Arrêtons d’opposer énergies renouvelables et nucléaire

Arrêtons  d’opposer énergies renouvelables et nucléaire

 

« La crise de l’énergie française de 2021 ne provient pas d’une menace extérieure, comme celle de 1973, ni, comme l’affirme votre tribune, de « la conjoncture économique et géopolitique », mais de l’incurie des responsables de ce secteur depuis vingt ans », estime Jacques Peter en réaction à une tribune de l’historien Jean-Baptiste Fressoz.

 

Lecteur abonné au Monde depuis soixante ans, je suis étonné par les conclusions de la tribune de Jean-Baptiste Fressoz intitulée « La « crise énergétique », une invention atomique » (Le Monde du 4 novembre) et titrée « « Crise énergétique » et relance du nucléaire : un air de déjà-vu » sur Le Monde.fr. Lecteur engagé avec des amis dans des associations écologistes, désolé que les résultats obtenus par la France dans la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre dus à l’énergie soient décevants [...].

Selon l’analyse de Jean-Baptiste Fressoz, les porteurs des intérêts du nucléaire seraient machiavéliques au point de se féliciter des crises énergétiques afin de bousculer les décisions en leur faveur. L’historien rappelle qu’effectivement, la crise des années 1970 avait été profitable au nucléaire. Avec la crise de 2021, le nucléaire tiendrait-il sa revanche sur trente années de persécutions ?

Rappelons que l’objectif du pays, en 1973, était de réduire une dépendance au pétrole en lançant le programme nucléaire. La menace n’évoquait pas alors le climat, mais provenait du sursaut de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), le détonateur politique étant le conflit israélo-palestinien. Toute autre est la conjoncture énergétique de 2021 : la demande de pays gourmands comme la Chine et l’Inde explose et place la planète en manque de charbon, mais n’est qu’une cause très seconde du désastre français.

Pour la France, le dernier rapport de RTE (Réseau de transport d’électricité), chargé par le gouvernement de faire la synthèse de très nombreuses études et consultations, conclut que d’ici 2050, la France ne pourrait satisfaire qu’une augmentation de sa consommation d’électricité de 35 %. Et ce alors que la plupart des meilleurs observateurs estiment qu’une réelle efficacité de notre politique climatique exigerait une croissance beaucoup plus forte, de l’ordre de 70 à 100%, afin d’électrifier le transport et le bâti tout en faisant revenir en France des industries intensives et que le pays cesse d’importer batteries, panneaux solaires ou encore aluminium ou magnésium aujourd’hui fabriqués majoritairement à partir d’électricité chinoise produite par des centrales au charbon.

Pourquoi nos industriels de l’énergie ont-ils déçu nos espoirs en s’estimant avec réalisme incapables de produire plus ? RTE confirme que le scénario économiquement le plus performant, permettant d’obtenir une électricité très majoritairement décarbonée, comprend 50 % de nucléaire, scénario jugé également comme posant le moins de problèmes technologiques, pour les développements des réseaux ainsi que l’encombrement des sols par RTE.

Bref, pourquoi notre pays se découvre-t-il menacé par une crise électrique, craignant même de ne pas pouvoir passer les hivers prochains sans coupures, selon les dernières analyses de RTE ? Ces constats décrivent bien ce qu’il faut appeler une crise énergétique française. Qui a piloté depuis 2000 – et surtout ces quinze dernières années – le système énergétique français ? Plus le ministère de l’économie, mais celui de l’écologie, qui a placé aux postes de pouvoirs, tant dans l’administration que dans les organismes et sociétés énergétiques, des personnes formatées par des associations et mouvances antinucléaires.

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