu

Nombre total de cas

Nouveaux cas (1 jour*)

Nouveaux cas (60 derniers jours)

Cas pour 1 million de personnes

Décès

 

Monde entier

260 658 768

594 299

 

33 522

5 189 402

 

France

7 364 380

34 294

 

109 792

116 416

Covid FRANCE 27 NOVEMBRE 2021 : encore en hausse avec 37.218 NOUVEAUX CAS

Covid FRANCE  27 NOVEMBRE 2021 : encore en hausse avec 37.218 NOUVEAUX CAS

Nouvelle hausse avec +37.218 contaminés en 24h.

On recense ce samedi 27 novembre 2021 118.871 morts au total,+34 morts supplémentaires. Le nombre de décès en EHPAD et EMS fait état de 26.912 (0) décès au total. Le nombre total de décès en milieu hospitalier est lui de 91.959 (+34 en 24h).

Le taux de reproductivité R est de 1,59 le taux d’incidence à 250,91 et la tension hospitalière à 32,0 %. Le taux de positivité est à 5,7 %.

La France compte actuellement 9.271 (+90) personnes hospitalisées et 1.617 (+54) malades en réanimation.

Selon les données de Santé Publique France, Découvrez le bilan des différentes régions françaises et leur évolution :

  • Ile-de-France : 1.944 (+34) hospitalisées, 343 (+16) en réanimation et +5 décès en 24h
  • Grand Est : 701 (+20) hospitalisés, 134 (+10) en réanimation et +2 décès en 24h
  • Hauts de France : 863 (+13) hospitalisés, 149 (+3) en réanimation et +1 décès en 24h
  • Auvergne Rhône Alpes : 1.035 (+8) hospitalisés, 157 (+2) en réanimation et +2 décès en 24h
  • Provence-Alpes Côte d’Azur : 1.074 (+8) hospitalisé, 168 (+4) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Bretagne: 302 (0) hospitalisés, 45 (+2) en réanimation et +2 décès en 24h
  • Normandie : 419 (+7) hospitalisés, 52 (+1) en réanimation et +1 décès en 24h
  • Nouvelle-Aquitaine : 657 (-4) hospitalisés, 122 (+3) en réanimation et +4 décès en 24h
  • Pays de la Loire : 383 (-3) hospitalisés, 75 (0) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Occitanie: 784 (+7) hospitalisés, , 178 (+11) en réanimation et +3 décès en 24h
  • Centre-Val de Loire : 345 (0) hospitalisés, 79 (+1) en réanimation et +2 décès en 24h
  • Bourgogne-Franche-Comté : 327 (+4) hospitalisés, 44 (+1) en réanimation et +5 décès en 24h

Ce samedi 27 novembre 2021, le virus Covid-19 touche 254.152.012 cas confirmés et a fait au total 5.176.807 morts dans le monde.

Economie, politique, société: les plus lus

Economie, politique, société: les plus lus

Société- Trop d’élèves dans les universités pas assez en apprentissage

Société- Trop d’élèves dans les universités pas assez en apprentissage

 

L’enseignant  Erwan LE CORNEC agressé de toutes parts pour avoir dénoncé le niveau lamentable de son université en Bretagne occidentale explique dans le Figaro que le niveau de l’université ne cesse de diminuer surtout avec le bac [Covid. ] . Il dénonce l’orientation scolaire qui conduit nombre d’étudiants à rejoindre l’université sans en avoir les compétences au lieu de les orienter vers des métiers manuels dont la France manque cruellement.

 

Dans votre courriel, vous décrivez l’UBO comme une université de «seconde zone». Qu’entendez-vous par là?

À l’université, le niveau est hélas devenu catastrophique. J’ai 25 ans de service public et je constate qu’il n’a fait que se dégrader. C’est un effet domino: à partir du moment où, à l’école primaire, on ne met pas suffisamment les moyens pour leur faire acquérir les fondamentaux, qu’on impose aux enseignants des méthodes pédagogiques idiotes et surtout dangereuses et qu’on fait croire aux jeunes que leur salut c’est l’université, alors forcément leur retard et leurs difficultés ne vont faire qu’augmenter.

Quelles solutions alors?

Leur place, à ces jeunes qui ont accumulé les insuffisances tout au long de leur circuit scolaire jusqu’à l’université, n’est précisément pas à l’université. Ils ont d’autres qualités mais pas celles qui permettent un parcours dans le supérieur. On a aujourd’hui besoin de boulangers, de plombiers, de tapissiers, de plaquistes, de charpentiers, de couvreurs, de peintres en bâtiment… Que ces gamins-là, au lieu d’être induits en erreur et encouragés à s’inscrire à l’université, s’inscrivent en CAP ou trouvent des contrats d’apprentissage.

Le maire écolo de Grenoble, Eric Piole, autorise les employés municipaux à venir « travailler « avec leur chien !

Le maire écolo de Grenoble, Eric Piole,  autorise les employés municipaux à venir « travailler « avec leur chien !

 

De toute évidence, les dernières élections municipales ont permis un certain nombre d’hurluberlus écolos de renforcer leur pouvoir dans certaines villes en prenant des mesures pour le moins saugrenues .

Ainsi à Grenoble le dogmatique gauchiste écolo Éric Piole , malheureux à la primaire d’Europe écologie les Verts, vient-il d’autoriser les municipaux à venir « travailler »avec leur chien.

Le pire c’est qu’il entend étendre l’expérience à l’ensemble de la collectivité. Pourquoi pas aussi à l’ensemble de la France ?

Au-delà de la dinguerie des écolos qui ne manquent pas une occasion de se discréditer, cela pose en France la question de l’évolution sociétale et notamment le rapport au travail.

Pour certains municipaux, le rapport est de toute évidence ambiguë depuis longtemps. Comme on sait que les variétés d’animaux de compagnie ne cessent de se développer, on pourra peut-être bientôt autoriser à Grenoble de venir travailler avec son cheval ( pour rationaliser la mobilité bien sûr), sa chèvre ou son âne.

Les réactions des autorités municipales de ce point de vue sont au-delà du surréalisme

« Ça rend bien service », se réjouit Hakim Sabri, adjoint aux Finances, contacté par BFMTV.coGrenoble :  »Ma chienne Elwine est vieille maintenant, elle a 16 ans et mes enfants ne sont plus à la maison. Alors ça permet d’éviter qu’elle ne passe toutes ses journées seule chez moi. Ça me sécurise de la savoir avec moi ».

 

Covid-5ème Un attentisme criminel du gouvernement

Covid-5ème  Un attentisme criminel du gouvernement

 

Une nouvelle fois à l’occasion d’une vague Covid, le gouvernement choisit l’attentisme. Il va Sans doute réagir mais avec un mois de retard. Certes les chiffres de la pandémie sont pour l’instant moins dramatiques en France. Notons cependant qu’il y a environ un mois la moyenne de contaminés était de l’ordre de 5000. Samedi  13 novembre elle a atteint 15 000 pour passer à plus de 22 000 samedi 20 novembre et environ 33 000 vendredi 26 novembre. À ce rythme on atteindra environ 50 000 à 70 000 contaminés d’ici un mois.

Alors que l’alerte est quasi générale en Europe, le gouvernement tergiverse et n’entend prendre aucune nouvelle mesure contraignante pour stopper l’ampleur de la cinquième vague actuellement en cours. Un attentisme qui pourrait se révéler dramatique. Les raisons de cet immobilisme sont expliquées par le ministre de l’économie qui ne veut pas porter atteinte à l’activité. Pourtant le professeur Elie Azoulay, réanimateur, chef du service de réanimation à l’hôpital Saint-Louis, après que Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement a affirmé que « la cinquième vague est là, elle arrive mais nous avons de bonnes raisons de penser qu’elle n’emportera pas tout sur son passage ». Le problème c’est qu’il y a autant de raisons de penser qu’elle pourrait être encore dramatique d’autant qu’on constate nettement que les cas graves concernent surtout les non vaccinés principaux propagateurs du virus. Parmi les mesures d’urgence, il faudrait notamment décréter le confinement pour les non vaccinés qui sont des principaux vecteurs de la pandémie ; ce qu’ont décidé déjà un certain nombre de pays

 

Cette cinquième vague est-elle arrivée à l’hôpital Saint-Louis ?

Elie Azoulay : Elle est là.  Nous ne sommes jamais redescendus à zéro tous ces derniers temps.

Est-ce que ces malades qui arrivent ont été vaccinés ?

Pour l’essentiel, non. Pour la grande majorité des patients que nous avons, ce sont des malades qui n’ont pas été vaccinés. Nous avons aussi un groupe de malades qui sont des malades immunodéprimés et qui n’ont pas les défenses immunitaires nécessaires pour développer des anticorps suite à la vaccination. Donc ce sont des malades pour lesquels l’absence d’immunisation est attendue. Il y a tout un ensemble de protocoles qui sont faits pour limiter la gravité chez ces malades là, mais ils peuvent être en réanimation. Et puis nous avons des malades qui ont été vaccinés, qui ont reçu deux injections de vaccin et qui ont perdu leur immunité avec le temps et qui sont donc éligibles maintenant à la troisième injection.

Vue la situation, faut-il, selon vous, renforcer les mesures sanitaires, comme c’est le cas chez nos voisins ? La Belgique a décidé par exemple de généraliser à nouveau le port du masque et de rendre obligatoire le télétravail. Faut-il faire la même chose ?

Ce sont des décisions qui sont éminemment politiques. Nous sommes dans un pays où le taux de vaccination est quand même très impressionnant. Le problème est surtout auprès des populations non vaccinées pour des raisons différentes. Chez ces personnes-là, la vulnérabilité est immense. Et le risque de faire une forme grave est majeur.

Pour les personnes vaccinées, est-ce que c’est important de faire la troisième dose ?

Oui, surtout si l’injection date de six mois. Avec le temps, la protection contre une PCR positive, mais aussi contre une hospitalisation, diminue. Et donc, quand on est à six mois, il faut se refaire revacciner. Ce « booster », cette troisième injection, permettra à nouveau l’efficacité qu’on attendait des vaccins précédents. Avec la troisième injection, on revient à une efficacité contre la positivité, l’hospitalisation et l’hospitalisation en réanimation.

Est-ce que cette troisième dose est efficace très rapidement, contrairement aux deux premières doses ?

Absolument. Elle est efficace en quelques jours. Et il est recommandé, y compris pour les gens qui ont entre 50 et 65 ans, quand la deuxième injection date de cinq à six mois, de prendre son rendez-vous et d’organiser des choses pour que ce soit fait, en particulier avant les fêtes de fin d’année ou les regroupements familiaux vont à nouveau exposer les uns et des autres à de nouvelles contaminations.

Société-Tragédie de Calais : La honte pour Paris et Londres

Société-Tragédie de Calais : La honte pour Paris et Londres

En 20 ans près de 300 migrants seraient morts sur le littoral. La dernière tragédie qui a fait 27 noyés devrait interpeller Paris et Londres qui se renvoient honteusement la responsabilité. Un papier du Monde évoque l’impérative nécessité d’une cogestion de cette question dramatique.

 

 

Ils étaient Kurdes en majorité, d’Irak ou d’Iran, et rêvaient de vivre en Angleterre. Leur voyage s’est achevé de manière dramatique lorsque, mercredi 24 novembre, un bateau de pêche a découvert une quinzaine de corps flottant au large de Calais. Au moins vingt-sept personnes, dont sept femmes, sont mortes noyées dans la Manche.

Cette phrase, qui résume le plus grave des naufrages de migrants survenus entre la France et le Royaume-Uni, n’aurait jamais dû être écrite. Insupportable, cette tragédie fait honte à ces deux pays. Elle traduit la faillite de leur politique de gestion de la frontière. Mais le désastre est aussi européen, puisque la Manche, depuis le Brexit, constitue une frontière extérieure de l’Union européenne (UE).


Depuis 1999, plus de 300 migrants sont morts sur le littoral, selon les associations humanitaires. Cela fait plus de vingt ans que la Manche est une plaie ouverte au cœur du continent européen. Des migrants sont morts écrasés par des trains ou asphyxiés dans des camions en tentant de traverser via le tunnel. Depuis 2018 et le bouclage des accès, ils s’embarquent sur de frêles bateaux gonflables et meurent parfois noyés, victimes du cynisme de passeurs mais aussi de l’irresponsabilité de Paris et de Londres.

Rhétorique vaniteuse

Sous le choc du drame de mercredi, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a accusé la France de « ne pas faire assez » d’efforts pour empêcher les migrants d’atteindre ses côtes. « La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », a proclamé le président Emmanuel Macron. Comme tous leurs prédécesseurs, ils rivalisent de fermeté dans la lutte contre les gangs de passeurs et la protection de la frontière.

Après la tragédie de mercredi, il serait temps d’admettre la vanité de cette rhétorique. Si les traversées désespérées se multiplient, si les passeurs prolifèrent, c’est qu’il n’existe pratiquement aucune voie légale d’immigration au Royaume-Uni. C’est surtout que les extravagants accords du Touquet signés par Nicolas Sarkozy en 2003 font de la France la gardienne de la frontière du Royaume-Uni. Et que ces accords permettent en réalité à ce pays, l’un des fondateurs de la convention de Genève sur l’asile de 1951, de refouler massivement les demandeurs d’asile.

La question fondamentale n’est pas celle des passeurs mais, désormais, celle du partage des demandeurs d’asile entre l’Union européenne – la France en particulier – et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron, qui menaçait de dénoncer les accords du Touquet quand il était ministre, doit actionner ce levier afin d’amener les Britanniques à une négociation sur ce sujet. Des critères et des modalités d’examen des demandes d’asile à la frontière doivent être définis en commun. L’UE, dont la France assurera la présidence tournante à partir de janvier 2022, doit appuyer ces avancées si elle veut sortir d’une situation aberrante où des migrants, à Calais, sont empêchés de quitter son sol.

Le statu quo n’est plus une option, ni pour Londres, ni pour Paris, ni pour Bruxelles. Ces corps flottant dans l’eau glacée de la Manche, au cœur de l’une des régions les plus riches du monde et d’un continent à l’histoire trop pleine de tragédies d’exils forcés et de déportations, font horreur. Dans un monde aux frontières de plus en plus disputées, comment les deux pays alliés et amis que sont le Royaume-Uni et la France pourraient-ils continuer de donner le spectacle affligeant de leur mortelle querelle de voisinage ?

La problématique de régulation de l’espace numérique

La problématique de régulation de l’espace numérique

Les défis posés par le numérique à la vie démocratique, notamment en Europe, sont toujours plus complexes, et la revue « Esprit », dans sa nouvelle livraison, y consacre un riche dossier.

 

Revue des revues ( Le Monde).

 

La régulation de l’espace numérique public est un impératif majeur pour les démocraties européennes. « Le temps où l’avènement d’un Internet grand public était salué comme une révolution, non seulement technologique mais aussi démocratique, paraît loin tant le désenchantement est aujourd’hui important », relèvent les chercheurs Romain Badouard et Charles Girard en ouverture du dossier de la revue Esprit consacré à « Internet en mal de démocratie ». Les deux universitaires soulignent très clairement les termes de l’enjeu : « Il importe à la fois de protéger la communication en ligne contre les dérives qui l’affectent, de la brutalisation des échanges aux manipulations de l’information, et de contrôler les géants du Web qui ont accumulé un formidable pouvoir privé de censure mis au service d’une marchandisation de la participation. »

De l’utopie à la dystopie

Ce basculement de l’utopie à la dystopie, ce passage d’un Internet symbole de liberté à un Internet perçu comme tueur de démocratie, s’est fait en moins d’une génération. D’où la véhémence des prises de position de part et d’autre, aussi bien du côté de ceux qui croient encore en la grande utopie numérique que de ceux qui en dénoncent désormais les dérives totalitaires. « Internet ne crée pas mais reconfigure les défis inhérents à l’institution de l’espace public », rappelle Charles Girard, maître de conférences en philosophie, précisant que la liberté de communication implique plus que la liberté de choix laissée à l’internaute, mais surtout que « les acteurs qui orientent ces choix et définissent les conséquences produites par leur accumulation soient contrôlés ».

L’une des contributions les plus intéressantes du dossier est la fine analyse des « fake news » menée par Juliette Roussin, professeure adjointe de philosophie à l’université Laval à Québec, où elle souligne que le fait de relayer de tels bobards sert souvent moins à communiquer une information qu’à signaler une prise de position idéologique. « Fausses, les fake news partagées permettent d’exprimer “une vérité plus profonde” ou “une vérité d’un autre genre” – c’est-à-dire à proprement parler une émotion ou une idéologie : le sentiment de déclassement, d’absence de contrôle sur ses conditions de vie, de privilèges perdus, de défiance envers les élites et les institutions, etc. », écrit l’universitaire québécoise, soulignant que « l’adhésion aux fausses nouvelles en ligne gagne à être comprise comme un état contradictoire, proche de l’immersion dans la fiction ou le mensonge à soi-même ». Celui qui accepte une telle proposition et pense sur sa base ne croit pas forcément en sa vérité. D’où les effets pour le moins limités des réponses rationnelles et intellectuelles telles que le « fact-checking » ou l’éducation sur ce désir de croire.

Une seule sécu ?

Une seule sécu ? 

 

 

Pour Dominique Méda,Professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine, le projet de « Grande Sécu », qui vise à élargir la couverture de l’assurance-maladie obligatoire, est porteur de progrès et d’efficacité, plaide la sociologue dans sa chronique.

Notons que la sociologue fait l’impasse sur le trou financier récurrent de la sécu, un trou qui risque de s’agrandir si les mêmes méthodes de gestion s’appliquent aux mutuelles. NDLR 

 

Chronique.

 Le 4 octobre 2021, à l’occasion du 76e anniversaire de la Sécurité sociale, le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, rappelait le rôle remarquable joué par cette institution pendant la crise sanitaire et invitait à repenser l’assurance-maladie obligatoire (AMO), tout particulièrement son articulation avec les complémentaires santé. La France présente en effet la particularité de voir ses dépenses de santé (209 milliards d’euros en 2020) prises en charge par deux canaux différents : l’AMO, d’une part, pour environ 80 %, et l’assurance-maladie complémentaire, d’autre part, pour un peu plus de 12 %, le solde constituant le « reste à charge » payé par les patients.

Cette spécificité s’explique par l’histoire : avant la création de la Sécurité sociale par l’ordonnance du 4 octobre 1945, les assurés sociaux pouvaient s’inscrire auprès des caisses de leur choix, majoritairement mutualistes. L’ordonnance de 1945 ayant confié la gestion aux seules caisses de sécurité sociale, les mutuelles s’étaient vu attribuer la prise en charge du ticket modérateur – pourtant destiné à responsabiliser les assurés – avant de proposer, plus tard rejointes par les institutions de prévoyance et les sociétés d’assurance, un ensemble de prestations complémentaires par rapport à l’assurance-maladie obligatoire.

Aujourd’hui, ces trois types d’organismes relèvent tous des directives européennes sur les assurances, ce qui explique pourquoi leur système de tarification s’éloigne de plus en plus du principe fondamental des assurances sociales : la solidarité. Les cotisations aux assurances sociales ne dépendent ni des risques ni de l’âge des assurés et sont proportionnelles aux revenus. Au contraire, de plus en plus d’organismes de l’assurance-maladie complémentaire font varier les primes – indépendantes des revenus – avec l’âge et parfois de façon indirecte avec l’état de santé. De même, la prise en charge varie considérablement selon le coût de la couverture complémentaire, permettant en général aux plus aisés de voir la quasi-totalité de leurs dépenses de santé remboursées.

Finalement, malgré le taux de couverture élevé que permet la coexistence de ces deux systèmes de protection, plusieurs types de populations sont perdants : tous ceux qui, malgré l’existence d’une complémentaire santé solidaire, n’ont pas de protection sociale complémentaire (environ 4 % de la population, mais 10 % de ceux qui appartiennent au 1er décile de revenus et 13 % des chômeurs), et ceux qui ont une protection sociale complémentaire qu’ils payent cher mais qui couvre mal, en particulier les retraités. Une petite partie de la population supporte des « reste à charge » très élevés, une autre renonçant à se soigner et générant ainsi des problèmes de santé toujours plus aigus, mais aussi des coûts futurs élevés pour la Sécurité sociale.

Algérie : ne pas oublier la domination militaire ottomane

 

L’un des frères Barberousse, après avoir chassé les Espagnols d’Alger, prit la décision de se déclarer vassal du sultan ottoman en 1520, avec l’accord des oulémas et des notables algérois, précise l’historien Alain Blondy, qui répond à une précédente tribune au « Monde » de l’historien M’hamed Oualdi.

 

Tribune.

 

Il est à craindre que l’historien M’hamed Oualdi soit victime, sans doute sans s’en rendre compte, du discours pseudo-historique que l’Algérie officielle rabâche depuis 1962 à ses étudiants comme à son opinion publique (« Emmanuel Macron se trompe lorsqu’il assimile à une colonisation l’ancienne tutelle ottomane sur l’Algérie », Le Monde du 29 octobre).

Si l’on peut être d’accord avec lui qu’il ne convient pas d’assimiler la République laïque de Turquie, voulue et créée par Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938), à l’Empire ottoman, vaste ensemble multiethnique soumis à un grand seigneur issu de la tribu turque des Osmanlis, on ne peut que s’étonner qu’un historien puisse prétendre que les Ottomans sont accourus à l’appel des élites algéroises. C’est aller vite en besogne.

 

Après l’expansion éclair en Syrie puis en Egypte où le sultan du Caire se démit du califat au profit de celui de Constantinople (1517), des marins, principalement grecs convertis à l’islam, se lancèrent dans une seconde expansion, cette fois par mer. Quatre frères, d’une famille originaire de Mytilène, qui passèrent à la postérité sous le nom des frères Barberousse, s’installèrent d’abord à Jijel (1514), puis chassèrent les Espagnols d’Alger (1516).

L’aîné qui s’y était proclamé sultan ayant péri dans un combat avec les troupes de Charles Quint (1518), son frère Kheireddine fut proclamé généralissime (beylerbey) par ses troupes. Il trouva face à lui l’opposition d’une partie des tribus de l’intérieur. Il comprit alors que la menace de l’impérialisme mercantiliste espagnol serait toujours suspendue sur un Maghreb émietté politiquement en tribus, en sultanats expirants ou mort-nés, en confédérations d’oligarchies marchandes se soupçonnant mutuellement.

Il jugea donc que seule une autorité suffisamment constituée pouvait conjurer le péril castillan et la coalition plus ou moins centrifuge des villes et des groupes qui s’étaient soumis temporairement à son frère. Avec l’accord des oulémas et des notables algérois, il prit alors la décision de se déclarer vassal du sultan. Ce fut ainsi qu’Alger devint un eyalet (province) ottoman en 1520.

Pendant trois cent dix ans, le pouvoir appartint à une caste militaire ottomane, celle des janissaires, qui détint autant le pouvoir politique que l’essentiel du pouvoir économique, créant ainsi une tradition très enracinée à Alger. Cette domination aristocratique ne se voulut jamais acculturante, puisque à aucun moment l’élite ottomane n’envisagea de se mêler aux autochtones, Berbères arabisés des campagnes ou Maures des villes issus de multiples croisements ethniques depuis le tréfonds de l’Antiquité.

Le danger d’une grande « sécu »

le danger d’une grande « sécu »

 

 

L’ancien syndicaliste Gaby Bonnand plaide, dans une tribune au « Monde », en faveur du rôle spécifique des assurances mutualistes, que la « grande Sécu » ne doit pas remettre en cause.

 

Tribune. Les discussions, apparemment techniques, sur la « grande Sécu » sont révélatrices d’un débat plus fondamental, portant sur la démocratie et la façon d’organiser la solidarité. L’idée de « grande Sécu » repose sur une conception de la démocratie structurée autour d’un Etat omniprésent et centralisé. Le système actuel, avec sa multiplicité d’acteurs, est considéré comme inefficient et générateur d’inégalités. L’objectif serait de redonner à une Sécurité sociale sous contrôle étatique la responsabilité d’organiser la solidarité entre citoyens, car l’Etat serait le seul légitime à le faire.

Mais cette approche cache mal une autre réalité, celle d’un Etat minimal qui renvoie à une conception de la démocratie où liberté et responsabilité individuelles l’emporteraient sur l’égalité et la solidarité. Dans ce cas de figure, les dépenses publiques sont consacrées à un socle de protections minimales, laissant pour le reste l’individu libre de choisir des offres de protection sur le marché.

Il est facile de comprendre que, dans une situation où les finances publiques se raréfient, les fonds publics attribués à la protection sociale dépendront davantage des contraintes budgétaires que des besoins des populations. Derrière l’idée de « grande Sécu » se profile la réduction de la dépense publique de protection sociale, un assèchement des dynamiques de solidarité portée par les mutuelles, et le développement d’un système de santé à deux vitesses.

Décrypter ce qui se joue dans ce débat n’est pas simple, d’autant que nous sortons d’une pandémie au cours de laquelle des mesures concrètes ont été prises pour simplifier les démarches des patients en offrant une prise en charge à 100 % des soins et des hospitalisations liés au Covid-19. Les Français ont donc fait l’expérience d’un système moins complexe, ce qui peut les rendre sensibles à l’idée de la « grande Sécu ».

Quatre défis à relever

Ce qui est moins visible, c’est le coût de l’opération. Dans l’immédiat, le gouvernement a décidé de taxer les mutuelles et autres complémentaires santé pour financer les surcoûts. A l’avenir, comme le souligne le rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance-maladie, les prélèvements obligatoires devront augmenter, alors que leur poids, nous dit-on, est déjà trop élevé en France.

Refonder notre protection sociale suppose de relever quatre défis. Premièrement, lutter contre les inégalités d’accès aux soins générées par des questions de solvabilisation d’un certain nombre de personnes, et par les problèmes d’organisation du système de santé lui-même. Deuxièmement, développer davantage la prévention, parent pauvre de notre système actuel. Troisièmement, innover dans des prises en charge utiles mais non prises en compte par l’Assurance-maladie qui, selon la direction de la Sécurité sociale, « n’a pas vocation à rembourser des activités ayant des externalités positives sur la santé ». C’est dans ce cadre que des mutuelles peuvent innover, comme elles l’ont fait en prenant en charge les consultations chez le psychologue, par exemple. Quatrièmement, redonner des espaces de responsabilité collective aux citoyens dans l’organisation d’initiatives de solidarités civiles de proximité.

Une défense du pronom « iel » ?

 

 

  • Albin Wagener, Chercheur associé l’INALCO (PLIDAM) et au laboratoire PREFICS, Université de Rennes 2 d éfend l’utilisation du pronom « iel » comme s’inscrivant dans la dynamique de construction d’une langue. Des arguments pertinents sur le plan linguistique mais qui font juste l’impasse sur le fait la France détient le triste privilège d’être dans les dernières positions Internationale pour la maîtrise de la langue par les élèves . L’auteur d’ailleurs ne précise pas les complications grammaticales qui impliquent l’utilisation du pronom  « iel ». 

 

 

La langue française nous fait-elle perdre la tête? Comme régulièrement dans l’actualité, les jugements de valeur et les attachements affectifs nourrissent les débats dès que quelque chose bouge dans la langue – une passion très française qui montre les différences de perception sociohistorique et politique des langues en fonction des pays. Ainsi la langue espagnole a déjà connu plusieurs réformes tandis que la langue anglaise voyait le « they » singulier élu mot de la décennie, sans que cela ne déclenche d’excessives passions.

Et bien évidemment, la polémique n’a pas manqué d’enfler lorsque le très sérieux dictionnaire Le Robert, dans son édition en ligne, a choisi d’y faire figurer le pronom « iel » qui consiste en une proposition de contraction des pronoms français « il » et « elle ». Comme « they » en anglais, ce pronom a pour objectif d’aider les personnes ne s’identifiant pas à un genre biologique à se définir.

Contrairement à ce que l’on a pu entendre de la part des commentateurs les plus émus, les éditions Le Robert ne constituent pas une « armada militante » déterminée à malmener la langue française, mais simplement une équipe de lexicographes qui, avec patience et méthode, observent les évolutions lexicales et décident ensuite de faire entrer ou sortir les mots de leurs éditions – comme le souligne leur impeccable mise au point. Mais en France, lorsque quelque chose se passe au niveau de la langue, même certains et certaines linguistes y perdent leur latin, confondant attention aux évolutions de la langue et tentations prescriptivistes.

Pas une mais bien des langues françaises

La langue est une chose complexe, quel que soit le pays, et les sciences du langage s’attellent à le montrer dans nombre d’initiatives. On peut citer (sans ordre de préférence ni désir d’exhaustivité) le remarquable ouvrage Parler comme jamais coordonné par Maria Candea et Laélia Véron (issu du populaire podcast du même nom), le passionnant Je parle comme je suis de Julie Neveux qui décortique les liens entre mots et représentations sociales, ou encore les chroniques sociolinguistiques de Médéric Gasquet-Cyrus sur France Bleu, « Dites-le en marseillais », qui nous rappelle à juste titre qu’il n’y a pas une mais bien des langues françaises.

Ces initiatives de popularisation linguistique ne suffisent pas toujours à calmer les velléités de réaction passionnelle lorsqu’un simple pronom fait une entrée dans un dictionnaire. S’ensuit alors une cascade de commentaires : Brigitte Macron rappelle (à tort) qu’il n’y aurait que deux pronoms dans la langue française. Pourtant La Grande Grammaire du Français en indique bien plus – sans compter « on » ou la neutralisation par le « je ». Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, ne rate évidemment pas l’occasion de rapprocher cette entrée lexicographique du « wokisme » qui chercherait à renverser la République française.

La réalité est cependant plus simple et moins idéologique : d’abord, si les occurrences de « iel » restent rares, elles sont suffisamment régulières pour motiver cette entrée – comme une multitude d’autres termes techniques ou régionaux par exemple, que l’on emploie dans des contextes précis, sans que cela crée de remous particulier. On pourra par exemple penser au gourmand et breton « klouker » (se goinfrer) ou au plus toxique « perfluoré » (en référence à des composants organisés dont la chaîne carbonée est totalement fluorée).

Un problème plus complexe

Au-delà de « iel », le problème est plus vaste – et aussi plus complexe. Les débats autour de la langue française reprennent les vieilles querelles entre évolution de la société et normativisme – en d’autres termes, un affrontement qui oppose anciens et modernes, ou bien encore conservateurs et progressistes, dès qu’un changement socioculturel tend à poindre. Ainsi, dans l’histoire récente, des entrées de mots comme « kiffer » ou « start-up », en raison des origines populaires ou anglo-saxonnes des termes, avaient également provoqué quelques polémiques, bien que plus réduites.

Ainsi, se pose la question du langage comme fait social : en d’autres termes, pour un linguiste spécialisé comme moi en analyse du discours (qui constitue l’un des nombreux courants scientifiques des sciences du langage), ce n’est pas tant « iel » en tant que tel qui m’intéresse, mais les discours qui se construisent autour de ce pronom, notamment du côté de celles et ceux qui s’en émeuvent.

En effet, dans l’usage, les mots peuvent être réutilisés pour satisfaire des intentions diverses – et notamment politique, pour ce qui concerne le cas présent. Ces usages provoquent la transformation de mots en ce que Marc Angenot appelait des idéologèmes, une notion historique qui explique que certains mots peuvent être chargés de représentations idéologiques et ne peuvent donc être considérés comme neutres. Cette idée a depuis permis de générer des travaux complémentaires en sciences du langage.

Ainsi, si « iel » devient un idéologème, ce n’est pas tant en tant que pronom – il a été conçu et proposé pour répondre à des manques grammaticaux patents qui n’existent d’ailleurs pas dans d’autres langues – mais en tant que pratique langagière commentée du point de vue des présupposés sociaux et politiques qu’on lui prête.

En d’autres termes, c’est la manière dont les opposants au « iel » en parlent et le dénigrent qui le transforme en objet de controverse idéologique, alors que la création de « iel » (comme de « celleux », du reste) constitue une création de contraction lexicale qui propose de combler un manque grammatical, afin de permettre une visibilité sociale de communautés qui ne se sentent pas représentées, y compris du point de vue linguistique.

Du reste, c’est finalement la polémique qui fait monter la fréquence d’occurrences du pronom « iel », lui assurant probablement un avenir certain dans plusieurs dictionnaires.

Le dictionnaire n’impose rien

L’affaire peut paraître étrange, puisque le fait qu’ »iel » entre dans le dictionnaire ne signifie pas pour autant qu’on en impose l’usage : de nombreux mots sont dans le dictionnaire sans qu’on les utilise tous. Le but du dictionnaire n’est d’ailleurs pas d’obliger à utiliser les mots, mais simplement de proposer un inventaire des pratiques linguistiques communes, répandues et en émergence. En résumé, personne n’oblige la population à utiliser « iel » avec un pistolet sur la tempe. Mais paradoxalement, les contempteurs du pronom, en le mettant au centre de l’attention, contribuent à le rendre inévitablement populaire.

Bien sûr, on a parfaitement le droit de ne pas apprécier ce pronom, de le trouver inutile ou inesthétique – le jugement des locutrices et des locuteurs sur leur propre langue est un fait sociolinguistique inévitable et parfaitement normal. Simplement, ce jugement ne doit pas empêcher d’autres locutrices et locuteurs de créer de nouveaux mots – comme c’est le cas depuis que les langues existent, tout simplement. Tous les mots sont créés, tous les mots sont littéralement inventés ; ils résultent de processus plus ou moins longs, de créations plus ou moins immédiates, mais toujours situées socialement.

« Iel » n’est pas un parangon du wokisme – mot qui, d’ailleurs, n’est pas dans le dictionnaire et, est-il besoin de le souligner, procède d’un import direct de la langue anglaise (« woke », par ailleurs différent de « wokisme » dans son acception sémantique), assorti d’un suffixe permettant de le franciser (le fameux « -isme »).

Il est par ailleurs plutôt intéressant de noter que les adversaires les plus farouches de ce malheureux pronom l’accusent de dévoyer la langue française en utilisant un anglicisme. La preuve, s’il en fallait une, que les langues évoluent en s’influençant entre elles, s’enrichissant mutuellement pour le plus grand bonheur des locutrices et des locuteurs.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Climat : Les trois éléments à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone

Climat : Les trois méthodes à prendre en compte pour calculer l’empreinte carbone 

 

  • Christian de Perthuis, Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSL,  explique qu’il faut prendre en compte la production nationale, la consommation mais aussi l’empreinte extérieure.

 

 

Pour chaque pays, il existe trois façons de mesurer les rejets de gaz à effet de serre : l’empreinte territoriale calcule les rejets de gaz à effet de serre à l’intérieur des frontières d’un pays ; l’empreinte de consommation, ceux résultant des usages finaux de biens et services ; et l’empreinte d’extraction, ceux issus de l’énergie fossile extraite du pays. Ces trois empreintes ne s’additionnent pas. Elles constituent trois thermomètres bien distincts, donnant des images complémentaires : d’après les dernières estimations portant sur l’année 2019, l’empreinte territoriale de la France était, tous gaz à effet de serre confondus, de 6.5 tonnes de CO2eq par habitant, pour une empreinte de consommation de 9 tonnes et une empreinte d’extraction de 0,03 tonne.

A l’amont de la COP de Glasgow, ces trois thermomètres ont été remis à jour. Leur examen permet de mieux comprendre la difficulté de rehausser l’ambition des contributions nationales des différents pays en matière de réduction des émissions.

L’empreinte territoriale

Le thermomètre communément utilisé pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre d’un pays est l’inventaire national, réalisé en France par le Centre interprofessionnel technique de la pollution atmosphérique (Citepa). Lors des COP, c’est lui qu’on utilise pour négocier les engagements des différents pays et qu’on retrouve dans les « contributions nationales déterminées » déposées auprès des Nations unies. Chaque Etat est souverain sur son territoire et donc directement responsable de son empreinte territoriale. Un système de « monitoring, reporting, verification » (MRV) qui devrait être renforcé dans le cadre de l’application de l’accord de Paris permet leur suivi.

Ces inventaires sont calculés à partir de méthodes harmonisées par le GIEC. La partie la plus robuste est celle concernant le CO2 d’origine énergétique ou résultant de procédés industriels. Les marges d’incertitude sont bien plus élevées pour les émissions et les absorptions liées aux changements d’usage des sols et aux rejets de gaz à effet de serre hors CO2 dont l’agriculture est la première source. Il reste beaucoup de progrès à faire pour fiabiliser et standardiser les méthodes de calcul de cette partie des inventaires.

La récente édition du Global Carbon Budget donne une image complète de ces empreintes territoriales pour le CO2 jusqu’en 2020. Cette année-là, les rejets de CO2 dans l’atmosphère résultant de l’usage d’énergie fossile et de procédés industriels ont atteint 34,8 gigatonnes de CO2, soit 4,5 tonnes par habitant : ce qu’on émet en produisant 3 tonnes d’acier ou en roulant 20.000 km dans une voiture de moyenne gamme. En 2021, les émissions mondiales devraient remonter à 36,4 Gt, pratiquement le niveau prévalant en 2019, avant le déclenchement de la pandémie du Covid.

Les quatre premiers émetteurs – Chine, Etats-Unis, Union européenne, Inde – contribuent pour 60% à ces rejets. Les émissions sont en recul en Europe et aux Etats-Unis. En Chine, elles sont reparties en hausse depuis 2018 après s’être stabilisées au début de la décennie 2010. Elles sont en accélération en Inde qui est sur le point de dépasser les émissions de l’Union européenne. Le « reste du monde » demeure le premier émetteur mondial de CO2. Les émissions y augmentent rapidement dans les pays producteurs et exportateurs d’énergie fossile, dans les pays moins avancés qui parviennent à décoller et, avant la crise du Covid-19, dans les transports internationaux.

Hausse des émissions dans les pays émergents, recul dans les pays industrialisés. Ne s’agirait-il pas d’un phénomène de vases communicants, les émissions économisées dans les pays riches étant simplement transférées dans les autres pays via les délocalisations et le commerce international? Pour répondre à la question, il convient d’examiner l’empreinte de consommation, notre deuxième thermomètre.

L’empreinte de consommation

Avec la globalisation des économies, les chaînes de valeur se sont allongées. Ceci a pour effet de dissocier le lieu où sont utilisés les biens et services de celui où apparaissent les émissions : si le véhicule que j’achète est d’origine étrangère, les émissions associées à sa fabrication apparaîtront dans l’inventaire du pays d’origine. S’il est monté en Europe à partir de tôles importées, les émissions se partageront entre pays d’origine pour la fabrication des tôles et le pays européen où se trouve l’usine de montage.

L’empreinte de consommation recense les émissions résultant de l’usage des biens et services dans une économie. Pour la calculer, il convient de corriger les émissions observées sur le territoire des effets du commerce extérieur : celles incluses dans les importations doivent être ajoutées ; celles incluses dans les exportations doivent être retranchées.

Au niveau micro-économique, l’empreinte de consommation se calcule à partir des bases de données comme celle de l’Ademe qui fournit les facteurs d’émission de l’ensemble des biens et services consommés. Les méthodes pour reconstituer l’empreinte carbone d’un ménage ou d’une organisation sont standardisées et permettent l’établissement de bilans carbone.

Ces bilans ne peuvent pas s’agréger, car cela conduirait à compter plusieurs fois les mêmes émissions. Pour passer à l’échelle macro-économique, les méthodologies sont plus compliquées. On utilise des matrices entrées-sorties issues de la comptabilité nationale, avec des coefficients techniques moyens par secteur réestimés à intervalles périodiques. Avec l’accélération de la transition énergétique, les hypothèses de fixité de ces coefficients techniques sont hardies, surtout quand il s’agit de se projeter dans l’avenir.

Deux bases de données permettent de comparer l’empreinte territoriale des pays avec leur empreinte de consommation pour le CO2 d’origine énergétique : celle de l’OCDE et celle du Global Carbon Budget qui a été utilisée pour construire le graphique figurant le niveau de l’empreinte de Consommation en 2019 (abscisse) et son évolution depuis 2005 (ordonnée). A noter que les données n’intègrent pas les émissions de CO2 résultant de l’usage des sols, notamment celles résultant des échanges de produit ayant un impact sur la déforestation tropicale.

Sans surprise, l’empreinte de consommation des pays émergents du G20 est généralement plus faible que leurs émissions territoriales. Ces pays exportent plus d’émission de CO2 qu’ils n’en importent via le commerce international. C’est le cas de l’Inde, de la Russie, de l’Afrique du Sud et surtout de la Chine, de loin le premier exportateur mondial d’émissions de CO2 incorporées dans les biens manufacturés. Symétriquement, l’Union européenne est le premier importateur net d’émissions de CO2, avec une empreinte de consommation qui dépasse de 18% les émissions de son territoire (16% au Japon et 6% aux Etats-Unis).

Depuis 2005, l’empreinte de consommation augmente cependant dans tous les pays émergents du G20, exception faite de l’Afrique du Sud et du Mexique. La hausse est particulièrement marquée en Chine où l’empreinte de consommation a progressé de plus de 80%, soit nettement plus que les émissions territoriales. Cela reflète la stratégie de réorientation de l’économie sur le marché intérieur afin de satisfaire une demande domestique très dynamique.

Symétriquement, l’empreinte de consommation a baissé dans l’ensemble des pays industrialisés membres du G20. Elle a été particulièrement marquée dans l’Union européenne et aux États-Unis. En France, l’empreinte de chaque habitant a été réduite de 27% sur la période, soit pratiquement au même rythme que les émissions territoriales par tête (29%).

Le constat d’ensemble se dégageant du tableau est clair : depuis 2005, le commerce international ne semble pas avoir joué le rôle de vases communicants entre pays riches et pays émergents pour les émissions de CO2 hors usage des terres. Le dynamisme des émissions dans les pays émergents a reposé sur celui de leur demande domestique. L’enjeu primordial de la transition bas carbone y sera de la satisfaire demain en réduisant leurs émissions. Dans les pays riches, les réductions des émissions territoriales se sont traduites par des baisses de l’empreinte de consommation.

L’empreinte d’extraction

Tout à l’amont des chaînes de valeur, l’empreinte carbone d’extraction constitue le miroir de l’empreinte de consommation. Elle calcule les émissions de CO2 qui résulteront de l’extraction des énergies fossiles, que ces énergies soient utilisées dans les pays exploitant les gisements ou à l’étranger. Techniquement, l’empreinte carbone des producteurs d’énergies fossiles est plus facile à calculer que l’empreinte de consommation, car il n’y a que trois produits à considérer dont les facteurs d’émission sont bien connus : le charbon, le pétrole et le gaz d’origine fossile.

Dans son rapport « Production Gap », le programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a calculé l’empreinte carbone de production pour l’année 2019. Avec ce troisième thermomètre, se dessine une nouvelle cartographie des émissions mondiales de CO2. Deux nouveaux venus figurent dans le top-6 des émetteurs de CO2 : l’Arabie saoudite et l’Australie, pays moyennement peuplés, mais gros exportateurs d’énergie fossile. L’Europe et le Japon disparaissent de la liste des principaux émetteurs, car ils importent la plus grande partie de leur énergie fossile.

En Europe de l’Ouest, le pays à l’empreinte d’extraction la plus élevée est la Norvège, devenue le troisième exportateur mondial de gaz naturel. Le Royaume-Uni, qui fut le premier producteur mondial d’énergie fossile, pointe à la 23e place. Quant à la France, son empreinte d’extraction est devenue symbolique à la suite de la fermeture des houillères et de l’épuisement du gisement de gaz de Lacq.

Dans son rapport sur l’empreinte d’extraction, l’UNEP pointe du doigt l’enjeu de la sortie des énergies fossiles. Les pays exportateurs d’énergie fossile peuvent en effet baisser leurs émissions territoriales tout en alimentant la hausse des émissions à l’extérieur de leurs frontières via ces exportations.

Il convient donc de s’assurer que l’évolution des empreintes d’extraction est compatible avec les trajectoires conduisant à limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C. Cette discussion a été amorcée à la COP26 récemment tenue à Glasgow. Elle n’est pas prête de s’achever. Il subsiste un écart béant entre, d’un côté les objectifs déclarés sur le climat d’un côté, et de l’autre les plans de production et d’exportation d’énergie fossile.

La complémentarité des trois thermomètres

Pour guider les politiques climatiques, les inventaires nationaux rapportant l’ensemble des émissions territoriales de chaque pays restent l’outil pivot. Avec le « cadre de transparence renforcé » de l’Accord de Paris (article 13), les différents pays seront soumis en la matière à des exigences accrues à partir de 2024. C’est un volet important de la négociation climatique, aux dimensions géopolitiques généralement sous-estimées. Mais l’inventaire national ne dit pas tout des émissions d’un pays. Il convient de le compléter avec les deux autres thermomètres.

L’empreinte de production est d’une grande utilité pour guider l’action climatique de la vingtaine de producteurs et/ou exportateurs d’énergie fossile comptant pour plus de 80 % des émissions mondiales. Ce sont également les pays qui auront à opérer les reconversions du tissu économique et social les plus complexes vu leur degré de dépendance aux fossiles.

Dans les pays d’Europe de l’Ouest, l’empreinte de consommation apporte un éclairage précieux. Elle permet de surveiller les risques de « fuites de carbone » qui pourraient résulter de l’accélération des actions de réduction des émissions territoriales. Pour parer à tous risques, la Commission européenne travaille sur deux instruments importants : un mécanisme à la frontière mettant sur un pied d’égalité les producteurs européens qui payent les quotas de CO2 et les importateurs qui en sont exonérés ; un renforcement de la régulation sur la déforestation importée.

En France, la question de l’utilisation de l’empreinte de consommation a fait l’objet d’un rapport très complet du Haut Conseil pour le climat (HCC). Ce rapport fournit une masse d’information très précieuse pour la conduite de l’action climatique. Il se base malheureusement sur des données qui ont fait l’objet de révisions conséquentes. Il serait judicieux de revisiter ses conclusions à la lumière des informations plus récentes aujourd’hui disponibles grâce au travail conduit depuis sa publication par la statistique publique.

L’une des conclusions parfois tirées du rapport du HCC serait de substituer l’empreinte de consommation aux données de l’inventaire pour mieux guider la politique climatique. Sans aucun doute, l’empreinte climatique des Français reste bien trop élevée. Sa baisse depuis 2005 est beaucoup trop lente. Mais quand une transition n’est pas assez rapide, c’est rarement en changeant de thermomètre qu’on peut l’accélérer!

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Plongeon des marchés : à cause du virus omicron ou de la consolidation imposée par la spéculation ?

 Plongeon des marchés : à cause du virus omicron ou de la consolidation imposée par la spéculation ?

 

Les marchés actions européens ont largement plongé dans le rouge ce vendredi, avec notamment un indice parisien CAC 40 qui termine en recul de près de 5 %. Wall Street a également suivi le mouvement avec un indice Dow Jones en retrait de 2,5% en fin d’après-midi et de près de 4% pour le Nasdaq, qui regroupe les valeurs des entreprises technologiques.

 

Nombre d’experts attribuent cette baisse au risque potentiel du nouveau virus omicron découvert en Afrique du Sud et qui serait beaucoup plus virulent que le virus Delta.

La situation sanitaire potentielle constitue un élément qui doit être pris en compte compte tenu de sa possible influence sur le tassement de la croissance.

 

Ceci étant, beaucoup s’attendaient à une consolidation avant la fin de l’année du fait de l’emballement des marchés soutenus par la spéculation tout autant que par la politique accommodante des banques centrales.En France, les indices boursiers ont progressé de l’ordre de 20 % environ jusqu’à maintenant. Une hausse évidemment complètement déconnectée des évolutions économiques et des résultats financiers. En effet la croissance globale va se situer entre 6 et 7 % pour le PIB mais ne constitue en réalité qu’un rattrapage sur 2020 qui a perdue une 8 % de croissance.

La correction va nécessairement intervenir et ceux prolongeaient afin d’aligner les indices sur des réalités économiques et financières plus réalistes. Par ailleurs les banques centrales seront bien contraintes un jour ou un autre non seulement de réduire le volume de rachat d’actifs mais aussi d’intégrer l’inflation dans la gestion des taux d’intérêt.

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